" Le tabac tue un fumeur sur deux ", rappelle en préambule le Pr Vincent Lorant, à la tête de l'étude belge. " Il s'agit de la première cause de mortalité évitable en Belgique. "

Concernant le public ciblé, les adolescents en milieu scolaire, le scientifique précise : " Aucun jeune ne se lève le matin en se disant 'je veux fumer'. Le tabagisme n'est pas une décision individuelle : c'est un comportement social. Il y a une responsabilité collective, d'autant plus dans le milieu scolaire. "

Évaluer la norme

Pour faire baisser ce comportement à risque, une norme existe depuis 2006. Mais elle n'a jamais été évaluée. Pas plus que les politiques régionales. C'est désormais chose faite grâce au Pr Lorant et son équipe. Entre 2013 et 2018, les chercheurs néo-louvanistes ont arpenté les rues de Namur pour évaluer la réglementation et comprendre pourquoi les politiques menées rencontrent un succès mitigé.

Le projet, financé par la Commission européenne, a recruté 24.000 adolescents dans 67 écoles de sept pays européens (Allemagne, Belgique, Irlande, Italie, Finlande, Pays-Bas, Portugal). L'étude s'est également intéressée aux stakeholders (responsables politiques, intervenants au niveau national, régional ou local, professionnels de la santé, etc.) et a mené 56 groupes de discussion avec 319 adolescents.

En Belgique, Silne-R s'est déroulé à Namur, " ville choisie sur base méthodologique ", précise le Pr Lorant. " La ville a été choisie parce qu'elle est dans la moyenne de revenus en Belgique et parce qu'il y a un grand nombre d'établissements scolaire du secondaire. " Sept écoles ont participé en 2013 et en 2016.

Résultats statistiques

Sur les sept villes analysées, pour l'année 2016, un peu moins d'un tiers des adolescents (moyenne d'âge de 15 ans) ont déjà essayé de fumer. 7% sont des fumeurs quotidiens. En Belgique, à Namur singulièrement, ces chiffres explosent : un adolescent sur deux a déjà essayé de fumer et 12% fument au quotidien. Seule la ville de Latina (Italie) performe moins bien.

L'étude étant menée dans la durée, les chercheurs ont néanmoins constaté une diminution du nombre de fumeurs hebdomadaires (de 19% à 14% dans la moyenne des sept villes européennes et de 23 à 18% à Namur). " Nous restons un mauvais élève ", se désole le Pr Lorant.

Le tabac étant parfois la porte d'entrée vers d'autres comportements, les chercheurs ont demandé aux élèves leurs pratiques concernant le cannabis d'une part et la cigarette électronique d'autre part. Même constat malheureux : si un adolescent sur dix avoue avoir essayé le cannabis dans les sept villes européennes, ils sont le double, soit un sur cinq, dans la capitale wallonne. Pour la cigarette électronique, un tiers des adolescents sondés a déjà essayé en Europe, pour un sur deux à Namur. " La cigarette électronique a ceci de particulier qu'elle reste une addiction, et que dans certains cas, elle constitue un passage vers le tabagisme classique ", commente le professeur néo-louvaniste.

En se penchant sur les normes dans les sept villes européennes, les chercheurs constatent qu'il est plus facile de se procurer des cigarettes en Belgique. Les adolescents sont à la fois aidés par une législation étrangement plus souple que dans les autres pays (on ne peut pas vendre de tabac à un mineur de moins de 16 ans en Belgique, contre 18 ans partout ailleurs), mais également par des vendeurs peu scrupuleux. Ils sont ainsi sept sur dix à mentionner qu'il est facile d'obtenir des cigarettes quand ils le veulent contre 47% à Tampere (Finlande), le meilleur élève.

Recommandations

Sur base de ces considérations, mais également d'entretiens avec les jeunes et les stakeholders, les chercheurs néo-louvanistes proposent quelques recommandations qui s'appliquent tantôt à l'échelon fédéral, tantôt aux élus locaux ou aux acteurs de terrain :

1. Réduire l'accessibilité du tabac (modifier la législation, interdire sous 18 ans et pas 16 ans), par exemple en limitant l'implantation des vendeurs de tabac à proximité des écoles. " L'accessibilité joue un rôle majeur dans la consommation des élèves ", estime le Pr Lorant. " De plus, les vendeurs sont sans foi ni loi : il faut donc également augmenter les contrôles pour les vendeurs, surtout ceux qui sont autours des écoles. "

2. Mettre en place des politiques scolaires de contrôle du tabac inclusives, dans et à l'extérieur de l'école, pour les élèves, le personnel, et les visiteurs.

