C'est l'instant suspendu où tout se joue. On a réuni tout le monde pour la photo, et on attend le déclic qui figera l'instant pour de longues années. Il ne faut pas rater ce moment.
Le consensus favorable qui se dessine autour de l'ambitieux projet de rénovation des soins de première ligne lancé par le ministre Frank Vandenbroucke constitue à la fois une opportunité et un risque : comment imaginer de nouveaux modes de fonctionnement pour la pratique de la médecine générale sans la cliver ? Le moment paraît idéal pour insuffler à l'ensemble d'une ligne de soins une dynamique bénéfique pour tous, les adhérents au New Deal comme les nombreux autres prestataires qui ne le rejoindraient pas pour de multiples bonnes raisons. Le défi paraît possible moyennant un zeste de créativité.
Maisons médicales, la barrière invisible du forfait en cas de consultation extérieure
La création du réseau des Maisons médicales, il y a un demi-siècle, initiative généreuse qui a repensé l'accès aux soins et la prise en charge globale de la santé, constitue sans aucun doute une excellente source de réflexion sur ce qui peut dynamiser une profession, mais aussi la fragmenter. Alors que nul n'en a jamais mis en cause les éléments positifs, comment expliquer la résistance sourde de bon nombre de médecins généralistes à une implantation dans leur quartier ?
L'image, volontiers caricaturale et entretenue, de patientèles captives inscrites par un contrat, bénéficiant de la gratuité des soins moyennant la fréquentation d'un seul bocage, ainsi que le remboursement tracassier de frais médicaux prestés en dehors du forfait, a entretenu l'image d'une médecine à part dans laquelle le patient entrait comme on pénètre en religion. Image abusive évidemment, persistante malgré l'indéniable qualité de soins reconnue à ces pratiques, collant à la peau des infortunés affiliés lorsqu'il leur arrive par nécessité de pousser la porte d'un cabinet ou d'une pratique de groupe rémunérés à l'acte. Dès la création de leur fiche, lorsqu'apparaît la mention administrative " inscrit en maison médicale ", le médecin extérieur soupire que " les ennuis commencent ". Sentiment paradoxal pour le médecin enseignant que je fus, ce mode de pratique ayant été promu dans nos cours sans aucune réserve pendant de longues années, et alors que mes propres enfants en bénéficient à leur plus grande satisfaction.
Adhérer sans contrainte
Comment mettre à profit cette expérience pour imaginer une cohabitation simplifiée des divers modes de financement ? La contrainte et la discrimination sont néfastes pour le patient et minent une saine collaboration entre réseaux. Le risque que le New Deal crée un troisième mode de remboursement en cas de consultation extérieure est réel, et doit être à tout prix évité. L'exemple des pharmacies, auprès desquelles le patient se fournit en toute liberté quel que soit leur mode de fonctionnement, bénéficiant d'un remboursement similaire, devrait nous inspirer. La récente législation imposant le tiers payant simplifié pour les patients BIM démontre qu'une modification systémique des modes de rémunération est possible rapidement et sans révolution. Tout médecin examinant un patient, que ce dernier soit affilié ou non à une pratique au forfait en maison médicale, inscrit ou non dans un cabinet New Deal, devrait pouvoir à l'avenir introduire un code de remboursement similaire à celui de ses autres patients, sans différenciation ni contrainte administrative. Un patient est un patient.
Réinventer de nouvelles collaborations
Cela paraît anodin, ce ne l'est guère. L'exemple de la collaboration souvent idéale entre les consultations de nourrissons de l'ONE et la médecine générale dans les quartiers déshabités par des pédiatres peut servir d'exemple. On collabore volontiers avec un système ouvert, non contraignant, non pénalisant et exempt de tracasseries administratives, offrant des services complémentaires. Les infrastructures médicales intégrées de qualité, multidisciplinaires, proposées par les maisons médicales et les futures pratiques New Deal, sont appelées à se substituer dans l'avenir aux structures plus traditionnelles des pratiques actuelles sans rivalités inutiles. Accroître la possibilité du patient à consulter occasionnellement et en toute liberté un médecin extérieur, disponible au bon moment, pour une pathologie spécifique ou pour un dépannage, sans avoir à se justifier ni se voir pénalisé, ne peut que bénéficier au service rendu par la première ligne, et l'unifier. Il y a là une opportunité à saisir.
