Le PICS (pour post-intensive care syndrome) n'est pas propre au Covid-19. Mais l'hospitalisation soudaine de nombreux patients en USI, due au Covid, a affolé la planète depuis mars, précise le KCE. La situation devrait multiplier la fréquence du PICS dans notre pays.

Or, " à l'heure actuelle, les problèmes liés au PICS ne sont pas souvent identifiés en Belgique. Non seulement il est peu connu du monde médical et du grand public, mais les patients qui ont séjourné aux soins intensifs ne font pas l'objet d'un suivi systématique après leur sortie ", explique le Dr Germaine Hanquet, responsable de cette étude. " Et puisque la plupart des patients qui ont séjourné aux soins intensifs seront tôt ou tard en contact avec leur médecin généraliste, ce rapport a été rédigé - dans une certaine urgence - à leur attention. Nous sommes bien conscients de leur surcharge actuelle de travail, mais il est un fait qu'ils seront aussi très souvent en première ligne pour détecter les signes de PICS et organiser une prise en charge. "

Les manifestations du PICS

On identifie trois types de symptômes PICS:

1/ Les symptômes physiques. Le problème principal est une faiblesse musculaire extrême, observée chez environ 40% des patients. " Cette faiblesse n'est pas simplement due à une immobilité prolongée mais à une véritable atrophie musculaire liée à un contexte inflammatoire aigu. Elle régresse dans le courant de la première année pour une majorité des cas. "

2/ Les problèmes cognitifs et de mémoire. Les problèmes de type cognitif (ou l'aggravation de problèmes préexistants) peuvent survenir chez 20-40% des patients. " Typiquement, il s'agit de pertes de mémoire, de difficultés à s'exprimer verbalement, de troubles de l'attention et de difficultés dans les fonctions exécutives. Ces problèmes cognitifs peuvent persister plusieurs années. "

3/ Dépression, angoisse et stress post-traumatique (aussi pour les proches). " Des symptômes psychologiques tels que l'anxiété ou la dépression peuvent apparaître chez 20 à 35% des patients dans les mois qui suivent la sortie d'hospitalisation et peuvent persister longtemps. "

A part quelques équipes-pilotes, peu de services de soins intensifs proposent vraiment des consultations de suivi.

L'impact psychologique du passage en USI est le plus invalidant. " Environ 20% des patients développent même un véritable syndrome de stress post-traumatique, avec irruption de souvenirs traumatisants, de cauchemars, et de flashbacks, ainsi que des comportements d'évitement des situations leur rappelant l'USI. "

Ceci peut aussi persister plusieurs années. Les proches des patients peuvent également en souffrir dans une proportion de 20 à 50%. D'autant plus que les proches vont prendre en charge le patient de retour au domicile.

Journal de bord

Médecins et soignants peuvent facilement passer à côté du PICS car, après la sortie de l'hôpital, " l'attention est généralement focalisée sur la pathologie de départ (grave par définition) et sur l'état physique du patient. Les symptômes cognitifs et psychologiques peuvent alors passer au second plan et le lien avec le séjour en soins intensifs n'est pas toujours établi ".

A part quelques équipes-pilotes, peu de services de soins intensifs proposent vraiment des consultations de suivi. En Scandinavie, les services de SI tiennent un journal de bord du patient. Une coutume peu répandue en Belgique.

Pour des problèmes cognitifs isolés, " le MG aura intérêt à demander une évaluation par un neuropsychologue afin de prévoir une rééducation ciblée. La dépression et l'anxiété sont des problèmes qu'il connaît bien, mais le syndrome de stress post-traumatique est plus complexe et requiert souvent une prise en charge spécifique ".

Médecins traitants et médecins du travail doivent aussi tenir compte de longues incapacités de travail après des séjours en SI. La récente réforme de la réinsertion au travail (trajets de réinsertion) devrait les y aider. " 40 % de ceux qui travaillaient avant leur maladie n'étaient pas retournés au travail un an après la sortie de l'hôpital et ce chiffre stagne aux alentours de 32 % après 4 ou 5 ans. Les employeurs devront être sensibilisés aux conséquences d'un séjour en soins intensifs et àl'existence du PICS. "

Le KCE poursuit ses travaux en s'attachant à la prévention des passages en SI. Il fera l'objet d'un rapport dans le courant de 2021.

