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En 1962, André Malraux, ministre de la Culture du général de Gaulle, convainc ce dernier de prêter La Joconde aux Américains. Il accepte, et Malraux se fait fort d'accompagner lui-même le trésor italien, au grand dam des conservateurs du Louvre qui craignent pour le chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci, du fait des conditions de transport prévues lors de son voyage transatlantique sur le paquebot "France". De cette histoire authentique, les scénaristes Bourhis (auteur du millésimé "Teckel") et Bourgeron imaginent une traversée épique, secouée, malgré cinq jours d'une mer d'huile, par les tempêtes d'un Malraux opiomane, alcoolique et bien sûr affabulateur de premier ordre. Entre "La Party" de Peter Sellers et "Les bijoux de la Castafiore", que rappelle le dessin de Tanquerelle et l'écriture des phylactères en italiques également très tintinesque, "Le ministre et La Joconde" est une bédé réjouissante, qui moque gentiment la grandiloquence, le narcissisme et la dérive paranoïaque d'un André Malraux accro aux substances illicites, et dont le comportement s'avère en effet plus d'une fois... stupéfiant.