La conception des réseaux, contrairement à ce que l'on croit en général, ne vise pas immédiatement les hôpitaux en tant que tels mais les différentes missions de soins étant entendu que dans une région définie géographiquement chaque hôpital exercera un certain nombre de missions au niveau local, en exploitera d'autres en collaboration, et pas nécessairement sur son site, avec d'autres hôpitaux de la même région, et devra organiser le transfert de patients vers des centres supra-régionaux, moins de 25 dans le pays. Toute la difficulté est de faire coïncider un concept intellectuel, de management administratif, orienté aussi vers la réalisation d'économie à l'exploitation et à l'investissement, en un projet qui ait médicalement du sens. Pour ce faire, il est indispensable que les décideurs accordent une place significative à l'opinion et aux initiatives issues du monde médical hospitalier (pas seulement universitaire), et que l'ensemble ne soit pas piloté uniquement par une logique strictement administrative et comptable.

Jeu de stratego

Le jeu de stratego auquel se livrent les concepteurs du système vise à bouger indistinctement, sans tenir compte des réalités médicales et de terrain, des activités médicales et à les concentrer selon des logiques qui entraveront le déroulement harmonieux des activités de soins.

Il est indispensable qu'au niveau loco-régional, chaque hôpital qui s'inscrira dans un réseau pour partager avec d'autres les missions de soins loco-régionales puisse le faire en ayant la certitude de conserver, à court ou à moyen terme en tout cas, une existence propre au service des malades de sa zone de référence, et puisse garantir vis-à-vis de la population de disposer dans son équipe médicale de médecins suffisamment actifs pour garantir la qualité. Une institution de soins, dans un réseau loco-régional, et au travers des exigences supra-régionales, qui se limiterait à être un "brico center" ne peut assurer son avenir : quel médecin spécialiste hospitalier se contentera de passer sa carrière médicale à exercer des actes de base et à devoir transférer tous les patients quelque peu lourds à des institutions tierces ? Quel sera le niveau des services infirmiers dont toute pathologie compliquée sera absente parce qu'exclue ?

Ne fermons pas les yeux devant les risques de l'hyperspécialisation forcée d'activités médicales dont le bon résultat est lié à une pratique régulière de la spécialité plus qu'à la réalisation quelques fois par an d'un seul type d'intervention.

Bunker

Prenons l'exemple de la radiothérapie. Il existe de nombreux services, disposant de locaux bunkerisés et de machines dont certaines ont été achetées récemment. Vouloir concentrer la radiothérapie dans quelques centres supra-régionaux signifie la fermeture des services de radiothérapies locaux et la création ex nihilo de nouveaux services bunkerisés avec trois ou quatre machines, nouvelles ou déménagées d'autres sites. Dépenses non justifiées... C'est évidemment aberrant d'un point de vue économique, et du point de vue des malades qui devront assurer pour l'ensemble de leurs séances de traitement (quinze à trente) des déplacements conséquents. Il vaut beaucoup mieux réfléchir dans ce domaine en un réseautage médical, où les indications et les choix des différentes modalités de radiothérapie seront posés par le groupe oncologie-radiothérapie du réseau, et le patient adressé là où se trouve une expertise spécifique au sein du réseau loco-régional. Il serait aberrant de concentrer la radiothérapie dans quelques centres supra-régionaux.

A peine d'organiser une désertification médicale dans plusieurs institutions des réseaux hospitaliers, il est indispensable que les médecins puissent être mobiles et suivre leurs malades pour pouvoir les prendre en charge dans l'institution où l'autorité publique autorisera de les traiter. Les conseils médicaux doivent être codécisionnaires avec les gestionnaires pour tout ce qui a trait aux réseaux (constitution, investissements, exploitation).

Il y'a lieu d'être extrêmement prudent et de ne pas laisser s'installer une logique strictement administrative qui prenne le dessus sur une logique de traitement qui devrait tout de même être essentiellement de nature médicale au bénéfice du patient.