Le consensus favorable qui se dessine autour de l'ambitieux projet de rénovation des soins de première ligne lancé par le ministre Frank Vandenbroucke constitue à la fois une opportunité et un risque : comment imaginer de nouveaux modes de fonctionnement pour la pratique de la médecine générale sans la cliver ? Le moment paraît idéal pour insuffler à l'ensemble d'une ligne de soins une dynamique bénéfique pour tous, les adhérents au New Deal comme les nombreux autres prestataires qui ne le rejoindraient pas pour de multiples bonnes raisons. Le défi paraît possible moyennant un zeste de créativité.La création du réseau des Maisons médicales, il y a un demi-siècle, initiative généreuse qui a repensé l'accès aux soins et la prise en charge globale de la santé, constitue sans aucun doute une excellente source de réflexion sur ce qui peut dynamiser une profession, mais aussi la fragmenter. Alors que nul n'en a jamais mis en cause les éléments positifs, comment expliquer la résistance sourde de bon nombre de médecins généralistes à une implantation dans leur quartier ?L'image, volontiers caricaturale et entretenue, de patientèles captives inscrites par un contrat, bénéficiant de la gratuité des soins moyennant la fréquentation d'un seul bocage, ainsi que le remboursement tracassier de frais médicaux prestés en dehors du forfait, a entretenu l'image d'une médecine à part dans laquelle le patient entrait comme on pénètre en religion. Image abusive évidemment, persistante malgré l'indéniable qualité de soins reconnue à ces pratiques, collant à la peau des infortunés affiliés lorsqu'il leur arrive par nécessité de pousser la porte d'un cabinet ou d'une pratique de groupe rémunérés à l'acte. Dès la création de leur fiche, lorsqu'apparaît la mention administrative " inscrit en maison médicale ", le médecin extérieur soupire que " les ennuis commencent ". Sentiment paradoxal pour le médecin enseignant que je fus, ce mode de pratique ayant été promu dans nos cours sans aucune réserve pendant de longues années, et alors que mes propres enfants en bénéficient à leur plus grande satisfaction.Comment mettre à profit cette expérience pour imaginer une cohabitation simplifiée des divers modes de financement ? La contrainte et la discrimination sont néfastes pour le patient et minent une saine collaboration entre réseaux. Le risque que le New Deal crée un troisième mode de remboursement en cas de consultation extérieure est réel, et doit être à tout prix évité. L'exemple des pharmacies, auprès desquelles le patient se fournit en toute liberté quel que soit leur mode de fonctionnement, bénéficiant d'un remboursement similaire, devrait nous inspirer. La récente législation imposant le tiers payant simplifié pour les patients BIM démontre qu'une modification systémique des modes de rémunération est possible rapidement et sans révolution. Tout médecin examinant un patient, que ce dernier soit affilié ou non à une pratique au forfait en maison médicale, inscrit ou non dans un cabinet New Deal, devrait pouvoir à l'avenir introduire un code de remboursement similaire à celui de ses autres patients, sans différenciation ni contrainte administrative. Un patient est un patient. Cela paraît anodin, ce ne l'est guère. L'exemple de la collaboration souvent idéale entre les consultations de nourrissons de l'ONE et la médecine générale dans les quartiers déshabités par des pédiatres peut servir d'exemple. On collabore volontiers avec un système ouvert, non contraignant, non pénalisant et exempt de tracasseries administratives, offrant des services complémentaires. Les infrastructures médicales intégrées de qualité, multidisciplinaires, proposées par les maisons médicales et les futures pratiques New Deal, sont appelées à se substituer dans l'avenir aux structures plus traditionnelles des pratiques actuelles sans rivalités inutiles. Accroître la possibilité du patient à consulter occasionnellement et en toute liberté un médecin extérieur, disponible au bon moment, pour une pathologie spécifique ou pour un dépannage, sans avoir à se justifier ni se voir pénalisé, ne peut que bénéficier au service rendu par la première ligne, et l'unifier. Il y a là une opportunité à saisir.