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" L'épidémie Ebola n'a pas été directement détectée et a affaibli le système de santé", explique le Dr Sow. " Cette tragédie a révélé de nombreuses insuffisances au niveau du système. Le pays n'était pas préparé au niveau de l'hygiène, il y avait un manque d'approvisionnement de médicaments et le personnel était insuffisant, spécialement au niveau des médecins en région rurale. En Guinée, la quasi-totalité des centres de santé est gérée par les infirmiers, la population n'a pas accès aux services de médecins de famille. C'est pourquoi, depuis, nous avons introduit un nouveau modèle d'installation de médecins en zones rurales. Et Memisa contribue à l'amélioration des conditions de travail de ces centres de santé, entre autres, en construisant des incinérateurs, des forages pour avoir accès à l'eau, etc."" FMG a commencé en 1994, lorsqu'une grosse épidémie de choléra toucha le pays. On était de jeunes médecins à l'époque, pas encore employés, raconte le Dr Sow. De nombreuses personnes mourraient, alors on s'est rassemblé en association pour aller dans les quartiers, sensibiliser les populations, distribuer du chlore et ramasser les ordures. MSF a même reconnu notre initiative. Aujourd'hui, nous sommes une petite structure de 60 salariés, représentée à Conakry et dans deux autres régions. Nous accompagnons également des centres de la société civile dans quinze préfectures, nous supervisons toutes les structures de l'Etat en ce qui concerne la prévention contre le sida, et depuis deux ans nous sommes appuyés par Memisa. Cela fait donc 25 ans que je travaille en première ligne en centre de santé et que je collabore avec les communautés", explique le doctorant en santé public, "où nous faisons de la promotion, de la prévention et procurons des soins primaires. Durant toutes ces années, après tout ce que nous avons vécu, j'ai malgré tout vu une évolution. Avant, il n'y avait que des agents techniques dans les centres santé. Aujourd'hui, il y a plusieurs médecins. Il y a eu une amélioration également au niveau de la qualité des soins et des aptitudes favorables se sont développées telles que le lavage des mains, la stérilisation du matériel, et l'accueil du patient.""Notre projet actuel s'articule sur différents volets", détaille le directeur de FMG. "Un premier concernant le renforcement des capacités grâce à un programme de formations. Un deuxième, qui est la construction de bâtiments, la fourniture d'équipements et l'approvisionnement de médicaments. Et enfin un troisième volet consistant au renforcement des associations, à savoir les associations de médecins en région rural, les associations des centres de santé en milieu urbains et les associations des opérateurs de mutuelles de santé. Toutes ces structures sont des plateformes de protection sociale accompagnées par l'expertise de Memisa. Il faut savoir que les médecins en milieu rural se réunissent une fois par mois pour discuter de cas cliniques rencontrés et des partenariats avec les communautés. Le rôle de Memisa, dans ce cas-ci, est d'appuyer toutes ces rencontres. Toutes les informations de ces réunions, sanitaires et autres, devront être digitalisées par la suite, afin de donner accès à toute cette documentation aux médecins isolés."Trois grandes problématiques du pays sont prises en charge par FMG : la santé mentale, les patients affectés par le sida et la santé maternelle. "Dans tout le pays, qui compte 12 millions d'habitants, il n'y a qu'un seul service de psychiatrie et deux seuls psychiatres", précise le Dr Sow. "Memisa nous accompagne donc dans la prise en charge des malades mentaux dans les dix centres de santé, et l'aide se fait aussi bien au niveau de l'infrastructure qu'au niveau de la formation du personnel. Non pas pour former des spécialistes mais afin que les généralistes soient en mesure de répondre à ces problèmes." L'autre grande problématique de ce pays concerne le VIH. L'accès aux antirétroviraux (ARV) est difficile en raison des fréquentes ruptures de stocks et le nombre de séropositifs de stades avancés est assez élevé. C'est pour cette raison qu'accompagner à capitaliser les bonnes pratiques dans la prise en charge de la population vulnérable est l'un des objectifs de FMG. " Nous organisons des dépistages communautaires et des mesures de préventions, que ce soit dans les écoles ou sur les lieux de travail", explique le Dr Sow. Des formations d'animateurs sont également prévues pour ensuite informer et conscientiser les populations les plus démunies."La santé maternelle est la troisième grande autre problématique. En Guinée, le taux de mortalité maternelle et infantile est très élevé. " Beaucoup de femmes ont encore recours aux accoucheuses traditionnelles et prennent de gros risques pour l'enfant et pour elle". Affirme le Dr Sow. " C'est pourquoi nous avons le soutien de Memisa dans la formation de personnel qualifié dans l'accompagnement de l'accouchement jusqu'à l'éducation des enfants. L'ONG nous aide également à la construction de maternités." "Le système voudrait que tous les premiers soins se fassent en première ligne, au centre de santé, avant de se rendre à l'hôpital ", explique le Dr Sow. "Si la situation de santé du patient nécessite d'autres soins, alors il ira à l'hôpital du district et si nécessaire à l'hôpital régional voire national ou le CHU si sa situation est plus critique. Mais la mentalité est difficile à changer et beaucoup de personnes se rendent encore directement à l'hôpital surtout à Konakri. Alors les hôpitaux de la capitale ont créé un système de niveau primaire pour les soins préventifs: vaccination etc., et les premières consultations, afin d'éviter un encombrement dans les hôpitaux. En campagne, c'est différent. On ne rencontre pas ce genre de problématique.""La médecine générale ou les médecins de famille ne sont pas encore très développé dans le pays", confie le doctorant en santé public. "Nous accompagnons deux initiatives. La première est la formation de médecins de famille à la faculté de médecine, et le suivi des stages dans notre structure de soins. Il faut savoir que le ministère nous a confié une population pour nos centres de santé. La deuxième initiative est la médecine générale communautaire. L'Etat n'emploie pas les jeunes étudiants alors nous essayons de recruter les jeunes médecins et nous les formons en santé communautaire pour qu'ils aillent ensuite en région rurale. Encadré par l'association, nous leur facilitons toutes les interactions avec les communautés locales et les associations de regroupement de femme. Actuellement, nous avons installé une dizaine de médecins autour de la région de Labé. Avant il y avait trop peu de médecins mais ce n'est plus le cas. Avec Memisa, nous continuons à capitaliser les bonnes pratiques en la matière.""Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous sommes fiers d'être reconnus comme acteur majeur de la promotion de soins de santé primaires dans le pays", estime le Dr Sow. "Nous sommes aussi pionniers dans la lutte contre le VIH en Guinée et nous sommes la seule structure à offrir des soins de santé natale au niveau national. Enfin, le système académique fait appel à nous pour accompagner tout ce qui est encadrement des étudiants: thèses de mémoire et stages avec notre personnel. Plusieurs jeunes viennent même s'inspirer pour faire la même chose. Nous avons donc créé un département qui accompagne toutes les initiatives, permettant de leur donner des conseils, les accompagner et les aider à trouver des partenaires financiers."Carole Stavart