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Pour améliorer la prise en charge des patients, il est donc crucial de réussir à détecter les tous premiers signes évocateurs de la neuro-dégénérescence qui caractérise cette pathologie. C'est l'objectif ambitieux que des chercheurs américains et espagnols du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) se sont fixés en mettant au point un clavier d'ordinateur, de tablette ou de smartphone, qui serait capable de repérer ces signes avant-coureurs. Pourquoi un clavier ? Parce que, mieux que quiconque, il connaît nos doigts, nos mains, leurs mouvements et il sait mesurer très précisément la pression exercée par les doigts sur chaque touche. Or, la façon qu'a un utilisateur d'appuyer sur les touches de son clavier en dit long sur son état de fatigue ou ses capacités motrices. Partant de ce constat, les chercheurs du MIT ont doté leur clavier d'un algorithme qui détecte les premières modifications, imperceptibles à l'oeil nu, dans la gestuelle de ses utilisateurs. Il identifie d'abord les schémas de frappe au clavier, puis les éventuelles microfluctuations, annonciatrices d'une détérioration des capacités motrices et décelables grâce au niveau et à la durée de pression exercée sur les touches. Dans un premier temps, le clavier a été testé sur 14 volontaires sains pour évaluer l'impact de la fatigue sur les schémas de frappe. Un premier groupe a ainsi utilisé l'outil de jour, tandis que le second s'en est servi de nuit, après plusieurs heures de privation de sommeil. Les résultats ont effectivement montré l'hypersensibilité du clavier. Une deuxième expérience menée avec 21 personnes atteintes de Parkinson et 15 sujets sains a révélé que l'algorithme est capable de distinguer les unes des autres, via les schémas de frappe. Aussi encourageants soient-ils, ces premiers résultats ne sont encore qu'un premier pas car les participants au test, atteints de Parkinson, étaient déjà diagnostiqués et présentaient donc des troubles des fonctions motrices manifestes. L'objectif étant de pouvoir détecter des signes très discrets, d'autres études sont dès lors nécessaires. Reste aussi à affiner l'algorithme afin qu'il soit assez précis pour distinguer entre la maladie de Parkinson et d'autres pathologies comme l'arthrose ou tout simplement la fatigue. Si les chercheurs y parviennent, de précieuses années pourraient être gagnées par les malades.