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Le PANMS, en réflexion depuis 2013, a été créé en 2015 au CHR Haute Senne. " Il ne s'agit pas seulement d'un ancien service dont on a changé le nom en le rebaptisant de cette façon", explique Séverine Abellaneda, PhD, kinésithérapeute cheffe de service. "Dans notre réflexion, nous avons évalué les besoins des patients nous faisant confiance. Ensuite, nous avons rassemblé les professionnels spécialisés dans les domaines concernés pour apporter des compétences particulières. C'est désormais une dynamique globale qui existe au sein de notre institution. Nous avons souhaité mobiliser et rassembler les professionnels les plus concernés autour d'un " besoin patient " pour que la collaboration multidisciplinaire devienne une évidence, pas qu'une vue de l'esprit mais bien la réalité de notre quotidien.""Nous sommes partis de zéro en 2012-2013. Avant, l'orthopédie rassemblait des médecins qui ne collaboraient pas entre eux. Il y avait même une concurrence interne ", explique le chirurgien Pierre-Yves Descamps, chef de service. "A notre arrivée au CHR, nous avons fait table rase et rassemblé les professionnels. Nous avons partagé et sectorisé le travail. Les kinésithérapeutes eux aussi ont réorganisé leurs activités. J'étais demandeur d'une collaboration plus large avec la gériatrie, la physiothérapie, la rhumatologie... Nous sommes passés de quatre chirurgiens orthopédiques à sept, dont un chirurgien de la main. L'occupation du bloc opératoire augmente progressivement. Par le passé, nous occupions une salle. Aujourd'hui, nous en utilisons presque deux. Mon objectif, à terme, est que la moitié de l'activité du bloc opératoire (composé de sept salles) soit lié à l'orthopédie." Le PANMS regroupe les services d'orthopédie, de kinésithérapie et revalidation fonctionnelle, de rhumatologie, de médecine physique et toutes les consultations ambulatoires des pathologies neuro-musculo-squelettiques sur le site du Tilleriau. " Les professionnels se réunissent autour du patient qui doit bénéficier d'un type de prise en charge spécifique", explique Séverine Abellaneda. " Pour construire et développer le pôle, nous avons pris pour référence la législation en vigueur et, plus précisément, cinq compétences reconnues au plan kinésithérapeutique: la prévention, l'éducation et l'information, l'expertise, les prises en charge aigues et les prises en charge de pathologies chroniques. Pour ces cinq secteurs, nous avons examiné la littérature scientifique et avons développé les itinéraires cliniques qui seraient les plus pertinents et ajustés aux besoins des patients. Ces itinéraires sont étudiés pour répondre à une qualité de soins sur le plan scientifique, mais aussi sur le plan financier en organisant les consultations et en diminuant le coût à charge du patient. Nous ne voulons pas multiplier inutilement les examens. "Pour certaines lésions - par exemple, la rupture du ligament croisé antérieur du genou - le processus doit être suffisamment aiguisé pour proposer et expliquer les différentes options thérapeutiques sans multiplier les consultations, examens complémentaires et séances de kinésithérapie. La prise en charge de cette lésion nécessite une connaissance de la littérature pour en comprendre toutes les conséquences et pour apporter une information claire et ouverte au choix et à la situation de chaque patient. Différentes options thérapeutiques peuvent être proposées et discutées avec le chirurgien. Le CHR Haute Senne dispose également d'une Clinique du sport. "Elle a un rôle important de prévention. Pour nous les chirurgiens, qui voyons surtout les blessures, travailler avec cette clinique nous a appris à travailler autrement. Cela nous pousse davantage à envoyer les patients pour des examens préventifs.Nous voulons apporter des réponses précisesaux sportifs de la Clinique du sport, ceci dans les limites des connaissances actuelles", souligne Séverine Abellaneda. " Pour cette compétence qui est la prévention, nous avons privilégié des points clefs de la littérature scientifique. En Clinique du sport, des évaluations sont proposées pour les sports où les connaissances actuelles permettent un travail réaliste en fonction de certains facteurs de risques identifiés tels que les catégories d'âge où encore le niveau de pratique. " A la demande d'un club ou d'une personne qui pratique une activité particulière, l'équipe peut mettre en place une stratégie préventive relative à un type de blessures. Un exemple est celui des conséquences