S'il est impensable aujourd'hui de ne pas adapter une posologie au poids d'un patient, il paraît beaucoup moins évident de tenir compte de son sexe. Et pourtant, les différences physiologiques mâle/femelle sont nombreuses chez l'humain : à commencer par l'indice de masse grasse, qui est physiologiquement 30 % plus élevé chez les femmes. De plus, on observe aussi des différences dans le métabolisme hépatique, la fonction rénale et les enzymes gastriques. On a donc un impact direct du sexe sur la pharmacocinétique et la pharmacodynamique des médicaments.

Cobayes femelles

Quelle importance, me direz-vous, tant que ceux-ci ont bien été reconnus comme efficaces et sans danger pour tout le monde ? Et bien, c'est là que le bât blesse, ce n'est pas toujours le cas. En effet, ce n'est que depuis 1993 que la FDA (Food and Drug Administration) américaine impose une proportion minimale de femmes comme cobayes dans les études cliniques. Tous les médicaments élaborés aux Etats-Unis avant cette date ont donc été mis sur le marché en ayant été peu, voire pas du tout, testés sur des femmes.

Cette différence est due à plusieurs facteurs, dont l'un est qu'en 1977 la FDA avait quasiment interdit aux femmes en âge de porter des enfants de participer à des études cliniques, de peur que cela n'altère leur fertilité. Mais la difficulté vient surtout du côté des chercheurs euxmêmes, qui considèrent souvent le cycle menstruel féminin comme un facteur trop compliqué à prendre en compte dans l'analyse de leurs résultats. Ce problème s'étend au-delà des études humaines : il a fallu attendre 2014 pour qu'un ratio mâle/femelle soit imposé pour les études animales aux Etats-Unis, celui-ci n'étant pas programmé avant 2020 pour l'Europe où l'on observe encore 90 % de rats mâles dans les laboratoires de recherche.

Résultat : d'après l'association de consommateurs DrugWatch, les femmes ont deux fois plus de chances de développer des effets secondaires que les hommes lors d'une prise de médicaments.

Mécanisme de la douleur

En 2014, la FDA a dû recommander l'adaptation de la posologie du Zolpidem au sexe du patient, car son taux était deux fois supérieur chez les femmes que chez les hommes pour un même dosage par kilo.

Par ailleurs, en janvier de cette année, un article publié dans la revue Brain a mis en évidence des différences significatives dans le mécanisme de la douleur entre les hommes et les femmes. Plutôt que de se contenter d'adapter la posologie, il faudrait donc envisager de développer des médicaments complètement différents selon le sexe du patient !

D'une façon générale, une bonne thérapeutique s'attarde toujours sur les spécificités propres au patient qu'elle vise. Si les allergies, les défaillances organiques ou le poids sont des critères déjà largement inclus dans l'élaboration d'un traitement, il est étonnant que nous ayons mis si longtemps à prendre en compte une caractéristique aussi largement répandue que la féminité.

S'il est impensable aujourd'hui de ne pas adapter une posologie au poids d'un patient, il paraît beaucoup moins évident de tenir compte de son sexe. Et pourtant, les différences physiologiques mâle/femelle sont nombreuses chez l'humain : à commencer par l'indice de masse grasse, qui est physiologiquement 30 % plus élevé chez les femmes. De plus, on observe aussi des différences dans le métabolisme hépatique, la fonction rénale et les enzymes gastriques. On a donc un impact direct du sexe sur la pharmacocinétique et la pharmacodynamique des médicaments.Quelle importance, me direz-vous, tant que ceux-ci ont bien été reconnus comme efficaces et sans danger pour tout le monde ? Et bien, c'est là que le bât blesse, ce n'est pas toujours le cas. En effet, ce n'est que depuis 1993 que la FDA (Food and Drug Administration) américaine impose une proportion minimale de femmes comme cobayes dans les études cliniques. Tous les médicaments élaborés aux Etats-Unis avant cette date ont donc été mis sur le marché en ayant été peu, voire pas du tout, testés sur des femmes.Cette différence est due à plusieurs facteurs, dont l'un est qu'en 1977 la FDA avait quasiment interdit aux femmes en âge de porter des enfants de participer à des études cliniques, de peur que cela n'altère leur fertilité. Mais la difficulté vient surtout du côté des chercheurs euxmêmes, qui considèrent souvent le cycle menstruel féminin comme un facteur trop compliqué à prendre en compte dans l'analyse de leurs résultats. Ce problème s'étend au-delà des études humaines : il a fallu attendre 2014 pour qu'un ratio mâle/femelle soit imposé pour les études animales aux Etats-Unis, celui-ci n'étant pas programmé avant 2020 pour l'Europe où l'on observe encore 90 % de rats mâles dans les laboratoires de recherche.Résultat : d'après l'association de consommateurs DrugWatch, les femmes ont deux fois plus de chances de développer des effets secondaires que les hommes lors d'une prise de médicaments.En 2014, la FDA a dû recommander l'adaptation de la posologie du Zolpidem au sexe du patient, car son taux était deux fois supérieur chez les femmes que chez les hommes pour un même dosage par kilo.Par ailleurs, en janvier de cette année, un article publié dans la revue Brain a mis en évidence des différences significatives dans le mécanisme de la douleur entre les hommes et les femmes. Plutôt que de se contenter d'adapter la posologie, il faudrait donc envisager de développer des médicaments complètement différents selon le sexe du patient !D'une façon générale, une bonne thérapeutique s'attarde toujours sur les spécificités propres au patient qu'elle vise. Si les allergies, les défaillances organiques ou le poids sont des critères déjà largement inclus dans l'élaboration d'un traitement, il est étonnant que nous ayons mis si longtemps à prendre en compte une caractéristique aussi largement répandue que la féminité.