Vendredi 27 janvier, 8h20, je prends la voiture pour le travail. Rapidement, je me rends compte que les accélérations ne sont pas possibles. Un témoin moteur me confirme qu'il y a un problème. Habitant en milieu rural, je suis habitué à ces petits caprices mécaniques de l'hiver. C'est certain, c'est encore une fouine qui, affamée, est venue se nourrir dans le moteur. Je m'arrête, ouvre le capot et commence à inspecter les différents câbles. J'avoue ne pas comprendre grand-chose, ni trouver trace de section. Ce matin-là, je suis à Bruxelles, loin de mon port d'attache luxembourgeois. J'appelle différents garages qui sont indisponibles pour quelques jours au moins. Je téléphone à mon garage habituel, en imaginant pouvoir y arriver en roulant à petite vitesse plus tard dans l'après-midi... Réponse: "On ferme à 15 h et de toute façon, on ne saurait rien faire. Téléphonez à un dépanneur. Ils pourront peut-être vous aider".

Ce grand garage avec son armée d'employés, d'ouvriers et son outillage sophistiqué n'est manifestement pas disposé à réparer un simple petit dégât de rongeur, aussi invalidant soit-il. J'appelle donc le service de dépannage, qui envoie une dépanneuse dans un délai inespéré. On me propose d'emblée d'emmener la voiture de Bruxelles à Marche-en-Famenne, 100 km, au frais de l'assurance, pour déposer la voiture... à ce garage qui m'a annoncé qu'il serait fermé à 15 h et non disponible avant la semaine prochaine. J'insiste gentiment pour qu'on essaie plutôt de la réparer sur place, en demandant au dépanneur de vérifier le tuyau du turbo que je soupçonne d'avoir été mangé par une fouine. Il regarde le moteur et trouve sans peine la portion sectionnée. L'intervention de réparation dure moins de 10 secondes et me voilà dépanné pour de bon!

Apologue

L'objectif de cette petite histoire n'est pas de faire la promotion des moteurs thermiques, ni de sensibiliser aux petits caprices animaliers, mais bien de nous faire réfléchir à ce que cette histoire nous dit de nos soins de santé.

Le conducteur, c'est le patient, expert de sa santé et qui malgré quelques difficultés de compréhension a bien senti ce qui était à l'origine de sa mésaventure. S'appuyer sur son expertise devrait faire partie des compétences de tout médecin.

Le garage, avec ses procédures et son incapacité à faire le tri entre ce qui est simple, compliqué, complexe et urgent, est une image de nos services hospitaliers pris d'assaut par des patients mal orientés, qui engorgent les services et consomment des soins parfois inutiles, souvent coûteux, avec un impact environnemental non négligeable.

Le dépanneur est une image (bien qu'imparfaite et réductrice) du médecin généraliste. Avec de simples moyens, il peut proposer une prise en charge adéquate et un recours raisonné à la deuxième ligne de soins.

Nos soins de santé pourraient être tellement plus performants, moins coûteux et moins polluants si on prenait la peine de mieux les organiser!

Vendredi 27 janvier, 8h20, je prends la voiture pour le travail. Rapidement, je me rends compte que les accélérations ne sont pas possibles. Un témoin moteur me confirme qu'il y a un problème. Habitant en milieu rural, je suis habitué à ces petits caprices mécaniques de l'hiver. C'est certain, c'est encore une fouine qui, affamée, est venue se nourrir dans le moteur. Je m'arrête, ouvre le capot et commence à inspecter les différents câbles. J'avoue ne pas comprendre grand-chose, ni trouver trace de section. Ce matin-là, je suis à Bruxelles, loin de mon port d'attache luxembourgeois. J'appelle différents garages qui sont indisponibles pour quelques jours au moins. Je téléphone à mon garage habituel, en imaginant pouvoir y arriver en roulant à petite vitesse plus tard dans l'après-midi... Réponse: "On ferme à 15 h et de toute façon, on ne saurait rien faire. Téléphonez à un dépanneur. Ils pourront peut-être vous aider".Ce grand garage avec son armée d'employés, d'ouvriers et son outillage sophistiqué n'est manifestement pas disposé à réparer un simple petit dégât de rongeur, aussi invalidant soit-il. J'appelle donc le service de dépannage, qui envoie une dépanneuse dans un délai inespéré. On me propose d'emblée d'emmener la voiture de Bruxelles à Marche-en-Famenne, 100 km, au frais de l'assurance, pour déposer la voiture... à ce garage qui m'a annoncé qu'il serait fermé à 15 h et non disponible avant la semaine prochaine. J'insiste gentiment pour qu'on essaie plutôt de la réparer sur place, en demandant au dépanneur de vérifier le tuyau du turbo que je soupçonne d'avoir été mangé par une fouine. Il regarde le moteur et trouve sans peine la portion sectionnée. L'intervention de réparation dure moins de 10 secondes et me voilà dépanné pour de bon! L'objectif de cette petite histoire n'est pas de faire la promotion des moteurs thermiques, ni de sensibiliser aux petits caprices animaliers, mais bien de nous faire réfléchir à ce que cette histoire nous dit de nos soins de santé.Le conducteur, c'est le patient, expert de sa santé et qui malgré quelques difficultés de compréhension a bien senti ce qui était à l'origine de sa mésaventure. S'appuyer sur son expertise devrait faire partie des compétences de tout médecin.Le garage, avec ses procédures et son incapacité à faire le tri entre ce qui est simple, compliqué, complexe et urgent, est une image de nos services hospitaliers pris d'assaut par des patients mal orientés, qui engorgent les services et consomment des soins parfois inutiles, souvent coûteux, avec un impact environnemental non négligeable. Le dépanneur est une image (bien qu'imparfaite et réductrice) du médecin généraliste. Avec de simples moyens, il peut proposer une prise en charge adéquate et un recours raisonné à la deuxième ligne de soins. Nos soins de santé pourraient être tellement plus performants, moins coûteux et moins polluants si on prenait la peine de mieux les organiser!