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Est-ce le fruit du hasard ? A peine avions-nous publié l'interview de Jacques de Toeuf, alors encore président de l'Absym, qui fait de la suppression des suppléments d'honoraires un casus belli, que la ministre de la Santé publique s'exprime quelques jours plus tard avec force au Zevende Dag, émission politique très suivie par les téléspectateurs flamands. Elle s'oppose à d'éventuels accords entre mutuelles et hôpitaux, car elle veut à tout prix éviter que des patients ne soient traités différemment... dans la même chambre via des exemptions de suppléments. Mais elle va plus loin et répète qu'elle veut évacuer les suppléments du système. Définitivement. Qu'est-ce à dire ? En toute logique, le nouveau financement hospitalier dont elle rêve serait plus transparent et évitera des situations de ponctions d'honoraires extrêmement variables d'un hôpital à l'autre, de 15 à 40%, entend-on çà et là. Le grand public ignore évidemment que lorsqu'un médecin lui demande un supplément substantiel en chambre unique, ce n'est pas directement pour sa poche. Le médecin finance avec cela du personnel et dans certains cas, le droit d'utiliser l'infrastructure de l'hôpital. La modernisation et l'innovation des technologies médicales intra-muros dépendent aussi de ce bas de laine. Mais si la ministre parvient à distinguer au sein de l'honoraire celui qui fait vivre directement le médecin et la partie qui finance l'exercice de son art, comme elle l'a répété au congrès de l'Association belge des hôpitaux (lire page 6), une mise à plat de toutes les pratiques dans le cadre d'un nouveau financement hospitalier à cet égard va dans le bon sens, nous semble-t-il. Et gageons que pas mal de médecins hospitaliers préfèreraient aussi une situation plus transparente. Certains nous le confient régulièrement. Mais cette réforme attend sa concrétisation. Nous sommes totalement au milieu du gué. Donc, en attendant une réallocation intelligente de ce qu'on appellera peut-être enfin des " honoraires " relatifs à l'exercice d'une profession libérale bien pensée, sociale mais aussi suffisamment rémunératrice pour des médecins qui étudient jusque 15 ans, les suppléments en chambre unique restent pour beaucoup de spécialistes une véritable poire pour la soif.