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La honte constitue " le premier et principal frein à l'accès aux soins des personnes atteintes de boulimie et de boulimie hyperphagique ", estime la HAS. Les personnes qui souffrent de ces troubles du comportement alimentaire (TCA) se sentent en général coupables des symptômes associés, et en particulier de leurs compulsions alimentaires.Touchés par des crises boulimiques durant lesquelles ils ingèrent de grandes quantités de nourriture en un temps restreint, les patients " osent peu parler de leurs crises dont ils se sentent responsables. " " Leur culpabilité est renforcée par les reproches de " laisser aller " et de manque de volonté qui leurs sont adressées ", constate l'autorité publique. Autant d'éléments qui peuvent empêcher les personnes touchées par ces TCA de parler de leurs symptômes.La boulimie est caractérisée par des crises de boulimie, associées à des comportements compensatoires pour éviter une prise de poids, comme les vomissements, la prise de laxatifs ou un exercice physique excessif. Les personnes souffrant de boulimie présentent ainsi souvent un IMC normal.La boulimie hyperphagique se caractérise par des crises de boulimie mais à l'inverse de la boulimie, elle n'est pas associée à des comportements compensatoires.La boulimie et l'hyperphagie boulimique se manifestent généralement à l'adolescence et au début de l'âge adulte. Il existe des profils à risques : les jeunes femmes, les personnes en situation d'insuffisance pondérale ou d'obésité et présentant des antécédents familiaux de TCA, les mannequins, et les personnes pratiquant des disciplines sportives nécessitant le contrôle du poids. " Un repérage ciblé doit être réalisé chez ces groupes à risques ", recommande la HAS. Un repérage jugé encore trop " insuffisant " par l'autorité française. " Tout acteur du système de soin est à même d'effectuer ce repérage. Les éducateurs, professeurs de sport, personnel scolaire, parents, peuvent aussi participer au repérage. "Des variations pondérales rapides sans cause organique retrouvée, pathologies telles que le diabète de type 1 ou 2, vomissements répétés inexpliqués, une faiblesse musculaire, sont autant d'affections somatiques liées à la boulimie et à l'hyperphagie boulimique qui peuvent aider le médecin au diagnostic lorsqu'il ausculte un patient.Une hypotension et des palpitations peuvent également se manifester chez les personnes concernées par ces TCA. Elles peuvent aussi être touchées par des reflux gastro-oesophagiens, gastrites, douleurs abdominales et troubles du transit, et au niveau des reins, par une insuffisance rénale. Au niveau des organes génitaux, les personnes concernées par ces TCA peuvent développer une aménorrhée, un syndrome polykystique et des troubles ovulatoires. Enfin, des vomissements répétés peuvent impacter la sphère bucco-dentaire en entraînant une érosion de l'émail et le développement de caries.L'état psychologique n'est pas à négliger pour le repérage des personnes souffrant de boulimie et d'hyperphagie boulimique : ces TCA peuvent notamment se manifester par des tentatives de suicide, automutilations, addictions, troubles anxieux, troubles de l'humeur, de la personnalité, et déficit de l'attention.Une fois le diagnostic de boulimie ou d'hyperphagie boulimique évoqué, la HAS recommande au professionnel de la santé de reprendre avec le patient l'histoire des troubles et de rechercher l'existence d'antécédents de surpoids, d'agression, et d'antécédents familiaux psychiatriques et relatifs aux TCA. Ces sujets doivent être abordés avec " précaution, empathie et bienveillance " insiste l'autorité de santé, " si besoin en plusieurs fois, et en ayant à l'esprit la difficulté des patients à parler de ce type de troubles ".Un examen physique global doit également être effectué de manière " aussi complète que possible ", auquel doit être inclus " un examen dentaire et gynécologique ". L'état psychologique du patient doit aussi être étudié. Il s'agit de rechercher notamment la présence d'antécédents d'idées suicidaires, de symptômes de troubles de l'humeur et anxieux. La HAS insiste également sur la recherche de symptômes schizophréniques chez tous les patients de sexe masculin.L'expression clinique de la boulimie nerveuse et de l'hyperphagie boulimique étant multidimensionnelle, il est impératif selon la HAS que la prise en charge fasse intervenir des champs disciplinaires complémentaires (somatique, psychiatrique, nutritionnel et social) " dont les interventions doivent être coordonnées ".L'autorité de santé prévient que le traitement aux psychotropes " ne constitue pas à lui seul le traitement des troubles ". Le topiramate, un médicament utilisé pour le traitement des compulsions alimentaires, ne devrait, selon elle, " être prescrit qu'après avis d'un centre spécialisé dans la prise en charge des TCA ". Les thérapies basées sur la pleine conscience, l'art-thérapie et la médiation corporelle et psychocorporelle constituent des approches complémentaires jugées utiles par la HAS pour le traitement de la boulimie et de l'hyperphagie boulimique, même si leur " efficacité n'est pas établie ".Les recommandations formulées par l'autorité de santé ne concernent pas que les professionnels de la santé. La HAS appelle les autorités publiques à développer des campagnes d'informations sur les dangers des régimes, l'éducation contre l'incitation des médias à la minceur extrême, et pour faire connaître ces troubles des conduites alimentaires. Elle invite également les autorités à lutter contre la stigmatisation des TCA, " en expliquant qu'il s'agit de maladies ", et former de manière plus poussée au repérage et prise en charge des TCA.