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La désertification médicale. Une " réalité consternante " à propos de laquelle le député socialiste Philippe Courard a récemment interpelé le ministre wallon de la Santé publique. " En zone rurale, la pénurie des médecins généralistes est un constat qui ne cesse de s'aggraver. Il y a même certaines communes où il n'y a tout bonnement pas de médecins ", a-t-il insisté.Dans une question écrite adressée à Maxime Prévot, afin de connaître les latitudes du gouvernement et les mesures du ministre pour y remédier, le parlementaire régional a cru savoir que cette disette en médecins traitants dépendait en partie de l'entité fédérée. " Le quota introduit par la Région wallonne, ayant pour objectif de parvenir à un équilibre entre généralistes et spécialistes, n'est pas respecté. Il y aurait trop de spécialistes ", a assuré Philippe Courard.Avant d'entrer dans le vif du sujet, le ministre de la Santé s'est tout de même permis d'apporter quelques nuances, rappelant que les quotas de médecins et de visas, permettant l'accès à la profession, étaient fixés par le Fédéral. Tandis que la Communauté française, par le biais du ministre (socialiste) de l'Enseignement supérieur gérait les sous-quotas de spécialités. Mesurer l'ampleurL'homme fort du cdH n'a en revanche pas ergoté sur le manque d'effectifs. " La pénurie de médecins généralistes est effectivement déjà une réalité ", a reconnu Maxime Prévot. Les chiffres de l'INAMI pour l'année 2014, dernière année disponible, montrent qu'il y a des communes avec moins de 1 médecin pour 1.800 habitants dans toutes les provinces, à l'exception du Brabant wallon." Dix communes en province de Liège, 5 dans le Luxembourg, 3 dans le Hainaut et 1 en province de Namur. Il y a même à Liège et dans le Hainaut des communes avec 1 seul médecin généraliste pour plus de 3.000 habitants ", a souligné le ministre wallon.Concédons que la faiblesse de la densité médicale dans certaines régions dépasse les frontières de la Wallonie. Il suffit de regarder chez nos voisins français pour s'en convaincre. Mais pour pouvoir y remédier chez nous, il s'agit naturellement d'en connaître l'étendue précisément." C'est pourquoi l'Observatoire wallon de la santé a été chargé d'établir un cadastre wallon des médecins généralistes, ce travail est en cours ", s'est cette fois limité à dire le ministre Prévot.Car il avait initialement promis ce véritable cadastre basé sur les lieux d'exercice des généralistes et inventoriant le nombre d'heures de pratique pour le début de l'année. Mais l'exercice, ambitieux, prend nettement plus de temps que prévu. Au point que Maxime Prévot ne parle plus d'échéance (lire jdM N°2443 du 25 mars 2016). Impulsions financières Pour lutter contre ce phénomène, la Wallonie a donc pris des mesures supplémentaires, essentiellement financières. Un soutien spécifique est octroyé aux associations de santé intégrée (ASI) lorsque leur siège d'activité se situe dans une zone rurale de moins de 150 habitants par km². Le Programme wallon de développement rural propose d'ailleurs de soutenir les investissements dans les ASI en milieu rural. Tandis que les cercles de médecins généralistes peuvent aussi bénéficier d'une subvention complémentaire s'ils se situent dans une zone à faible densité de population.Et comme le ministre centriste l'avait annoncé fin de l'année passée, près de 5 millions d'euros seront alloués au dispositif Impulséo. Système désormais régionalisé, que le ministre entend réformer. " Une prime de 20.000 euros du Fonds d'impulsion (Impulséo I) vise à encourager l'installation de médecins généralistes dans des zones en pénurie. Je ne vais pas remettre en question cette prime d'installation, mais je souhaite la conditionner à une installation de minimum 5 ans dans les zones en pénurie ", a expliqué Maxime Prévot dans sa réponse écrite.Et le ministre d'attirer l'attention sur le fonds Impulséo II, qui offre une intervention dans les charges salariales de l'employé qui assiste un regroupement de généralistes. Quant à Impulséo III, il vise à soutenir dans l'accueil et la gestion de la pratique les médecins travaillant seuls. Unir les compétences Cela étant dit, l'autorité régionale constate que les incitants financiers ne suffisent pas pour encourager l'installation de médecins dans les zones rurales. " C'est souvent la charge liée à l'exercice des gardes et la volonté d'avoir une certaine qualité de vie qui sont pointées du doigt pour ne pas aller dans les zones où l'on risque d'être sollicité en permanence puisque le médecin généraliste est quasi le seul à des kilomètres à la ronde ", admet le ministre wallon de la Santé publique.Maxime Prévot se dit " parfaitement conscient " de l'importance de la problématique, pour ne pas dire gravité. Mais le décideur wallon invite le député qui l'a interrogé prendre du recul pour cerner l'ensemble des enjeux, " nombreux ". Encourager par exemple les pratiques médicales groupées ou réorganiser les systèmes de gardes pour que celles-ci soient moins lourdes. Cependant, " l'organisation de la garde reste une prérogative du gouvernement fédéral ", modère-t-il.Et s'il incombe au ministre wallon de la Santé publique de veiller à ce que l'on identifie les meilleures manières d'inciter les médecins et d'autres spécialistes à s'installer dans les zones rurales, " l'ensemble de ces aides permet un soutien déjà appréciable au secteur ", a conclu Maxime Prévot.