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Il y a un peu plus d'un an, nous passions en revue dans ces pages le contenu du Livre Vert - une note de la cellule stratégique de la ministre de la Santé publique détaillant le financement lié à la personne de la formation des médecins spécialistes. Le texte prévoit d'attribuer à chaque MSFP un " voucher " (une sorte de " bon ") lui permettant de financer les éléments pédagogiques de sa formation professionnelle.L'idée est que, à la fin de son stage, le médecin en formation remette ce voucher au maître de stage, qui pourra ensuite l'échanger auprès de l'Inami contre monnaie sonnante et trébuchante - une transaction qui se déroulera en toute objectivité, a assuré Bert Winnen. En parallèle se tiendra une évaluation où seront impliquées les deux parties. Le maître de stage documentera l'exécution du plan de stage (la formation professionnelle qui a été dispensée, l'accompagnement assuré au cours des stages, les éventuels tests, etc.). Le MSFP lui-même devra tenir un portfolio électronique de ses activités de formation (Medbook).Maggie De Block a dégagé en 2017 un budget de dix millions d'euros pour le financement de l'accompagnement pédagogique, auquel sont venus s'ajouter cette année 18 millions supplémentaires. Dès l'an prochain, les moyens destinés à la formation professionnelle dans le BMF des hôpitaux universitaires (chapitre B7) seront également versés à ce pot commun, qui servira alors à financer les services de stage au sein des cliniques universitaires et des hôpitaux généraux (ainsi que d'autres structures comme les centres psychiatriques ou les services extramuros). La mise en place d'un suivi systématique de la qualité aussi fait partie de ce projet. À terme, le but est de parvenir à une programmation de la capacité de stage.Pour l'octroi des vouchers, le SPF Santé publique s'appuiera sur la combinaison de plusieurs données. Les communautés ont la responsabilité de valider et d'enregistrer les plans de stage, le SPF Santé publique d'inscrire les " attestations universitaires " par spécialité dans le cadastre des professions de santé. Le SPF sait toutefois également quels maîtres et services de stage sont reconnus. En combinant toutes ces données, le gouvernement fédéral devrait pouvoir immédiatement déterminer qui a droit à un voucher... si ce n'était que l'échange de données entre l'échelon fédéral et celui des communautés reste, à ce stade, trop peu performant.Provisoirement, les autorités vont donc s'appuyer sur un " modèle indirect " où les universités jouent un rôle de premier plan. Les maîtres de stage des facultés ou des hôpitaux universitaires attribuent les attestations universitaires et coordonnent les plans de stage ; ils ont un aperçu parfaitement clair de tous les MSFP qui effectuent un stage dans chaque service.Ces maîtres de stage " coordinateurs de fait " sont rétribués pour ce rôle par les autorités au départ du pot commun.Lors de sa présentation, le Dr Winnen a encore présenté quelques points.Le SPF Santé publique a la possibilité d'inspecter les services de stage et d'organiser des audits externes. En cas de conflits autour du voucher, le SPF assure une fonction de médiation.· Il n'y a pas de financement du SPF pour les stages scientifiques. Les stages à l'étranger peuvent être reconnus sous certaines conditions.Le président du GBS, Jean-Luc Demeere, a dressé lors du symposium un tableau de l'évolution de la formation professionnelle. C'est aujourd'hui le MSFP qui définit sa trajectoire d'acquisition des compétences. Le médecin-formateur, lui, n'est plus uniquement un " enseignant " : il a également une fonction d'exemple et se profile en accompagnateur et en consultant. Les évaluations doivent former la base d'une auto-évaluation permanente. Pour transmettre certaines compétences, évaluer les aptitudes et attitudes du MSFP avec lui, etc., le maître de stage devra par ailleurs lui-même être formé et entraîné.Jean-Luc Demeere dénonce toutefois aussi " l'académisation " croissante de la formation - une tendance encore exacerbée par une note récente du Conseil général des médecins généralistes et des médecins spécialistes : un " réseau de formation " permet en effet aux universités de superviser entièrement la formation. D'après le Dr Demeere, le risque existe qu'ils puissent alors l'adapter au modèle économique des hôpitaux universitaires.Le professeur émérite Marc Decramer s'est déclaré surpris par l'allégation que les universités chercheraient à tirer la formation professionnelle à elles. La synergie entre hôpitaux universitaires et régionaux revêt en effet une importance cruciale, et c'est une chose pour laquelle lui-même s'est toujours battu. Environ 81% des 1.359 maîtres de stage travaillent dans un hôpital régional, un quart des 6.797 plans de stage sont gérés par des maîtres de stage " régionaux " et 65% des stages eux-mêmes se déroulent dans le cadre d'un hôpital régional.Le Vlaams Geneeskundige Studenten Overleg et la branche flamande de l'association des médecins spécialistes en formation (AMSF-VASO) ont également apporté une contribution très intéressante au débat. Sven Tijtgat (VGSO) a ainsi fait remarquer que les critères pour être admis à une formation professionnelle sont souvent à peu près impossibles à trouver. Il a également souligné que les questions concernant la situation familiale et l'intention d'avoir des enfants n'ont pas leur place dans les entretiens de sélection.Le VGSO plaide en faveur de la création d'une fonction de médiation au sein du Conseil supérieur, l'ombudsman d'un hôpital pouvant difficilement se distancier de l'établissement qui l'emploie. Frederik Deman a notamment dénoncé le manque de feed-back, certaines pratiques pas très catholiques s'agissant de l'enregistrement du temps de travail mais aussi des situations inacceptables sur le lieu de travail. Une enquête de l'AMSF-VASO a ainsi révélé que certains stagiaires se sentent parfois humiliés et ont l'impression de ne pas toujours pouvoir se défendre lors des discussions.