Couple autrefois à la scène et toujours à la ville, Tracey Thorn et Ben Watt ont décidé après des années de carrière solo et de séparation artistique sans divorce, de s'unir à nouveau, 24 ans plus tard. Fuse est le résultat étincelant de ces secondes noces, de cette nouvelle lune dont le duo fait son miel, une sorte de feu d'artifice intime mariant trip-hop, électro, dance et jazz. Une union harmonieuse et harmonique, un mariage plus que de raison... de sentiments.

Le journal du Médecin: Interior Space est-elle la première chanson que vous avez écrite sur cet album et se réfère-t-elle à la période de confinement durant le Covid?

Tracey: Euh, je crois que c'était davantage lié à ma ménopause (elle rit)... et aux changements physiques qu'une femme traverse à ce moment-là; à tel point que j'avais le sentiment d'entrer dans une nouvelle phase de ma vie. Pendant un moment, je me suis sentie un peu en colère, et j'ai essayé de donner un sens à cela.

Y aurait-il eu une reformation de votre couple en tant que duo musical sans le covid?

Tracey: très difficile à dire.

Ben: Nous avons fait en sorte que ce ne soit pas un disque de confinement. Nous l'avons écrit juste après, au moment où nous étions tous en train de revenir à une vie normale. On s'est regardé et nous sommes dits : Et maintenant ? Allons-nous revenir à la situation précovid? Tracey écrivant des livres, moi enregistrant des disques en solo puis partant en tournée, avant celle que Tracey effectuera dans le cadre de la promo de son dernier livre... Allions-nous réintégrer ces couloirs parallèles dans lesquelles nous courrons chacun? Tracey a décidé que non: elle voulait quelque chose de différent, souhaitait vraiment que nous collaborions à nouveau. Et il m'a fallu un peu plus de temps pour me faire à cette idée. Mais Tracey s'est montrée très catégorique à ce sujet, arguant que "si nous ne le faisions pas maintenant, nous ne le ferons peut-être jamais". Donc tout s'est mis en place, et nous n'avons décidé de faire cet album qu'au printemps dernier. Les chansons ont été écrites très rapidement, l'album enregistré très vite. En septembre-octobre dernier, tout était finalisé: ce fut comme une explosion de créativité.

Était-il plus compliqué de partager des idées communes après une si longue carrière solo chacun de votre côté?

Ben: Cela nous a inquiétés: nous nous étions en effet habitués à être notre propre patron: allions-nous pouvoir faire des compromis? Mais, étonnamment, il est très libérateur de ne pas avoir à trouver toutes les idées et de partager à nouveau. Comme le fait de se rendre compte à nouveau que nous avons un langage commun lorsque nous travaillons ensemble. Nous avons des intuitions similaires: nous préférons l'économie, le minimalisme; nous n'aimons pas la sentimentalité, mais l'émotion....Toutes ces éléments ont a nouveau émergé dans la musique, les paroles et le chant.

Dans "Caution To The Wind", Tracey, vous répétez la phrase " Let me in ". Pourquoi ?

Je ne l'ai remarqué qu'une fois le disque terminé. Dans certaines chansons, je reviens sur l'idée de ce besoin désespéré d'entrer en contact avec quelqu'un, avec Ben, avec d'autres personnes afin de se reconnecter. J'ai écrit ces paroles à la fin d'une période de deux ans pendant laquelle nous avons tous été très isolés les uns des autres. Ben et moi avons particulièrement été confinés strictement très longtemps à cause des problèmes de santé de Ben. Et ce sentiment d'isolement et la perte de liens occasionnels me semblaient très difficiles. Mais c'est seulement à la fin de l'enregistrement que j'ai noté cette humeur qui exprime beaucoup d'émotions refoulées.

Souffrant d'une maladie auto-immune, Ben, vous avez frôlé la mort dans les années 90. Cela a-t-il modifié votre approche non seulement de l'existence, mais également de la musique ?

Ben: Pas vraiment...