3. Mettre en oeuvre la réglementation

4. Développer des programmes éducatifs autour du tabac.

5. Faire de Namur une ville sans tabac.

" Le tabac tue un fumeur sur deux ", rappelle en préambule le Pr Vincent Lorant, à la tête de l'étude belge. " Il s'agit de la première cause de mortalité évitable en Belgique. "Concernant le public ciblé, les adolescents en milieu scolaire, le scientifique précise : " Aucun jeune ne se lève le matin en se disant 'je veux fumer'. Le tabagisme n'est pas une décision individuelle : c'est un comportement social. Il y a une responsabilité collective, d'autant plus dans le milieu scolaire. "Pour faire baisser ce comportement à risque, une norme existe depuis 2006. Mais elle n'a jamais été évaluée. Pas plus que les politiques régionales. C'est désormais chose faite grâce au Pr Lorant et son équipe. Entre 2013 et 2018, les chercheurs néo-louvanistes ont arpenté les rues de Namur pour évaluer la réglementation et comprendre pourquoi les politiques menées rencontrent un succès mitigé.Le projet, financé par la Commission européenne, a recruté 24.000 adolescents dans 67 écoles de sept pays européens (Allemagne, Belgique, Irlande, Italie, Finlande, Pays-Bas, Portugal). L'étude s'est également intéressée aux stakeholders (responsables politiques, intervenants au niveau national, régional ou local, professionnels de la santé, etc.) et a mené 56 groupes de discussion avec 319 adolescents.En Belgique, Silne-R s'est déroulé à Namur, " ville choisie sur base méthodologique ", précise le Pr Lorant. " La ville a été choisie parce qu'elle est dans la moyenne de revenus en Belgique et parce qu'il y a un grand nombre d'établissements scolaire du secondaire. " Sept écoles ont participé en 2013 et en 2016.Sur les sept villes analysées, pour l'année 2016, un peu moins d'un tiers des adolescents (moyenne d'âge de 15 ans) ont déjà essayé de fumer. 7% sont des fumeurs quotidiens. En Belgique, à Namur singulièrement, ces chiffres explosent : un adolescent sur deux a déjà essayé de fumer et 12% fument au quotidien. Seule la ville de Latina (Italie) performe moins bien.L'étude étant menée dans la durée, les chercheurs ont néanmoins constaté une diminution du nombre de fumeurs hebdomadaires (de 19% à 14% dans la moyenne des sept villes européennes et de 23 à 18% à Namur). " Nous restons un mauvais élève ", se désole le Pr Lorant.Le tabac étant parfois la porte d'entrée vers d'autres comportements, les chercheurs ont demandé aux élèves leurs pratiques concernant le cannabis d'une part et la cigarette électronique d'autre part. Même constat malheureux : si un adolescent sur dix avoue avoir essayé le cannabis dans les sept villes européennes, ils sont le double, soit un sur cinq, dans la capitale wallonne. Pour la cigarette électronique, un tiers des adolescents sondés a déjà essayé en Europe, pour un sur deux à Namur. " La cigarette électronique a ceci de particulier qu'elle reste une addiction, et que dans certains cas, elle constitue un passage vers le tabagisme classique ", commente le professeur néo-louvaniste.En se penchant sur les normes dans les sept villes européennes, les chercheurs constatent qu'il est plus facile de se procurer des cigarettes en Belgique. Les adolescents sont à la fois aidés par une législation étrangement plus souple que dans les autres pays (on ne peut pas vendre de tabac à un mineur de moins de 16 ans en Belgique, contre 18 ans partout ailleurs), mais également par des vendeurs peu scrupuleux. Ils sont ainsi sept sur dix à mentionner qu'il est facile d'obtenir des cigarettes quand ils le veulent contre 47% à Tampere (Finlande), le meilleur élève.Sur base de ces considérations, mais également d'entretiens avec les jeunes et les stakeholders, les chercheurs néo-louvanistes proposent quelques recommandations qui s'appliquent tantôt à l'échelon fédéral, tantôt aux élus locaux ou aux acteurs de terrain :1. Réduire l'accessibilité du tabac (modifier la législation, interdire sous 18 ans et pas 16 ans), par exemple en limitant l'implantation des vendeurs de tabac à proximité des écoles. " L'accessibilité joue un rôle majeur dans la consommation des élèves ", estime le Pr Lorant. " De plus, les vendeurs sont sans foi ni loi : il faut donc également augmenter les contrôles pour les vendeurs, surtout ceux qui sont autours des écoles. "2. Mettre en place des politiques scolaires de contrôle du tabac inclusives, dans et à l'extérieur de l'école, pour les élèves, le personnel, et les visiteurs.3. Mettre en oeuvre la réglementation4. Développer des programmes éducatifs autour du tabac.5. Faire de Namur une ville sans tabac.