Espérons que la ministre sera à l'écoute.

La conception des réseaux, contrairement à ce que l'on croit en général, ne vise pas immédiatement les hôpitaux en tant que tels mais les différentes missions de soins étant entendu que dans une région définie géographiquement chaque hôpital exercera un certain nombre de missions au niveau local, en exploitera d'autres en collaboration, et pas nécessairement sur son site, avec d'autres hôpitaux de la même région, et devra organiser le transfert de patients vers des centres supra-régionaux, moins de 25 dans le pays. Toute la difficulté est de faire coïncider un concept intellectuel, de management administratif, orienté aussi vers la réalisation d'économie à l'exploitation et à l'investissement, en un projet qui ait médicalement du sens. Pour ce faire, il est indispensable que les décideurs accordent une place significative à l'opinion et aux initiatives issues du monde médical hospitalier (pas seulement universitaire), et que l'ensemble ne soit pas piloté uniquement par une logique strictement administrative et comptable. Le jeu de stratego auquel se livrent les concepteurs du système vise à bouger indistinctement, sans tenir compte des réalités médicales et de terrain, des activités médicales et à les concentrer selon des logiques qui entraveront le déroulement harmonieux des activités de soins. Il est indispensable qu'au niveau loco-régional, chaque hôpital qui s'inscrira dans un réseau pour partager avec d'autres les missions de soins loco-régionales puisse le faire en ayant la certitude de conserver, à court ou à moyen terme en tout cas, une existence propre au service des malades de sa zone de référence, et puisse garantir vis-à-vis de la population de disposer dans son équipe médicale de médecins suffisamment actifs pour garantir la qualité. Une institution de soins, dans un réseau loco-régional, et au travers des exigences supra-régionales, qui se limiterait à être un "brico center" ne peut assurer son avenir : quel médecin spécialiste hospitalier se contentera de passer sa carrière médicale à exercer des actes de base et à devoir transférer tous les patients quelque peu lourds à des institutions tierces ? Quel sera le niveau des services infirmiers dont toute pathologie compliquée sera absente parce qu'exclue ?Ne fermons pas les yeux devant les risques de l'hyperspécialisation forcée d'activités médicales dont le bon résultat est lié à une pratique régulière de la spécialité plus qu'à la réalisation quelques fois par an d'un seul type d'intervention.Prenons l'exemple de la radiothérapie. Il existe de nombreux services, disposant de locaux bunkerisés et de machines dont certaines ont été achetées récemment. Vouloir concentrer la radiothérapie dans quelques centres supra-régionaux signifie la fermeture des services de radiothérapies locaux et la création ex nihilo de nouveaux services bunkerisés avec trois ou quatre machines, nouvelles ou déménagées d'autres sites. Dépenses non justifiées... C'est évidemment aberrant d'un point de vue économique, et du point de vue des malades qui devront assurer pour l'ensemble de leurs séances de traitement (quinze à trente) des déplacements conséquents. Il vaut beaucoup mieux réfléchir dans ce domaine en un réseautage médical, où les indications et les choix des différentes modalités de radiothérapie seront posés par le groupe oncologie-radiothérapie du réseau, et le patient adressé là où se trouve une expertise spécifique au sein du réseau loco-régional. Il serait aberrant de concentrer la radiothérapie dans quelques centres supra-régionaux. A peine d'organiser une désertification médicale dans plusieurs institutions des réseaux hospitaliers, il est indispensable que les médecins puissent être mobiles et suivre leurs malades pour pouvoir les prendre en charge dans l'institution où l'autorité publique autorisera de les traiter. Les conseils médicaux doivent être codécisionnaires avec les gestionnaires pour tout ce qui a trait aux réseaux (constitution, investissements, exploitation).Il y'a lieu d'être extrêmement prudent et de ne pas laisser s'installer une logique strictement administrative qui prenne le dessus sur une logique de traitement qui devrait tout de même être essentiellement de nature médicale au bénéfice du patient.Espérons que la ministre sera à l'écoute.