ravageuses des lésions musculaires des muscles ischio-jambiers chez les footballeurs. Ces lésions sont les plus courantes, elles sont donc celles qui impactent le plus de joueurs, de plus en plus jeunes d'ailleurs, elles sont les lésions qui ont de fait, un coût non négligeable pour les parents et la société. Enfin, elles sont celles qui ont un taux de récidive les plus importants. Il est possible d'agir préventivement sur plusieurs facteurs de risque extrinsèques. Après celui des ruptures du ligament croisé antérieur du genou, les lésions musculaires sont un autre itinéraire clinique du PANMS. " Parmi les autres itinéraires sur lesquels nous travaillons activement pour proposer des prises en charge de qualité, il y a par exemple les personnes qui souffrent de douleurs d'origine non identifiées au niveau des hanches, du bassin ou du rachis. Il n'est plus question de laisser ces patients oeuvrer de médecins en médecins et de kinésithérapeutes en kinésithérapeutes. Nous recherchons autant que possible l'origine possible des douleurs, de manière méthodique et nous communiquons pour proposer des solutions durables. Il en est de même pour les personnes qui souffrent de lombalgies. ", poursuit Séverine Abellaneda. " Une autre équipe est en charge de ses patients pour contribuer à limiter le risque de chronicisation tel que le recommande par exemple, les rapports fédéraux. Les entorses de chevilles non soignées ou insuffisamment soignées (70% des cas) vont être à l'origine de douleurs chroniques localisées plus ou moins invalidantes. Nous souhaitons contribuer à améliorer ceci et à diminuer ces mauvais résultats, modestement et selon nos compétences, mais notre volonté et notre détermination à le faire sont fortes. "Séverine Abellaneda et Pierre-Yves Descamps coordonnent l'organisation générale du pôle de l'appareil neuro-musculo-squelettique. "Nous le construisons et l'organisons, lésions par lésions, process par process. Lorsque l'un d'eux est finalisé, nous pouvons en remettre le suivi à l'équipe engagée dans celui-ci et nous pouvons nous concentrer sur de nouveaux besoins, de nouvelles avancées scientifiques, la révision d'un process qui peut évoluer. Nous continuons de surveiller les itinéraires tout en donnant les clés aux équipes. Par exemple, pour la prise en charge des lombalgies, nous avons fait évoluer le premier process en intégrant le service des urgences pour essayer d'orienter le patient de manière pertinente dès le départ. Il reçoit une brochure et un mot de passe qui lui permet d'être identifié lorsqu'il fait le choix de se présenter dans les consultations conseillées. S'il veut se faire suivre en dehors de l'hôpital, c'est également possible, il dispose de la brochure mais n'utilisera pas le mot de passe." Le PANMS et plus précisément le service de rééducation sont notamment équipés d'une piscine et d'un parcours de revalidation extérieur qui propose six pistes de travail adaptées, accessibles à tous et même logiquement par les personnes soutenues en ligth-Gait. L'institution soutient également annuellement des investissements réalistes et nécessaires au développement de ces itinéraires.Toujours dans cette optique qualitative permanente, Didier Florentz et Séverine Abellaneda sont administrateurs de la Belgian Fédération of Sport Physiotherapy (BFSP). La BFSP est désormais reconnue au plan international et pourra dans ce contexte contribué à la reconnaissance de la kinésithérapie du sport comme spécialité de la kinésithérapie, en Belgique. Les bases de ce travail de reconnaissance sont à nouveau la législation et la littérature scientifique pour proposer des prises en charge réalistes, objectives et rigoureuses. " L'organisation de ce pôle repose sur Séverine Abellaneda, cheffe du serviceen kinésithérapie et revalidation fonctionnelle", précise le Dr Pierre-Yves Descamps. "C'est une très bonne chose. Le fait qu'elle ne soit ni chirurgien, ni médecin apporte une vision différente. Le lien multidisciplinaire est dès lors plus facile à établir. Lors de mes expériences professionnelles précédentes, j'ai pu remarquer qu'il est très difficile de faire travailler ensemble des chirurgiens, des rhumatologues, des physiothérapeutes, les anesthésistes... Ici ce n'est pas le cas.Le lien est établi et suivi par madame Abellaneda." " Les kinésithérapeutes sont parvenus à gagner la confiance des médecins. Nous pouvons échanger sur les prises en charge et partager nos expertises respectives. C'est une grande richesse", complète la cheffe de service.Vincent Claes