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Or, l'insuffisance androgénique peut provoquer des bouffées de chaleur, des sueurs nocturnes, des plaintes urinaires, une diminution de la libido, une sécheresse vaginale, des troubles de l'humeur, une diminution de la force musculaire et d'autres symptômes classiquement reportés par de nombreuses femmes ménopausées ne prenant pas de traitement hormonal de substitution. Dès lors, une supplémentation en testostérone pourrait-elle être utile tout en restant sûre dans cette population ? Jusqu'ici, seuls deux pays (le Royaume-Uni et l'Australie) acceptent officiellement cette supplémentation chez la femme.Présentée au congrès 2024 de l'ISGE, une nouvelle revue de la littérature s'est intéressée à cette question, et plus précisément sur le plan cardiovasculaire, musculo-squelettique et vulvo-vaginal, ainsi que pour le domaine des fonctions cognitives. 36 études randomisées et contrôlées ont été détectées dans les bases MEDLINE, Embase et PubMed, incluant notamment des méta-analyses et des recommandations pour un total de 8.480 patientes.Il en ressort deux modes d'administration et l'identification des bénéfices suivants :-La voie transdermique, qui améliore la fonction sexuelle ainsi que la symptomatologie uro-génitale et psychologique, tout en se montrant neutre sur le plan du profil lipidique, rénal et hépatique sans augmenter le risque thrombo-embolique ni de cancer de l'endomètre.-La voie vaginale, une des alternatives à l'oestrogénothérapie lorsqu'elle est contrindiquée, améliorerait fortement l'atrophie vaginale et la fonction sexuelle lorsqu'elle est associée à cette même oestrogénothérapie.Plusieurs études cliniques évoquent également une amélioration des fonctions cognitives et de la santé musculo-squelettique.À noter qu'il ne faut pas espérer grand-chose de la supplémentation en testostérone si elle n'a encore montré aucun bénéfice au bout de six mois, et qu'on ne connait pas encore son degré de sécurité chez la femme ménopausée après deux ans d'utilisation. Quant aux éventuels effets indésirables, ils sont bien connus : outre de possibles réactions locales, il peut s'agir d'acné, de sensibilité mammaire, de céphalées et d'hyperpilosité - tous des effets heureusement réversibles à l'arrêt du traitement. Les signes de virilisation (hypertrophie clitoridienne, approfondissement de la voix) sont, eux, irréversibles. Cependant, ils sont rares, et liés à des dosages élevés. Par ailleurs, cette supplémentation n'a pas été associée à une augmentation de la pression artérielle, de la glycémie ou du taux d'HbA1c.Deux références utiles, outre cette revue de la littérature : les guidelines NICE de 2015 et celles de la British Menopause Society (2020).Source : Matasariu R et al. Testosterone for menopausal women, does it work and is it safe ? - update in literature. Présenté au congrès 2024 de l'ISGE, Florence