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Pour Gilbert Bejjani, secrétaire général de l'Absym, et Benoît Collin, administrateur général de l'Inami, toutes les prestations qui peuvent techniquement être faites en ambulatoire doivent se faire de cette façon. "Celui qui favorise l'ambulatoire doit être récompensé, à l'inverse de celui qui ne le fait pas. Il faut renforcer les pénalités", commente le Dr Bejjani. "La liste A devrait être abolie pour encourager la chirurgie de jour et la liste B devrait être précisée et étendue. Continuer à financer en se basant sur les journées justifiées que ce soit en hôpital classique et en hôpital de jour est une folie parce qu'on ne connait pas la vraie valeur de l'acte. Il va falloir déstabiliser le système hospitalier classique." Le secrétaire général de l'Absym estime également que l'hôpital de jour va favoriser la transmuralité et permettre de retenir ou d'attirer les soignants qui quittent ou ne viennent plus dans les hôpitaux généraux. Selon Benoît Collin, il faut favoriser l'hospitalisation de jour chaque fois que c'est possible et pénaliser l'hospitalisation classique inappropriée. "L'hôpital de jour sera également intégré dans le financement par DRG", rappelle l'administrateur général de l'Inami. "Là aussi, il faudra voir une valorisation incitative à ce recours au détriment du classique inapproprié. Le défi est aussi que l'hôpital ne soit plus seulement un lieu d'hospitalisation mais de traitement intégré des soins aigus et spécialisés en ambulatoire intra ou extra muros au sein de son éco-systéme de santé avec les partenaires externes. Le bon soin à la bonne place dans une démarche volontariste de complémentarité.""Actuellement, les infrastructures hospitalières sont financées via les pathologies qui y sont traitées. Par le passé, on construisait un hôpital et on le finançait sur 33 ans. Les plus prudents finançaient le bâtiment via les banques sur 20 ans et avaient ensuite 13 ans de bonus. Aujourd'hui on s'engage à créer un nouvel hôpital et, au fur et à mesure, on modifie les activités qui peuvent y être réalisées. Comment va-t-on payer les dernières années?", interpelle Paul d'Otreppe, président de l'Association belge des directeurs d'hôpitaux. Dans le même ordre d'idée, Philippe El Haddad, directeur général du Chirec, institution qui a bien développé son activité ambulatoire, soutient que les hôpitaux, dans le système de financement actuel, doivent encore pouvoir réaliser des activités médicales qui pourraient être réalisées en hospitalisation de jour en hospitalisation classique. Et de souligner que la création de "free standing centers" risque de sortir de l'hôpital les activités "rentables" et de laisser à l'hôpital les cas lourds et onéreux. Christophe Happe met en garde contre une évolution trop radicale de l'hospitalisation de jour qui réduirait les moyens de l'hospitalisation classique. "La pandémie a montré qu'il est nécessaire de conserver des capacités de prise en charge des patients dans les hôpitaux en période de crise tant au niveau des lits disponibles que du personnel qualifié", rappelle le directeur général de la fédération Unessa. La responsabilité des entités fédérées, qui fixent les budgets de (re)construction des hôpitaux, et du secteur bancaire, qui prête l'argent, a été pointée du doigt lors du débat. N'est-il pas imprudent d'investir encore autant d'argent (2,4 milliards d'euros en Wallonie, NDLR) pour reconstruire le parc hospitalier sans tenir vraiment compte de l'impact qu'aura le virage ambulatoire sur l'offre hospitalière?