Le PICS (pour post-intensive care syndrome) n'est pas propre au Covid-19. Mais l'hospitalisation soudaine de nombreux patients en USI, due au Covid, a affolé la planète depuis mars, précise le KCE. La situation devrait multiplier la fréquence du PICS dans notre pays.Or, " à l'heure actuelle, les problèmes liés au PICS ne sont pas souvent identifiés en Belgique. Non seulement il est peu connu du monde médical et du grand public, mais les patients qui ont séjourné aux soins intensifs ne font pas l'objet d'un suivi systématique après leur sortie ", explique le Dr Germaine Hanquet, responsable de cette étude. " Et puisque la plupart des patients qui ont séjourné aux soins intensifs seront tôt ou tard en contact avec leur médecin généraliste, ce rapport a été rédigé - dans une certaine urgence - à leur attention. Nous sommes bien conscients de leur surcharge actuelle de travail, mais il est un fait qu'ils seront aussi très souvent en première ligne pour détecter les signes de PICS et organiser une prise en charge. "On identifie trois types de symptômes PICS:1/ Les symptômes physiques. Le problème principal est une faiblesse musculaire extrême, observée chez environ 40% des patients. " Cette faiblesse n'est pas simplement due à une immobilité prolongée mais à une véritable atrophie musculaire liée à un contexte inflammatoire aigu. Elle régresse dans le courant de la première année pour une majorité des cas. "2/ Les problèmes cognitifs et de mémoire. Les problèmes de type cognitif (ou l'aggravation de problèmes préexistants) peuvent survenir chez 20-40% des patients. " Typiquement, il s'agit de pertes de mémoire, de difficultés à s'exprimer verbalement, de troubles de l'attention et de difficultés dans les fonctions exécutives. Ces problèmes cognitifs peuvent persister plusieurs années. "3/ Dépression, angoisse et stress post-traumatique (aussi pour les proches). " Des symptômes psychologiques tels que l'anxiété ou la dépression peuvent apparaître chez 20 à 35% des patients dans les mois qui suivent la sortie d'hospitalisation et peuvent persister longtemps. "L'impact psychologique du passage en USI est le plus invalidant. " Environ 20% des patients développent même un véritable syndrome de stress post-traumatique, avec irruption de souvenirs traumatisants, de cauchemars, et de flashbacks, ainsi que des comportements d'évitement des situations leur rappelant l'USI. " Ceci peut aussi persister plusieurs années. Les proches des patients peuvent également en souffrir dans une proportion de 20 à 50%. D'autant plus que les proches vont prendre en charge le patient de retour au domicile.Médecins et soignants peuvent facilement passer à côté du PICS car, après la sortie de l'hôpital, " l'attention est généralement focalisée sur la pathologie de départ (grave par définition) et sur l'état physique du patient. Les symptômes cognitifs et psychologiques peuvent alors passer au second plan et le lien avec le séjour en soins intensifs n'est pas toujours établi ". A part quelques équipes-pilotes, peu de services de soins intensifs proposent vraiment des consultations de suivi. En Scandinavie, les services de SI tiennent un journal de bord du patient. Une coutume peu répandue en Belgique.Pour des problèmes cognitifs isolés, " le MG aura intérêt à demander une évaluation par un neuropsychologue afin de prévoir une rééducation ciblée. La dépression et l'anxiété sont des problèmes qu'il connaît bien, mais le syndrome de stress post-traumatique est plus complexe et requiert souvent une prise en charge spécifique ".Médecins traitants et médecins du travail doivent aussi tenir compte de longues incapacités de travail après des séjours en SI. La récente réforme de la réinsertion au travail (trajets de réinsertion) devrait les y aider. " 40 % de ceux qui travaillaient avant leur maladie n'étaient pas retournés au travail un an après la sortie de l'hôpital et ce chiffre stagne aux alentours de 32 % après 4 ou 5 ans. Les employeurs devront être sensibilisés aux conséquences d'un séjour en soins intensifs et àl'existence du PICS. "Le KCE poursuit ses travaux en s'attachant à la prévention des passages en SI. Il fera l'objet d'un rapport dans le courant de 2021.