...

L'objectif de Santé Canada et de la Société canadienne du cancer est clair : dissuader les jeunes de commencer à fumer et pousser les adultes à essayer d'arrêter - on notera au passage que le Canada dispose d'une "ministre des Dépendances" - un cabinet associé à la Santé mentale - en la personne de Carolyn Bennett.Sont tout particulièrement visés par cette nouvelle initiative, les ados qui commencent à fumer en recevant des cigarettes de la main à la main de leurs copains, sans disposer du paquet, et qui échappent donc aux messages sanitaires sur les packagings. Six petites phrases différentes à apposer sur les cigarettes sont déjà disponibles (style " du poison dans chaque bouffée " ou encore " la cigarette cause l'impuissance ") et une nouvelle salve est prévue en 2025, à l'instar des images chocs sur les paquets quand cette mesure avait été instaurée (en 2011 en Europe, 130 pays ont emboîté le pas du Canada depuis). Les mises en garde (non illustrées) sur les paquets existent depuis 1972 au Canada, de même que l'interdiction de la pub pour le tabac et du parrainage.Si cette nouvelle législation est entrée en vigueur ce 1er août, les cigarettiers ont toutefois un an pour adapter leurs produits de grand format (cigarettes dites " king size ", soit 83 à 85 mm), et jusqu'à avril 2025 pour mettre en conformité tous les produits liés au tabac (cigarettes de format régulier, cigares, tubes, papier). Les mises en garde et photos macabres sur les paquets ont permis de diminuer le nombre de fumeurs à 12 % de la population en 2021, le but de Santé Canada est d'atteindre moins de 5 % en 2035. À titre de comparaison, la Belgique, qui compte 15 % de fumeurs quotidiens, vise 6 % parmi les 15-24 ans en 2028.La Nouvelle-Zélande est le pays qui combat le tabagisme de la façon la plus radicale au monde, puisque sa dernière législation en date en la matière, entrée en vigueur cette année, stipule que l'âge légal pour fumer (18 ans) est relevé d'année en année jusqu'à s'appliquer à toute la population du territoire. Les jeunes de moins de 15 ans ne peuvent donc plus, à partir de cette année et jusqu'à la fin de leur vie, se procurer des cigarettes.Si la Belgique avait annoncé l'an dernier espérer atteindre son objectif " zéro tabac " d'ici 2040, la Nouvelle-Zélande, elle, s'est attaquée au problème dès 2011. Résultat, avec sa politique de santé publique très ferme contre le tabagisme - qui a notamment fait grimper le prix du paquet de cigarettes à 18 euros, et a fait fondre les taux de nicotine dans les produits liés au tabac mais aussi à la vapote -, il ne restait, l'an dernier, que 8 % de fumeurs quotidiens parmi la population de ce pays à l'autre bout du monde.Selon un rapport de l'OMS sorti ce 31 juillet, le taux mondial de tabagisme est passé de 23% à 17% en 15 ans. Toutefois, seuls quatre pays (Brésil, Turquie, Maurice et Pays-Bas) ont adopté jusqu'ici l'ensemble des mesures antitabac préconisées par l'Organisation. Chez nous, la Fondation contre le cancer a tiré la sonnette d'alarme ce 1er août, à l'occasion de la Journée mondiale du cancer du poumon, annonçant que ce cancer (donc le tabac est responsable dans 90% des cas) était désormais devenu le deuxième plus fréquent chez les femmes à cause du tabagisme. À la seconde place chez l'homme (5.675 nouveaux cas en 2021), il est désormais également à la deuxième place chez la femme avec plus de 3.500 nouveaux cas, après le cancer du sein et avant le cancer du côlon. Le cancer du poumon a fait près de 2.000 décès chez les femmes en 2021. La survie à cinq ans après le diagnostic reste très basse : 22,8% chez les hommes, et 31,4% chez les femmes.Comment prendre en charge le sevrage tabagique d'un patient? La Société scientifique de médecine générale organise une matinée d'ateliers-consultations d'aide à l'arrêt du tabac le 23 septembre prochain à Bruxelles. A noter également qu'il existe un "digital learning" accrédité pour mieux prendre en charge le patient tabagique.