Auteur du premier single punk quelques semaines avant les Sex Pistols, The Damned, s'ils n'ont pas connu le même succès, peuvent par contre faire valoir une longévité impressionnante pour une formation de ce genre. Captain Sensible, dernier membre fondateur du quintette actuel au même titre que le chanteur Dave Vanian, fut par ailleurs auteur à titre individuel d'une carrière solo ponctuée par le tube interplanétaire "Wot!" au début des années 80. Le guitariste évoque avec humour l'étonnante carrière des Damned, ainsi que cet excellent 13e album studio aux chansons accrocheuses et parfois belles... à ce damner.

Le journal du Médecin: Votre jeu de guitare se révèle très en avant et présente sur cet album, presque à la manière hard rock, notamment sur le morceau "Girl I'll Stop At Nothting", sur lequel, étrangement, votre solo évoque Ritchie Blackmore de Deep Purple.

Captain Sensible: (il rit) En fait, c'est avec cette chanson que, nous terminions les dates de notre tournée qui vient de s'achever en Europe et au Royaume-Uni: mon solo de guitare était différent chaque soir et consistait en effet en une sorte de dialogue entre le synthé et la guitare à la manière de John Lord et Ritchie Blackmore à l'époque. D'ailleurs, à la fin de l'un des concerts et de cette chanson, je me suis écrié: "Bloody hell! Mesdames et messieurs, nous sommes en train de devenir Deep Purple!" (rires)

© EarMusic

En tant que vétéran punk justement, que pensez-vous de groupes punkoïdes récents comme Shame, Fontaine D.C., Idles ou Viagra boys?

Je n'en connais aucun... Je suis sûr qu'il y a de bons groupes aujourd'hui, mais il y a tellement de merdes autour. Je n'arrive pas à me résoudre à les écouter et me contente de me plonger dans mes anciens disques. Je suis le vieux gars assis dans un coin du pub, à me plaindre du fait que la musique d'aujourd'hui est nulle. Les autres habitués au bar disent aux clients de passage qui s'étonnent : "faut pas s'inquiéter; ce vieux grincheux se plaint toujours que toute la musique actuelle est à mettre aux chiottes. On s'en fout de ce que raconte ce débris installé près du juke-box... que plus personne n'écoute non plus." (rires)

L'humour des punks

"Wake The Dead", "Beware of the Clown" et "Roderick" sonnent comme du gothique avec de l'humour, un peu comme le vampire du Muppets Show à l'époque, les films de Roger Corman ou de Russ Meyer.

Un côté kitch dans le fantastique que nous cultivons, à la manière dee certaines icônes du genre comme Vincent Price ou Bela Lugosi, figure qui est certainement liée à l'apparition du gothique dans le rock:il n'y a qu'à voir le "Bela Lugosi's Death" de Bauhaus à l'époque.

Les groupes punk ont-il un grand sens de l'humour ?

Cela devrait être le cas et pourtant... Le punk était une sorte de réaction contre les rocks stars prétentieuses des seventies qui pensaient avoir inventé la roue et qui remplissaient les stades. Cette réaction qui se moque supposait un certain sens de l'humour, mais malheureusement, la plupart des musiciens punks connus se prennent également trop au sérieux.

Ce qui est incroyable, c'est que vous avez eu en tant que producteur Nick Mason, membre de Pink Floyd, archétype du rock progressif, ce qui ne correspond pas vraiment à l'image que l'on se fait d'un groupe punk?

Non. A l'époque, nous avions demandé à l'éditeur musical de Pink Floyd, qui était également le nôtre, s'il pouvait solliciter Syd Barrett, premier leader et chanteur de Pink Floyd, afin qu'il produise notre prochain album. Nous sommes donc allés au studio en attendant Syd Barrett, et c'est Nick Mason qui a débarqué à la place. Il a dit : " Oh, je suis désolé, les gars. Syd n'est pas en état de le faire. Cela vous dérangerait-il que je produise l'album à sa place ?" Et comme en plus il nous proposait d'enregistrer gratuitement dans le studio du Floyd, nous avons accepté.

