Pour Gilbert Bejjani, cette question de l'achat par la valeur (Value Based Procurement) est fondamentale. "Le corps médical peut-il être davantage impliqué dans le processus d'achat des dispositifs médicaux, de façon semi-obligatoire, en lui donnant l'occasion de formuler un avis sur l'intérêt clinique du matériel?", interpelle le vice-président de l'Absym et membre de l'Association belge des directeurs médicaux. "Peut-on aussi assurer une transparence complète sur les conflits d'intérêts de la part des médecins et lister les parties prenantes à l'offre d'achat?" Le Dr Bejjani a rappelé lors du débat (1) plusieurs évolutions du secteur de la santé: vieillissement de la population, standardisation des actes aigus et non-aigus, nécessité de regrouper les prises en charge complexes dans des centres de référence et de bien financer les nouvelles technologies, mise en place des réseaux hospitaliers loco-régionaux... "Le défi des soins basés sur la valeur est d'améliorer la qualité et l'accessibilité des soins. La prévention, le développement de la première ligne et de l'hospitalisation à domicile sont des pistes pour parvenir à mieux dépenser l'argent dans les soins de santé."

Dr Gilbert Bejjani: "Le défi des soins basés sur la valeur est d'améliorer la qualité et l'accessibilité des soins.

Le vice-président de l'Absym estime que les prestataires de soins belges doivent se préparer à s'intégrer dans la vision européenne du Value Based Procurement. "Le secteur de la santé se doit d'ajouter la notion de valeur dans ses approvisionnements, et ne plus se focaliser uniquement sur les volumes, les coûts et les indicateurs cliniques basiques", pouvait-on déjà entendre en 2019 lors de la conférence européenne Value-Based Procurement qui s'est tenue à Bruxelles.

Indicateurs précis

Gilbert Bejjani estime qu'il faut mettre en place des indicateurs, qui manquent actuellement. "Il faut arriver à chiffrer la qualité clinique d'un produit. Il est donc nécessaire de pouvoir disposer de certaines données et de les partager. Cette volonté est déjà exprimée dans le projet européen Patient-Reported Indicator Surveys (PaRiS), lancé en 2016,et dont l'objectif est d'élaborer, de normaliser et de mettre en oeuvre une nouvelle génération d'indicateurs qui mesurent les résultats et les expériences en matière de soins de santé importantes pour la population. L'idée était d'éviter le gaspillage et la redondance en mesurant les indicateurs cliniques."

Pour Gilbert Bejjani, ces réflexions peuvent s'appliquer, à titre d'exemple, à un sujet polémique (lire jdM 2730), tel que l'utilité d'investir dans la chirurgie robotique. "Tout dépend des indicateurs que l'on prend pour comparer. Par exemple, si c'est celui du temps opératoire, de la durée de séjour, de la diminution sur le long terme de l'incontinence... Il faut aussi comparer la qualité de vie. Par exemple, lors de l'achat d'un cathéter, quel est l'impact de ce type de cathéter sur la douleur du patient."

L'anesthésiste pointe les barrières qui empêchent aujourd'hui d'évoluer vers l'achat par la valeur: le fonctionnement en silos, l'inertie au changement, le système de financement, la complexité des indicateurs... "Actuellement, en Belgique, on peut demander aux médecins de s'impliquer dans un dossier d'achat via les commissions médicales et médico-pharmaceutiques. L'article 73 de la Loi assurance obligatoire soins de santé indique qu'il faut éviter les prestations superflues ou inutilement onéreuses. Pour les médicaments, le cadre est beaucoup plus clair. Par ailleurs, l'article quatre de la récente loi Qualité précise que le choix des traitements proposés par les prestataires de soins doit répondre à des bases scientifiques. L'Inami essaye d'intégrer le principe du Value Based, mais les institutions de soins ne sont pas obligées de le faire. Au niveau européen, le processus Most Economically Advantageous Tender (Meat), adopté par le Parlement européen en 2014, permet de réfléchir à la valeur monétaire de la qualité clinique."

Le Dr Bejjani est convaincu que les médecins belges devront s'impliquer davantage à l'avenir dans le principe de l'achat par la valeur.