Tracey: J'ai le sentiment que tu es quelqu'un pour qui la musique a toujours été primordiale, depuis la seconde où je t'ai rencontré. Dans les moments difficiles, si quelque chose de grave survient, Ben s'accroche à la musique: pendant le confinement et notre long isolement, il a commencé à travailler sur des idées musicales, sans pour autant s'inquiéter de leur utilisation ou pas. Certaines des musiques présentes sur ce disque ont été créées par Ben, sans qu'il sache que quelqu'un allait l'entendre, y compris moi (elle rit); il créait de la musique simplement parce que c'est ce qu'il sait faire, surtout dans les moments difficiles. J'adore le fait que certaines compositions de ce disque aient été créées uniquement par besoin de faire de la musique plutôt que pour être dans les délais impartis pour livrer un album.

Ben: je suis toujours en alerte: j'écoute la musique émanant d'une voiture qui passe, d'une publicité télévisée et je prends toujours des notes. Il existe des enregistrements de chansons pour enfants de Chick Corea, Children's Songs, qui sont très simples, des chansons qu'il a écrites pour sa progéniture, semblable à de petites comptines oubliées, mais également totalement imprégnées d'une harmonie contemporaine. J'ai écouté ces morceaux avant de m'attaquer à ce disque: ils m'ont attiré par leurs séquences d'accords très simples certes, mais dotées d'une mélodie assez anguleuse et ambivalente. J'ai utilisé certaines de ces idées, notamment sur "When You Mess Up" et "Lost", et j'ai encouragé Tracey à chanter des notes dans un registre inhabituel. Ce qui donne un caractère original à ces chansons.

Que pensent vos trois enfants, aujourd'hui âgés de 25 et 22 ans, de vos retrouvailles musicales?

Tracey: Ils ont été très surpris. Pour eux, c'est totalement neuf, car nous n'avons pas enregistré d'album ensemble depuis qu'ils sont nés. En grandissant, ils écoutent nos disques: ceux des années 90, en particulier, sont très populaires auprès de leur génération. Lorsque nous leur avons confié que nous travaillions à nouveau sur des morceaux, ils ne savaient pas à quoi s'attendre, sur quoi cela allait déboucher... Nous non plus d'ailleurs. (ils rient)

Everything but the Girl. Fuse. Virgin.

