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Une question qui, elle, n'est pas celle de l'aspect éthique, à juste titre très discuté, des propos du Pr Brugada concerne le bilan du tabagisme pour les finances publiques. On sait qu'à la source le tabac rapporte des montants considérables en termes de taxes. Mais ces rentrées pour la collectivité sont évidemment plus que largement compensées par les coûts en termes de soins de santé et d'incapacité de travail ou d'invalidité chez des sujets encore dans la fleur de l'âge, ce qui fait que le tabac coûte in fine beaucoup d'argent à l'Etat. Mais qu'en est-il passé l'âge de 65 ans, c'est-à-dire après la retraite ? On pourrait se dire qu'un patient qui meurt aux alentours de cet âge engendre bien des économies du fait de sa pension que l'Etat ne devra plus verser. Mais, précise le Pr Lieven Annemans (professeur d'économie de la santé à l'université de Gand et à la VUB), interrogé à ce sujet , "penser cela est une erreur classique que l'on commet. Une pension de retraite n'est pas une perte pour l'économie. C'est simplement un transfert d'argent d'une main à l'autre. Si quelqu'un meurt à 70 ans on n'a rien gagné du point de vue économique, que du contraire. C'est, en termes économiques, la perte d'un consommateur et la perte d'années en bonne santé, ce qui a aussi une signification économique. Ceci est en rapport avec la théorie économique autour du 'value of life' (la mesure dans laquelle les gens sont prêts à payer pour une espérance de vie prolongée est une indication de la valeur d'une année de vie)."Et Lieven Annemans de conclure de façon formelle que si on tient compte de tous les facteurs en jeu, le tabac coût nettement plus à la société qu'il ne lui rapporte.