Marc Bolan

Une des choses les plus étonnante dans votre carrière, c'est que vous avez fait la première partie de T-Rex, icône du glam rock, genre que les punk sont sensés détester et auquel ils se sont opposés...

C'est vrai, mais Marc Bolan était quelqu'un d'intelligent, contrairement à certains de ses contemporains, de ces grandes stars du rock des années 1970 qui détestaient la musique punk. Pour sa part, Marc se disait: c'est la nouveauté et je veux en faire partie.Il s'est coupé les cheveux et a demandé à son groupe d'accélérer le rythme de chaque chanson, interprétant des versions plus rapides de ses tubes. Tous les soirs, j'assistais à son concert qui se révélait fascinant. Marc était un très bon guitariste et livrait une version brute et bien plus passionnante de ses titres. Il s'est vraiment montré sympa avec nous, nous emmenant dans son bus de tournée nous donnant de conseils quant au choix de studios et en termes de directions musicales...

Lemmy Kilmister de Motörhead aurait joué de la basse dans les Damned...

Oui! C'était à une époque où j'avais quitté le groupe pour rejoindre Amsterdam. Nous étions tous complètement ruinés, au point que je dormais par terre chez des connaissances. Rat Scabies, le batteur de l'époque, m'a téléphoné un jour et m'a proposé de nous reformer pour quelques dates, histoire de gagner un peu d'argent et payer les factures. "Tu t'occuperais de la partie guitare" me dit-il, et il ne nous reste plus qu'à trouver un bassiste". Nous avons alors pensé à Lemmy parce que nous savions dans quel pub londonien le trouver. Je suis allé le voir et il m'a dit "ok, laisse-moi essayer". Pour ces concerts, il devait juste apprendre cinq ou six morceaux des Damned et nous avons fait de même avec une poignée de chansons de Motörhead... Et au final, nous avons tous été payés! (rires)

The Damned. Darkadelic. V2.

