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"Si les intentions de départ de la ministre nous paraissent louables, de nombreuses questions se posent au sujet de la création de ces réseaux hospitaliers à Bruxelles et en Wallonie", commente Pierre Cools. Et de pointer l'écart entre le discours officiel de la ministre - pas d'impact budgétaire pour les hôpitaux durant 3 ans grâce à une garantie au niveau du budget des moyens financiers (BMF) - et la réalité : 92 millions d'économies déjà prévues en 2017 dans le BMF, 126 millions pour 2018 et 146 millions d'euros via la non-indexation de certains honoraires médicaux. Des économies à mettre en parallèle avec les résultats d'exploitation des hôpitaux généraux belges. " Pour l'ensemble de ces institutions, ils étaient seulement de 106 millions d'euros en 2016.""En outre, le timing de cette réforme est extrêmement contraignant, ajoute Pierre Cools. Les hôpitaux doivent annoncer leur déclaration d'intention pour le mois de septembre (lire Jdm N°2497) afin de pouvoir la faire approuver au début de l'année 2018. Si en Flandre, on voit déjà ce qui se dessine, c'est plus compliqué en régions bruxelloise et wallonne."Le secrétaire adjoint de l'Union nationale des mutualités socialistes a rappelé que le gouvernement Michel "a réduit la norme de croissance du budget des soins de santé à 0,5 % alors que, selon le Bureau du Plan, l'estimation des besoins s'élève à 2,2 % par an. Maggie De Block ne peut dès lors qu'aller de mesures d'économie en mesures d'économie, même si elle essaye de masquer la réalité. L'exercice budgétaire 2016 pour les soins de santé s'est clôturé, pour la première fois depuis des années, par un déficit. En 2017, le secteur de la santé doit réaliser 900 millions d'économies."Selon Pierre Cools, le secteur hospitalier va devoir licencier afin de pouvoir faire face aux mesures gouvernementales. "Pour équilibrer le budget d'un hôpital, il y a plusieurs moyens structurels : augmenter le volume des honoraires des médecins (et la part de rétrocession) et la quote-part du patient. Nous constatons déjà que les montants à charge des patients augmentent de plus en plus. Une autre solution est la réduction des coûts. Celle du personnel aura un impact sur la qualité des soins."Le dirigeant mutualiste s'est aussi exprimé sur l'impact de la création de réseaux hospitaliers sur les pratiques médicales. "En poussant des hôpitaux de différents réseaux (publics, confessionnels...) à collaborer, en mettant en place des conseils médicaux communs, comment évolueront les choix éthiques : pratique de l'IVG, accompagnement de la fin de vie des patients ? Sur le terrain, les approches sont très différentes dans les institutions."Yvan Mayeur, l'ancien bourgmestre de la Ville de Bruxelles, estime, lui aussi, que le contexte des réseaux hospitaliers est " positif et vertueux". "Les hôpitaux publics bruxellois sont en réseaux depuis 20 ans, travaillent de cette façon. Ce fonctionnement permet aux patients, indépendamment de la zone où ils se situent, de pouvoir bénéficier des meilleurs soins qui sont appliqués dans le réseau."L'ancien président de la faîtière des hôpitaux publics bruxellois considère que les hôpitaux Iris ont tous les critères pour répondre à la demande de Maggie De Block de créer des réseaux locorégionaux. "Nous sommes prêts avant même que la ministre ait déposé ses textes, mais son opération de remodelage du paysage hospitalier s'inspire de la carte hospitalière flamande. Il y a 6 millions de Flamands et 14 réseaux hospitaliers en Flandre, soit plus ou moins un réseau pour entre 400.000 et 500.000 habitants. Selon ce principe appliqué à Bruxelles, Maggie De Block avait décrété qu'il y faudrait deux réseaux. Or, il y a 1,2 million d'habitants à Bruxelles et nos hôpitaux (par exemple, l'hôpital des enfants) drainent aussi des patients non-bruxellois. La ministre est d'accord sur le principe d'avoir trois réseaux hospitaliers bruxellois, deux laïcs et un confessionnel. Il y a actuellement des discussions sur la structuration des deux réseaux laïcs composés du CHUB, des Hôpitaux Iris-Sud, du Chirec et d'Erasme en tenant compte des services de référence. De nombreuses questions se posent. Pour prendre un exemple simple, la néonatalité de haut niveau se trouve, par exemple, au CHU Saint-Pierre, et fonctionne avec la maternité du site d'Ixelles (HIS). Si le site Etterbeek-Ixelles (HIS) quitte le réseau public pour travailler avec le Chirec, ces transferts entre hôpitaux seront-ils encore possibles ? Or, disposer d'une néonatologie à Saint-Pierre est indispensable vu le public que nous y soignons."Yvan Mayeur s'inquiète du jeu politique mené par Maggie De Block, "fortement inspiré par la Flandre et la KUL". "Est-ce un bon modèle ? On doit pouvoir en discuter. Il y a certainement une place pour une autre approche, entre autres, via les investissements. C'est ce que nous voulons faire, par exemple, en créant le New Bordet sur le site d'Erasme."