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" Si la volonté du ministre est de permettre le remboursement du vaccin administré par le pharmacien, ce concept est inapproprié car il introduit la légalisation du droit pour le pharmacien de se prescrire à lui-même un médicament remboursé par l'assurance maladie. Ce droit sera inéluctablement étendu par la suite à d'autres médicaments. Pour preuve, si ce projet de loi ne concerne que le Sars-CoV-2, l'exposé des motifs prévoit déjà de "permettre aux pharmaciens de prescrire les vaccins pour lutter contre la grippe ". Ce motif laisse présager l'extension de la prescription par le pharmacien à d'autres médicaments et dispositifs remboursés par l'assurance maladie. "L'Absym rappelle que le Conseil d'Etat dans son avis concernant le projet de loi " vaccination par le pharmacien " souligne l'importance que la personne qui prescrit (le médecin) soit différente de celle qui délivre (le pharmacien). Si la même personne fait les deux, cela la place en conflit d'intérêt.Par ailleurs, la déontologie des deux professions diffère. Le pharmacien n'est légalement pas tenu de vérifier l'état du patient avant d'administrer le vaccin, le médecin oui, souligne l'Absym se basant toujours sur l'avis du conseil d'Etat : " Le pharmacien n'a pas accès au dossier médical du patient et le projet ne précise pas de quels moyens le pharmacien dispose pour juger opportun de prescrire ou non le vaccin. A l'article 5/1 de la loi coordonnée du 10 mai 2015, qui énumère les activités qui relèvent de l'exercice de l'art pharmaceutique, on ne peut y lire nulle part d'indication concernant l' évaluation de l'état du patient et, donc sur la nécessité ou non de lui administrer le vaccin. "L'Absym craint que, de fil en aiguille, le pharmacien acquière, de manière illégale, le droit d'exercer l'art médical alors qu'il n'est pas porteur d'un diplôme légal de docteur en médecine, chirurgie et accouchements, obtenu conformément à la législation.C'est pourquoi le syndicat du Dr Herry demande " que l'intitulé " prescription par le pharmacien " soit donc impérativement remplacé par celui de " remboursement du vaccin délivré sans prescription médicale ". Cette modification ne fait en aucun cas obstacle au but poursuivi par le ministre dans son projet de loi qu'il définit comme celui " d'impliquer davantage les pharmaciens dans la lutte contre le coronavirus Covid-19 et plus particulièrement, en ce qui concerne le processus de vaccination contre ce coronavirus Covid-19 " ".Si le législateur s'y refuse, l'Absym demande la réciprocité, soit autoriser les médecins à délivrer et donc à vendre des médicaments aux patients.