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Des chercheurs ont évalué l'incidence de la maladie thromboembolique veineuse (embolie pulmonaire aiguë symptomatique et thrombose veineuse profonde) et des complications thrombotiques artérielles (AVC ischémique, infarctus du myocarde et embolie artérielle systémique) chez 184 patients COVID-19 admis dans une unité de soins intensifs de trois hôpitaux néerlandais entre le 7 mars 2020 et le 5 avril 2020. Ces derniers ont été suivis jusqu'à leur sortie des soins intensifs, leur décès ou la date du 5 avril, selon la première des trois éventualités. La durée médiane de l'observation par patient a été de sept jours. Tous ont bénéficié au moins des doses standard d'un traitement thromboprophylaxique. Parmi eux, 23 sont décédés (13%), 22 ont quitté les soins intensifs (12%) et 139 (76%) s'y trouvaient toujours en date du 5 avril. Cette étude observationnelle a mis en évidence la très haute incidence des événements thrombotiques chez les patients concernés et ce malgré la prophylaxie systématique de la thrombose. Au total 31% d'événements thrombotiques ont été diagnostiqués dont 27% liés à une embolie pulmonaire ou une thrombose veineuse profonde. Des événements thrombotiques artériels ont été mis en évidence dans 3,7% des cas. L'embolie pulmonaire aiguë est l'incident thrombotique le plus fréquent. L'âge et la coagulopathie sont des prédicteurs indépendants de complications thrombotiques.La haute incidence des événements thrombotiques est d'autant plus remarquable que ceux-ci n'ont été recherchés que lorsqu'il existait une suspicion clinique. Elle est comparable à celle de la maladie thromboembolique veineuse dans d'autres catégories de patients avec coagulation intravasculaire disséminée manifeste, ce qu'aucun des patients de l'étude n'a développé.Les auteurs considèrent que leurs résultats renforcent la recommandation d'appliquer strictement la prophylaxie pharmacologique de la thrombose à tous les patients COVID-19 admis aux soins intensifs et suggèrent fortement d'augmenter la prophylaxie vers des doses prophylactiques élevées, même en l'absence de preuves randomisées.Enfin, plutôt que d'administrer un traitement anticoagulant à tous les patients infectés qui se retrouvent aux soins intensifs, ils proposent que les médecins soient vigilants quant aux signes de complications thrombotiques et ordonnent des tests de diagnostic appropriés à un seuil bas.(référence : Thrombosis Research, 10 avril 2020, doi : 10.1016/j.thromres.2020.04.013)