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Le polyétherimide (PEI) "présent dans les bandelettes de fixation du masque est le principal contributeur - 92,4% - de ces gaz à effet de serre", explique, en direct de Copenhague, Lars Mortensen, expert en Économie circulaire auprès de l'Agence européenne de l'environnement (EEA). Les microplastiques, ultra présents dans les dispositifs médicaux, jouent un rôle majeur dans la pression sur l'environnement et le climat. L'économie circulaire au niveau mondial, qui ne représentait déjà que 9% avant la crise sanitaire, est tombée à 7% aujourd'hui. C'est pourtant la voie de l'avenir. Le masque - encore lui - en est témoin: "Sur 30 jours d'utilisation, sa version réutilisable en tissu a une empreinte carbone moindre que le jetable, lessive quotidienne à 60° y compris", illustre l'expert danois. Qui place beaucoup d'espoir dans le futur "Traité mondial pour mettre fin à la pollution plastique", au chevet duquel les experts européens se réuniront en mai prochain, en France: "L'UE veut un accord ambitieux, qui affectera le secteur du plastique, donc les soins de santé."Mais concrètement, on fait comment? Katrien Vanderwee et Liesbet Demarré (UZGand) ont mené l'enquête pour le SPF Santé publique. À partir des listes d'achats de 12 hôpitaux belges (+ prix catalogues), les deux chercheuses ont d'abord identifié les cinq dispositifs médicaux à usage unique les plus fréquents: le plateau rénal ("haricot"), le spéculum vaginal, le capuchon de thermomètre auriculaire, les dispositifs de scellement de vaisseaux sanguins pour laparoscopie (vessel sealers) et les couvertures patients. Elles les ont ensuite comparés, après analyse de cycle de vie (LCA), avec leurs alternatives réutilisables, pour déterminer les meilleures options, tant en termes de durabilité que de circularité. Résultats? Après analyse de l'impact environnemental, le spéculum réutilisable s'avère, après six à huit usages, plus durable que son cousin jetable, surtout en termes de gain d'emballages et de matière première, en recourant pour son traitement aux énergies renouvelables, à la vapeur résiduelle et à des sacs de stérilisation double. Les couvertures non jetables sont plus intéressantes pour les hôpitaux qui sous-traitent la blanchisserie en externe. Pour la prise de température, l'idéal est le thermomètre frontal sans contact, pour éviter capuchons jetables et lingettes de désinfection. Le "haricot" réutilisable respecte davantage l'environnement, mais il faut prendre en compte le coût du plateau rénal non en carton et sa méthode de désinfection. Enfin, si les vessel sealers réutilisables/remanufacturés offrent une belle opportunité pour l'environnement, à sécurité comparable, les jetables s'avèrent plus efficaces à cause du temps de stérilisation nécessaire. "Il faut intégrer la durabilité dans les achats", recommande Katrien Vanderwee, "et mettre un place un 'coordinateur durabilité' dans les hôpitaux. Attention, toutefois, au greenwashing, qui nous fait croire, par exemple, qu'un speculum biosourcé serait préférable." Le défi de l'économie circulaire repose aussi sur le recours aux énergies renouvelables pour alimenter les hôpitaux. Et d'autant plus pour la logistique si l'on doit stériliser le matériel et si on passe aux textiles réutilisables (tabliers, bonnets de bloc opératoire). Et de conclure, cédant ainsi le flambeau à l'oratrice suivante, sur "l'optimalisation du tri des déchets" au sein des hôpitaux (le plastique médical est désormais accepté dans les PMC en Flandre) et la nécessité de "concevoir des emballages 100% recyclables, excluant par exemple le laminé des sacs de stérilisation".