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Les racines sociales de l'Alliance nationale des Mutualités chrétiennes viennent de loin, de Rerum Novarum, il y a plus d'un siècle (1891). L'Église se rend compte de la montée du péril socialiste et de sa séduction auprès des ouvriers et lance son propre mouvement social. Jésus n'est-il pas le premier des communistes? C'est pourquoi, plus près de nous, Claude Rolin, retraité mais toujours président du CA de la Mutualité chrétienne francophone et germanophone, rappelle lors de la présentation du mémorandum à quel point l'intermédiation sociale est le coeur du projet mutuelliste. Il craint, pour les méga-élections qui viennent en juin (nous voterons pour les européennes, législatives, régionales) la montée des "périls illibéraux et populistes", citant le Hongrois Viktor Orban et pense sans doute au libertarien argentin, le président Javier Milei, qui a supprimé le ministère de la Santé parmi tant d'autres. Rolin cite également la Déclaration de 1949 de l'OMS qui définit la santé et le bien-être comme un droit de l'homme. S'y est ajoutée depuis le sommet de Rio la santé environnementale qui fait la une des journaux depuis quelque temps. Pour Rolin, faute d'agir sur les "déterminants non médicaux de la santé", on n'y arrivera pas, certainement pas à coups d'antibiotiques innovants (même si c'est nécessaire). Il ne faut pas tant un seul ministre de la Santé mais que chacun des ministres au sein de son propre portefeuille ait à l'esprit la santé de nos concitoyens, et d'abord la santé mentale qui, de crise en crise sanitaire ou géopolitique, plombe le moral des Belges dont un tiers des 500.000 invalides qui émargent de la sécu invoque des désordres mentaux de tout acabit. La MC qui met en sus, au fronton de son mémorandum, la prévention, la promotion de la santé, l'alimentation saine, ne veut pas renoncer à l'idée d'une assurance autonomie, lancée jadis par le ministre Ecolo Thierry Detienne, mais qui s'est plantée dans les grandes lignes. Ce n'est donc pas "un" mais "des" mémoranda que propose l'Alliance chrétienne, la plus puissante mutualité du pays qui souffle à l'oreille des ministres de la Santé quand elle ne se substitue pas à lui... Le premier credo, quasi chimérique, est d'évoluer vers une société sans inégalité de santé. La MC constate en effet que les personnes vivant dans les quartiers pauvres ont 80% de risques en plus de mourir dans l'année vs. celles vivant dans les quartiers plus riches. Les "pauvres" (13% des Belges vivent en-dessous du seuil de risque de pauvreté) ont plus de risques de développer une maladie chronique (51% de risque supplémentaire pour le diabète et 59% de risque en plus d'être en incapacité de travail pendant au moins 30 jours). La MC projette de réduire ces inégalités d'au moins 10% via un "Institut du futur" à créer et, dans l'intervalle, via une task force temporaire dédiée, composée de mutualistes, d'universitaires et de professionnels de santé. La MC propose de passer à 6% du budget santé dédié à la prévention d'ici 2030, soit 1,5 milliard supplémentaire et d'agir sur la fiscalité en réduisant la TVA sur les aliments sains et produits localement de manière durable. Le Maximum à facturer inclurait les dépenses de soins régionales et s'il en dépendait de la MC. Le ticket modérateur et les suppléments d'honoraire seraient supprimés dans certaines conditions tandis que le tiers payant serait généralisé. Le deuxième objectif concerne un environnement de vie sain et notamment une qualité de l'air optimale qui pourrait être atteinte résolument en 2050, tenant compte que les soins de santé sont à eux seuls responsables de 4,5% des gaz à effets de serre. Outre un vaste projet de "débétonisation" des villes et de réaffectation des terrains en friche en espaces verts et potagers, la MC souhaite "établir un bilan carbone pour chaque institution de soins avec suivi des indicateurs et obligation de résultat". Un "Green Deal" sanitaire déboucherait sur une réduction des déchets et une diminution des médicaments résiduels dans les cours d'eau. Les hôpitaux sont invités à s'interroger sur les matériaux réutilisables. On l'a dit en préambule, la MC est inquiète de notre santé mentale. Chaque année, une adolescent sur cinq et un adulte sur sept sont aux prises avec un trouble mental mais seuls quatre adultes sur dix et trois adolescents sur dix reçoivent un traitement professionnel dans l'année. La MC propose de rembourser complètement les soins psychologiques pour les moins de 18 ans afin de permettre une prévention efficace ainsi que le remboursement complet lors d'une consultation d'un psychologue pour les enfants et les jeunes. Face au fléau des incapacités de travail de longue durée (485.000 personnes concernées en 2021), la MC propose dans le cadre du bien-être au travail "d'engager plus de médecins conseils et renforcer leur rôle dans la réintégration" et "renforcer la coordination entre les médecins qui accompagnent l'incapacité (MG, médecins conseils et médecins du travail)". La solution passe par la mutualité comme "partenaire de confiance". En 2022, la MC revendique 2,145 millions de contacts avec ses membres en agence, par email, par téléphone et via chat. La MC/CM utilise pour ce faire 80.000 volontaires actifs...