La bourgmestre PS a longuement expliqué les efforts fournis par sa commune pour faire face à la pandémie. "Dès le début, en tant que médecin, j'ai su que ce serait très difficile", a-t-elle souligné, évoquant des facteurs comme le taux de pauvreté, la densité urbaine, le niveau de chômage ou encore l'exiguïté de nombreux logements.
Une plateforme de solidarité a été créée lors de la première vague afin de rester à l'écoute de la population et de ses besoins. Les initiatives de terrain ont suivi: aide aux personnes isolées, atelier de fabrication de masques, suivi des élèves, soutien aux maisons de repos, mise en place d'un centre de test malgré les réticences, aménagement d'un hall funéraire pour éviter les rassemblements chez des particuliers, etc. Et quand la campagne de vaccination a commencé, outre le centre de test de la commune, des initiatives de vaccination de proximité ont été lancées, en particulier lors du marché du jeudi.
La pédagogie a aussi été nécessaire. "Avec la troisième vague, on a vu une perte de confiance de la population", a indiqué Mme Moureaux. La longueur de la crise a fatigué les citoyens autant que les nombreuses règles et leur évolution. Les consignes pour les masques, d'abord déconseillés et puis obligatoires, ont achevé de désorienter les gens.
"Cela encourage certaines personnes à croire qu'il y a un lobby de décideurs contre la population. Ce sentiment est aussi nourri par les réseaux sociaux. On a une deuxième opinion publique qui s'est créée avec des fake news et qui ne s'informe que par les réseaux sociaux", a averti Mme Moureaux.
Le phénomène explique en partie pourquoi une part de la population à Molenbeek ne s'est pas encore vaccinée alors que, par ailleurs, dans la population âgée, la vaccination atteint un taux de 75%. Les conséquences sanitaires chez les non vaccinés -décès, longues maladies, séquelles- pourraient inciter certains d'entre eux à changer d'avis, pense la bourgmestre qui attend aussi de voir comment la vaccination des plus jeunes va se dérouler.
"Notre devoir est de faire en sorte de fournir l'information, de la faire circuler. Je pense qu'il sera peut-être nécessaire de passer par l'obligation vaccinale mais c'est encore un peu tôt, il faut pour le moment laisser sa chance à la pédagogie et au bouche-à-oreille", a souligné Mme Moureaux.
"L'obligation n'est pas sur la table pour le moment. Il faut faire attention aussi à ne pas éloigner des gens de la vaccination avec ce genre de mesures. En conférence interministérielle, nous consultons des spécialistes et essayons à chaque fois de trouver le meilleur moyen de progresser", a expliqué M. Maron.
Le ministre fédéral de la Santé suit cette ligne. "Il faut d'abord convaincre, être transparent, ne rien cacher, informer sur les avantages de la vaccination et les effets secondaires, et persévérer. Il faut travailler sur la conviction et non l'obligation" a dit M. Vandenbroucke.
Belga
Premiers résultats de l'enquête sur l'hésitation vaccinale en province de Namur
La Garde médicale namuroise et l'Université de Namur (UNamur) ont présenté mardi les premiers résultats d'une enquête sur l'hésitation vaccinale en province de Namur.
L'étude a été menée au centre de vaccination de Namur Expo, dans les salles d'attente des médecins généralistes et via les réseaux sociaux. Quelque 3.700 personnes ont répondu aux 84 questions, les résultats préliminaires présentés mardi se concentrant sur les personnes qui hésitaient à se faire vacciner mais qui ont finalement passé le cap.
Première constatation, le manque de recul, la crainte des effets et la peur de la nouveauté sont les principaux freins à la vaccination, suivis par le manque d'information.
L'influence des médecins généralistes est jugée importante ou très importante à plus de 69%
Pas moins de 49,62% des "hésitants" désormais vaccinés disent avoir été influencés par leur médecin généraliste. Derrière, on trouve les proches (47,79%), les experts s'exprimant dans les médias (19,89%), la presse écrite (16,3%), le personnel paramédical comme les infirmiers ou les kinés (10,77%). A contrario, les réseaux sociaux n'auraient que peu d'influence sur la décision de se faire vacciner ou non (3,87% contre 4,70% pour les pharmaciens, à titre de comparaison).
Plus globalement, l'influence des médecins généralistes est jugée importante ou très importante à plus de 69%. Ces derniers apparaissent donc comme un levier déterminant.
"On voit que la façon de communiquer du médecin généraliste envers son patient a aussi une grande importance", a expliqué le docteur Dominique Henrion (Gamena). "Elle doit être modulée en fonction du profil socio-économique de la personne et de ses freins à la vaccination."
"On constate également que l'hésitation augmente à partir du moment où il faut se déplacer dans un centre de vaccination", a-t-il ajouté. "On peut donc en conclure que la vaccination dans les cabinets des médecins généralistes pourrait amener beaucoup d'hésitants à se faire vacciner."
Concernant les professionnels de la santé, l'enquête met en exergue une hésitation deux à trois fois plus importante chez les aides soignants et les infirmiers. "Comme l'a fait Emmanuel Macron en France, je pense donc que la Belgique doit légiférer pendant les vacances parlementaires pour rendre le vaccin obligatoire pour ces catégories de personnel soignant", a souligné à ce sujet Dominique Henrion. "Quand on soigne les autres, on doit les protéger."
Les motivations à se faire vacciner ont aussi été analysées en fonction de l'âge. Il apparaît que les 20-30 ans agissent plus pour protéger les autres, alors que leurs aînés pensent davantage à se protéger eux-mêmes et éviter la mort. Selon le sondage, les femmes seraient aussi plus hésitantes mais auraient davantage tendance à s'informer pour dépasser leurs craintes.
L'enquête va maintenant se poursuivre jusqu'à fin août afin de constituer un modèle décisionnel totalement fiable.