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Pour soutenir les médecins généralistes, Frank Vandenbroucke compte focaliser son action sur cinq axes: veiller à un nombre suffisant et à une bonne répartition des (cabinets de) médecins généralistes ; réduire les formalités administratives inutiles ; améliorer l'accessibilité pour les patients ; mettre l'accent sur un bon modèle organisationnel permettant au cabinet de médecin généraliste de prendre en charge davantage de personnes. Et favoriser une organisation avec une délégation de tâches et un soutien, y compris pour les soins non planifiables en dehors des heures de travail classiques et élaborer un modèle de financement équilibré permettant de mieux prendre en compte la disponibilité, la coopération intradisciplinaire et interdisciplinaire, la continuité des soins, la qualité, la prévention et l'autonomisation. Le ministre compte demander au groupe de réflexion animé par Ann Van den Bruel et Jean-Luc Belche, déjà en charge d'un travail sur la téléconsultation, une mission complémentaire consistant à élaborer un modèle d'organisation et de financement nouveau et durable pour le cabinet de médecine générale d'aujourd'hui. L'objectif est de fournir une proposition concrète d'ici fin avril 2023, tout en présentant des rapports intermédiaires, entre autres à la Commission nationale médico-mutualiste. Le ministre souhaite que le groupe de réflexion réponde à quatre questions suivantes: 1. Qu'attend-on d'un cabinet de première ligne? Quel paquet de soins un (cabinet de) médecin généraliste doit-il offrir sur la base d'une responsabilité définie pour des soins de médecine générale fondés sur des données probantes? 2. Quels profils doivent être présents au sein de ce cabinet, y compris les profils de soutien? 3. Comment la relation avec le patient doit-elle être développée? 4. Quel modèle de financement alternatif et mixte faut-il y greffer? Comment faire en sorte que ce modèle de financement offre un bon équilibre entre la liberté (afin que, par exemple, les médecins généralistes puissent faire appel à du personnel de soutien aux soins) et la responsabilité du paquet de soins? Comment faire en sorte que ce modèle de financement renforce à la fois le niveau micro et le niveau méso (niveau locorégional, gestion de population, etc.)? Pour Frank Vandenbroucke, il est important que la voix des jeunes médecins généralistes et des médecins généralistes en formation soit entendue dans ce débat. "J'aimerais que la composition actuelle du groupe de réflexion (syndicats de médecins, mutualités, experts, administration) soit élargie aux jeunes médecins généralistes et aux médecins généralistes en formation", écrit-il dans note. Pour Jean-Noël Godin, directeur du GBO, le New Deal du ministre Vandenbroucke donne "enfin, des gages d'une vraie prise en considération des patients. Car la pierre angulaire de la santé, c'est la médecine générale, au centre d'une première ligne forte, reconnue et multidisciplinaire. Frank Vandenbroucke s'est-il inspiré des valeurs et du programme du GBO pour élaborer son programme de réorganisation de la médecine générale? Il le rejoint en tout cas, même si des notions importantes, comme le principe de subsidiarité ou l'échelonnement ne se retrouvent pas dans les premières notes. Mais bravo monsieur le ministre. Beau défi que de bousculer les habitudes. A travers les réformes - fondamentales - annoncées en matière de délégation des tâches et de rémunération du travail des médecins, le métier deviendra plus attractif et, surtout, mieux reconnu et apprécié."L'Absym estime que dans l'ensemble, les propositions du ministre semblent favorables à la médecine générale et rencontrent plusieurs des aspirations des médecins de terrain. "Je suis cependant intrigué par ce que notre ministre entend par "une bonne répartition des médecins généralistes" J'ose espérer qu'il ne s'agit pas d'une planification géographique de l'installation des jeunes médecins qui seraient obligés d'établir leur pratique dans les régions en pénurie. Si l'Absym est favorable à des mesures incitatives pour que les jeunes diplômés s'installent dans les réunions à moindre densité de médecins généralistes, nous serions déçus que ceci se transforme en une loi d'installation qui brimerait la liberté des jeunes diplômés à choisir leur lieu d'implantation de leur cabinet", commente le Dr David Simon, membre du CA de l'Absym. "Quant à la volonté d'élaborer "un modèle d'organisation et de financement nouveau et durable pour le cabinet", j'aurais tendance à dire que le modèle d'organisation actuel n'a jamais été aussi durable qu'aujourd'hui. Tout ce que les médecins généralistes peuvent attendre d'un "nouveau modèle" ne m'inspire pas confiance. L'idée de piocher dans les honoraires des consultations et visites pour créer ou majorer des forfaits qui transpire de ce "New Deal" n'est pas dans l'ADN de l'Absym. Si notre ministre veut promouvoir les forfaits, qu'il augmente l'enveloppe des honoraires pour y parvenir. Nous ne sommes pas favorables à ce qu'il diminue les honoraires des actes pour créer ou majorer les forfaits." Pour ce qui est du dossier multidisciplinaire, David Simon considère que Frank Vandenbroucke semble faire un pas en arrière. "Alors qu'il y a peu il semblait décidé à créer un dossier centralisé placé sous la gestion exclusive et centralisée du SPF, de l'Inami et de l'AFMPS, il parle aujourd'hui d'un concept plus dynamique: l'extraction d'un ensemble de données réputées utiles à une finalité déterminée. Conceptuellement il y a un progrès dans l'affirmation de ses intentions, mais je suis curieux d'observer s'il sera suivi d'effet." "Frank Vandenbroucke nous rejoint dans la volonté d'avancer dans la délégation de compétences des médecins aux non médecins ... tant que ceci demeure de la délégation, c'est-à-dire que c'est le médecin qui la prescrit. Or, je lis qu'il souhaite une modification de la loi sur l'exercice des professions des soins de santé qui précisément définit clairement ce qu'est "l'exercice illégal de la médecine" et interdit aux non-médecins d'exercer des compétences du médecin. On s'avance donc vers la subsidiarité qui autorise les non-médecins à exercer certaines compétences du médecin sans que ce dernier ne lui prescrive. Et là, nous ne sommes plus d'accord car le médecin n'est plus au centre de la décision", conclut David Simon.