Auteur du premier single punk quelques semaines avant les Sex Pistols, The Damned, s'ils n'ont pas connu le même succès, peuvent par contre faire valoir une longévité impressionnante pour une formation de ce genre. Captain Sensible, dernier membre fondateur du quintette actuel au même titre que le chanteur Dave Vanian, fut par ailleurs auteur à titre individuel d'une carrière solo ponctuée par le tube interplanétaire "Wot!" au début des années 80. Le guitariste évoque avec humour l'étonnante carrière des Damned, ainsi que cet excellent 13e album studio aux chansons accrocheuses et parfois belles... à ce damner.Le journal du Médecin: Votre jeu de guitare se révèle très en avant et présente sur cet album, presque à la manière hard rock, notamment sur le morceau "Girl I'll Stop At Nothting", sur lequel, étrangement, votre solo évoque Ritchie Blackmore de Deep Purple.Captain Sensible: (il rit) En fait, c'est avec cette chanson que, nous terminions les dates de notre tournée qui vient de s'achever en Europe et au Royaume-Uni: mon solo de guitare était différent chaque soir et consistait en effet en une sorte de dialogue entre le synthé et la guitare à la manière de John Lord et Ritchie Blackmore à l'époque. D'ailleurs, à la fin de l'un des concerts et de cette chanson, je me suis écrié: "Bloody hell! Mesdames et messieurs, nous sommes en train de devenir Deep Purple!" (rires)En tant que vétéran punk justement, que pensez-vous de groupes punkoïdes récents comme Shame, Fontaine D.C., Idles ou Viagra boys? Je n'en connais aucun... Je suis sûr qu'il y a de bons groupes aujourd'hui, mais il y a tellement de merdes autour. Je n'arrive pas à me résoudre à les écouter et me contente de me plonger dans mes anciens disques. Je suis le vieux gars assis dans un coin du pub, à me plaindre du fait que la musique d'aujourd'hui est nulle. Les autres habitués au bar disent aux clients de passage qui s'étonnent : "faut pas s'inquiéter; ce vieux grincheux se plaint toujours que toute la musique actuelle est à mettre aux chiottes. On s'en fout de ce que raconte ce débris installé près du juke-box... que plus personne n'écoute non plus." (rires) "Wake The Dead", "Beware of the Clown" et "Roderick" sonnent comme du gothique avec de l'humour, un peu comme le vampire du Muppets Show à l'époque, les films de Roger Corman ou de Russ Meyer.Un côté kitch dans le fantastique que nous cultivons, à la manière dee certaines icônes du genre comme Vincent Price ou Bela Lugosi, figure qui est certainement liée à l'apparition du gothique dans le rock:il n'y a qu'à voir le "Bela Lugosi's Death" de Bauhaus à l'époque. Les groupes punk ont-il un grand sens de l'humour ? Cela devrait être le cas et pourtant... Le punk était une sorte de réaction contre les rocks stars prétentieuses des seventies qui pensaient avoir inventé la roue et qui remplissaient les stades. Cette réaction qui se moque supposait un certain sens de l'humour, mais malheureusement, la plupart des musiciens punks connus se prennent également trop au sérieux.Ce qui est incroyable, c'est que vous avez eu en tant que producteur Nick Mason, membre de Pink Floyd, archétype du rock progressif, ce qui ne correspond pas vraiment à l'image que l'on se fait d'un groupe punk? Non. A l'époque, nous avions demandé à l'éditeur musical de Pink Floyd, qui était également le nôtre, s'il pouvait solliciter Syd Barrett, premier leader et chanteur de Pink Floyd, afin qu'il produise notre prochain album. Nous sommes donc allés au studio en attendant Syd Barrett, et c'est Nick Mason qui a débarqué à la place. Il a dit : " Oh, je suis désolé, les gars. Syd n'est pas en état de le faire. Cela vous dérangerait-il que je produise l'album à sa place ?" Et comme en plus il nous proposait d'enregistrer gratuitement dans le studio du Floyd, nous avons accepté. Une des choses les plus étonnante dans votre carrière, c'est que vous avez fait la première partie de T-Rex, icône du glam rock, genre que les punk sont sensés détester et auquel ils se sont opposés...C'est vrai, mais Marc Bolan était quelqu'un d'intelligent, contrairement à certains de ses contemporains, de ces grandes stars du rock des années 1970 qui détestaient la musique punk. Pour sa part, Marc se disait: c'est la nouveauté et je veux en faire partie.Il s'est coupé les cheveux et a demandé à son groupe d'accélérer le rythme de chaque chanson, interprétant des versions plus rapides de ses tubes. Tous les soirs, j'assistais à son concert qui se révélait fascinant. Marc était un très bon guitariste et livrait une version brute et bien plus passionnante de ses titres. Il s'est vraiment montré sympa avec nous, nous emmenant dans son bus de tournée nous donnant de conseils quant au choix de studios et en termes de directions musicales...Lemmy Kilmister de Motörhead aurait joué de la basse dans les Damned... Oui! C'était à une époque où j'avais quitté le groupe pour rejoindre Amsterdam. Nous étions tous complètement ruinés, au point que je dormais par terre chez des connaissances. Rat Scabies, le batteur de l'époque, m'a téléphoné un jour et m'a proposé de nous reformer pour quelques dates, histoire de gagner un peu d'argent et payer les factures. "Tu t'occuperais de la partie guitare" me dit-il, et il ne nous reste plus qu'à trouver un bassiste". Nous avons alors pensé à Lemmy parce que nous savions dans quel pub londonien le trouver. Je suis allé le voir et il m'a dit "ok, laisse-moi essayer". Pour ces concerts, il devait juste apprendre cinq ou six morceaux des Damned et nous avons fait de même avec une poignée de chansons de Motörhead... Et au final, nous avons tous été payés! (rires)