1. Dominique Winand (Win Consulting), Pierre Slegers (Swing Law) et Koen Deryckere (AZ Maria Middelares), Anja Palmaerts (Apexpro) ont également participé à cette rencontre-débat organisée le 24 novembre dans le cadre du HealthCare Tender Day.

Pour Gilbert Bejjani, cette question de l'achat par la valeur (Value Based Procurement) est fondamentale. "Le corps médical peut-il être davantage impliqué dans le processus d'achat des dispositifs médicaux, de façon semi-obligatoire, en lui donnant l'occasion de formuler un avis sur l'intérêt clinique du matériel?", interpelle le vice-président de l'Absym et membre de l'Association belge des directeurs médicaux. "Peut-on aussi assurer une transparence complète sur les conflits d'intérêts de la part des médecins et lister les parties prenantes à l'offre d'achat?" Le Dr Bejjani a rappelé lors du débat (1) plusieurs évolutions du secteur de la santé: vieillissement de la population, standardisation des actes aigus et non-aigus, nécessité de regrouper les prises en charge complexes dans des centres de référence et de bien financer les nouvelles technologies, mise en place des réseaux hospitaliers loco-régionaux... "Le défi des soins basés sur la valeur est d'améliorer la qualité et l'accessibilité des soins. La prévention, le développement de la première ligne et de l'hospitalisation à domicile sont des pistes pour parvenir à mieux dépenser l'argent dans les soins de santé."Le vice-président de l'Absym estime que les prestataires de soins belges doivent se préparer à s'intégrer dans la vision européenne du Value Based Procurement. "Le secteur de la santé se doit d'ajouter la notion de valeur dans ses approvisionnements, et ne plus se focaliser uniquement sur les volumes, les coûts et les indicateurs cliniques basiques", pouvait-on déjà entendre en 2019 lors de la conférence européenne Value-Based Procurement qui s'est tenue à Bruxelles. Gilbert Bejjani estime qu'il faut mettre en place des indicateurs, qui manquent actuellement. "Il faut arriver à chiffrer la qualité clinique d'un produit. Il est donc nécessaire de pouvoir disposer de certaines données et de les partager. Cette volonté est déjà exprimée dans le projet européen Patient-Reported Indicator Surveys (PaRiS), lancé en 2016,et dont l'objectif est d'élaborer, de normaliser et de mettre en oeuvre une nouvelle génération d'indicateurs qui mesurent les résultats et les expériences en matière de soins de santé importantes pour la population. L'idée était d'éviter le gaspillage et la redondance en mesurant les indicateurs cliniques."Pour Gilbert Bejjani, ces réflexions peuvent s'appliquer, à titre d'exemple, à un sujet polémique (lire jdM 2730), tel que l'utilité d'investir dans la chirurgie robotique. "Tout dépend des indicateurs que l'on prend pour comparer. Par exemple, si c'est celui du temps opératoire, de la durée de séjour, de la diminution sur le long terme de l'incontinence... Il faut aussi comparer la qualité de vie. Par exemple, lors de l'achat d'un cathéter, quel est l'impact de ce type de cathéter sur la douleur du patient."L'anesthésiste pointe les barrières qui empêchent aujourd'hui d'évoluer vers l'achat par la valeur: le fonctionnement en silos, l'inertie au changement, le système de financement, la complexité des indicateurs... "Actuellement, en Belgique, on peut demander aux médecins de s'impliquer dans un dossier d'achat via les commissions médicales et médico-pharmaceutiques. L'article 73 de la Loi assurance obligatoire soins de santé indique qu'il faut éviter les prestations superflues ou inutilement onéreuses. Pour les médicaments, le cadre est beaucoup plus clair. Par ailleurs, l'article quatre de la récente loi Qualité précise que le choix des traitements proposés par les prestataires de soins doit répondre à des bases scientifiques. L'Inami essaye d'intégrer le principe du Value Based, mais les institutions de soins ne sont pas obligées de le faire. Au niveau européen, le processus Most Economically Advantageous Tender (Meat), adopté par le Parlement européen en 2014, permet de réfléchir à la valeur monétaire de la qualité clinique."Le Dr Bejjani est convaincu que les médecins belges devront s'impliquer davantage à l'avenir dans le principe de l'achat par la valeur.