Couple autrefois à la scène et toujours à la ville, Tracey Thorn et Ben Watt ont décidé après des années de carrière solo et de séparation artistique sans divorce, de s'unir à nouveau, 24 ans plus tard. Fuse est le résultat étincelant de ces secondes noces, de cette nouvelle lune dont le duo fait son miel, une sorte de feu d'artifice intime mariant trip-hop, électro, dance et jazz. Une union harmonieuse et harmonique, un mariage plus que de raison... de sentiments.Le journal du Médecin: Interior Space est-elle la première chanson que vous avez écrite sur cet album et se réfère-t-elle à la période de confinement durant le Covid?Tracey: Euh, je crois que c'était davantage lié à ma ménopause (elle rit)... et aux changements physiques qu'une femme traverse à ce moment-là; à tel point que j'avais le sentiment d'entrer dans une nouvelle phase de ma vie. Pendant un moment, je me suis sentie un peu en colère, et j'ai essayé de donner un sens à cela. Y aurait-il eu une reformation de votre couple en tant que duo musical sans le covid?Tracey: très difficile à dire. Ben: Nous avons fait en sorte que ce ne soit pas un disque de confinement. Nous l'avons écrit juste après, au moment où nous étions tous en train de revenir à une vie normale. On s'est regardé et nous sommes dits : Et maintenant ? Allons-nous revenir à la situation précovid? Tracey écrivant des livres, moi enregistrant des disques en solo puis partant en tournée, avant celle que Tracey effectuera dans le cadre de la promo de son dernier livre... Allions-nous réintégrer ces couloirs parallèles dans lesquelles nous courrons chacun? Tracey a décidé que non: elle voulait quelque chose de différent, souhaitait vraiment que nous collaborions à nouveau. Et il m'a fallu un peu plus de temps pour me faire à cette idée. Mais Tracey s'est montrée très catégorique à ce sujet, arguant que "si nous ne le faisions pas maintenant, nous ne le ferons peut-être jamais". Donc tout s'est mis en place, et nous n'avons décidé de faire cet album qu'au printemps dernier. Les chansons ont été écrites très rapidement, l'album enregistré très vite. En septembre-octobre dernier, tout était finalisé: ce fut comme une explosion de créativité. Était-il plus compliqué de partager des idées communes après une si longue carrière solo chacun de votre côté? Ben: Cela nous a inquiétés: nous nous étions en effet habitués à être notre propre patron: allions-nous pouvoir faire des compromis? Mais, étonnamment, il est très libérateur de ne pas avoir à trouver toutes les idées et de partager à nouveau. Comme le fait de se rendre compte à nouveau que nous avons un langage commun lorsque nous travaillons ensemble. Nous avons des intuitions similaires: nous préférons l'économie, le minimalisme; nous n'aimons pas la sentimentalité, mais l'émotion....Toutes ces éléments ont a nouveau émergé dans la musique, les paroles et le chant. Dans "Caution To The Wind", Tracey, vous répétez la phrase " Let me in ". Pourquoi ? Je ne l'ai remarqué qu'une fois le disque terminé. Dans certaines chansons, je reviens sur l'idée de ce besoin désespéré d'entrer en contact avec quelqu'un, avec Ben, avec d'autres personnes afin de se reconnecter. J'ai écrit ces paroles à la fin d'une période de deux ans pendant laquelle nous avons tous été très isolés les uns des autres. Ben et moi avons particulièrement été confinés strictement très longtemps à cause des problèmes de santé de Ben. Et ce sentiment d'isolement et la perte de liens occasionnels me semblaient très difficiles. Mais c'est seulement à la fin de l'enregistrement que j'ai noté cette humeur qui exprime beaucoup d'émotions refoulées. Souffrant d'une maladie auto-immune, Ben, vous avez frôlé la mort dans les années 90. Cela a-t-il modifié votre approche non seulement de l'existence, mais également de la musique ? Ben: Pas vraiment...Tracey: J'ai le sentiment que tu es quelqu'un pour qui la musique a toujours été primordiale, depuis la seconde où je t'ai rencontré. Dans les moments difficiles, si quelque chose de grave survient, Ben s'accroche à la musique: pendant le confinement et notre long isolement, il a commencé à travailler sur des idées musicales, sans pour autant s'inquiéter de leur utilisation ou pas. Certaines des musiques présentes sur ce disque ont été créées par Ben, sans qu'il sache que quelqu'un allait l'entendre, y compris moi (elle rit); il créait de la musique simplement parce que c'est ce qu'il sait faire, surtout dans les moments difficiles. J'adore le fait que certaines compositions de ce disque aient été créées uniquement par besoin de faire de la musique plutôt que pour être dans les délais impartis pour livrer un album. Ben: je suis toujours en alerte: j'écoute la musique émanant d'une voiture qui passe, d'une publicité télévisée et je prends toujours des notes. Il existe des enregistrements de chansons pour enfants de Chick Corea, Children's Songs, qui sont très simples, des chansons qu'il a écrites pour sa progéniture, semblable à de petites comptines oubliées, mais également totalement imprégnées d'une harmonie contemporaine. J'ai écouté ces morceaux avant de m'attaquer à ce disque: ils m'ont attiré par leurs séquences d'accords très simples certes, mais dotées d'une mélodie assez anguleuse et ambivalente. J'ai utilisé certaines de ces idées, notamment sur "When You Mess Up" et "Lost", et j'ai encouragé Tracey à chanter des notes dans un registre inhabituel. Ce qui donne un caractère original à ces chansons.Que pensent vos trois enfants, aujourd'hui âgés de 25 et 22 ans, de vos retrouvailles musicales? Tracey: Ils ont été très surpris. Pour eux, c'est totalement neuf, car nous n'avons pas enregistré d'album ensemble depuis qu'ils sont nés. En grandissant, ils écoutent nos disques: ceux des années 90, en particulier, sont très populaires auprès de leur génération. Lorsque nous leur avons confié que nous travaillions à nouveau sur des morceaux, ils ne savaient pas à quoi s'attendre, sur quoi cela allait déboucher... Nous non plus d'ailleurs. (ils rient)