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Le journal du Médecin: Quelles ont été les grandes étapes de Vivalia 2025 cette année? Pascal Mertens, directeur général: En début d'année, nous avons essuyé le refus du permis d'urbanisme. Nous avons introduit un recours auprès du gouvernement wallon. On savait qu'il nous fallait un accord des deux ministres concernés à savoir Céline Tellier, ministre wallonne de l'Environnement, et Willy Borsus, ministre wallon de l'Aménagement du territoire. Ce n'était pas simple a priori. Mais finalement, après notre rencontre, les deux ministres ont approuvé la construction de l'hôpital à Habay-Houdemont. C'est une étape capitale car nous avons obtenu le permis d'urbanisme et sans lui, cela devenait très compliqué. Ensuite, il y a eu des oppositions, des annonces de multiples recours en annulation de la part de communes du Sud Luxembourg. À la date limite, une seule a introduit un recours, à l'unanimité de son conseil communal: Arlon. La volonté était cependant davantage d'obtenir des compensations pour Arlon que d'empêcher le projet d'aboutir. La dernière étape s'est passée fin novembre. Le Conseil d'administration de Vivalia a décidé d'introduire une requête en intervention. Car nous ne sommes pas visés par le recours en annulation, mais bien le gouvernement wallon (car c'est lui qui a octroyé le permis d'urbanisme, NdlR). Et nous avons donc demandé à intervenir auprès du Conseil d'État pour l'aider à prendre sa décision dans cette affaire. Voilà où nous en sommes aujourd'hui. La construction de l'hôpital n'avance pas pour l'heure pour une raison très simple: nous avons défendu, toujours fin novembre, notre dossier infrastructures devant la Région wallonne qui doit se prononcer sur les projets qu'elle financera dans son calendrier de construction. Par correction, même si l'on continue à travailler activement au projet, nous n'allons pas commencer les travaux sans avoir la confirmation que le projet a été accepté par le gouvernement. La décision est attendue pour la fin du premier trimestre 2024. Nous sommes optimistes pour deux raisons: nous savons que c'est un très bon projet: il a été reconnu comme prioritaire déjà lors du calendrier précédent. Et la région nous a octroyé le permis d'urbanisme. Les travaux devraient donc commencer en 2024 et se terminer en 2028. Alexandre Hébert, directeur général aux affaires médicales: L'obtention du permis est un moment fondamental. C'est évidemment une bonne nouvelle pour ce projet auquel on croit. Ce qui m'a réellement épaté en arrivant ici (en septembre, NdlR), c'est que l'écosystème des soins de santé à la fois interne et externe est soutenant. Les conseils médicaux des sites hospitaliers de Vivalia ont formellement soutenu et défini ce projet comme une priorité. Les médecins généralistes soutiennent également le projet à travers l'unique cercle de la province. Et c'est le cas aussi des organismes mutualistes. Ensuite, c'est un projet fédérateur et novateur. On cartographie les besoins de santé de demain à l'échelle d'une province, car nous avons la chance de constituer un unique réseau hospitalier. Le CHR d'Habay-Houdemont signifie une rationalisation, mais aussi un mécanisme de fonctionnement beaucoup plus fluide et serein pour nos équipes. Et un outil technologique up to date, ce qui est un facteur déterminant en termes d'attractivité pour attirer des médecins. C'est la raison pour laquelle vous avez rejoint Vivalia? A.H.: Oui, cela a joué. Et je ne doute pas que cela pourra convaincre aussi cette jeune génération de médecins qui est très intéressée par les projets, par les expériences patients, par les trajets de soins, par le travail en équipe. Un plus grand hôpital permettra également d'avoir de plus grandes équipes de garde, de développer des sous-spécialités dans les services. L'étude Maha dépeint une situation pourrie pour les hôpitaux. Comment se porte Vivalia? P.M.: La situation n'est pas dramatique pour Vivalia. Nous avons des ratios qui sont bons. Le résultat pour 2023 sera positif grâce à des facteurs exceptionnels. Le budget 2024 prévoit un déficit de 5 millions d'euros et un chiffre d'affaires de 460 millions d'euros. Si ces chiffres se confirment, un déficit de 1% n'est pas dramatique. Nous avons un actif net consolidé supérieur à 135 millions. La situation est donc encore sereine. Cela ne veut pas dire que boucler les budgets est chose aisée: nous avons dû réduire la masse salariale dans certains secteurs non soignants et prévoir une augmentation de l'activité médicale. Nous sommes par contre assez remontés concernant la problématique des coûts d'énergie. À écouter les autorités, elles nous ont sauvés. À Vivalia, la hausse du coût entre 2022 et 2023 est de 5 millions d'euros. Nous avons reçu 1,25 million d'euros d'aide. Cela a compensé 25% du surcoût. L'autorité aide mais ne solutionne pas tous les problèmes. Avec la hausse des coûts des matériaux de construction, est-ce qu'il y a eu des doutes sur le projet Vivalia 2025? P.M.: Je me souviens d'un conseil d'administration particulièrement intense où l'on nous a demandé de faire un plan financier structurellement à l'équilibre sur 20 ans en tenant compte d'une hausse des coûts de 30%. Nous y sommes parvenus, en tenant compte d'une hausse de 20% des coûts, ce qui me semble raisonnable. Nous avons également travaillé sur une autre hypothèse: faire des aménagements, des optimisations là où cela peut encore se faire. Nous allons revoir les architectes début d'année prochaine pour étudier les options qui permettent ces aménagements sans compromettre la qualité globale du projet. Ce projet est donc vu comme une réponse - avec la rationalisation, l'innovation - pour sortir la tête de l'eau économiquement? P.M.: Bien évidemment. Concernant l'énergie, chauffer un bâtiment flambant neuf ou trois sites datant des années 70, ce n'est pas la même histoire. Ensuite, regrouper trois hôpitaux en un permet également des économies de personnel, il ne faut pas s'en cacher. Peu dans les métiers soignants, même s'il est certain que la fusion de services engendrera sans doute des départs, et que l'on n'est en déficit concernant le personnel soignant. Davantage dans les métiers de support. Le regroupement en un seul bâtiment au lieu de trois engendrera forcément des départs.