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Une définition claire d'un lit de soins intensifs doit comprendre une description de l'infrastructure dans laquelle l'hôpital doit investir, ainsi que du personnel concerné. Les critères d'admission et de sortie de l'unité de soins intensifs doivent également être clairs. Trop souvent en Flandre, l'unité de soins intensifs est utilisée pour repousser les décisions de fin de vie. Durant la pandémie, les patients plus âgés ont été orientés vers des unités de soins intensifs parce qu'ils ne mourraient pas dans le centre de soins résidentiels. Lorsqu'un jeune patient Covid ou un patient cardiaque qui doit subir une intervention chirurgicale vitale se voit refuser une place en USI à cause de ce genre de choses, il s'agit d'une discrimination injuste, estime le chef des soins intensifs de Gand. Le gestionnaire de crise du SPF Santé publique, Marcel Van der Auwera, se plaint qu'il sait que le pays compte environ 2.000 lits de soins intensifs disponibles, mais qu'il ignore s'il s'agit de soins intensifs "à petit ou à grand i". Or, les éléments permettant d'avoir un tableau de bord central de l'occupation des lits de soins intensifs dans tout le pays, et de la charge des patients, existent. L'enregistrement des performances des unités de soins intensifs donne une image fiable de la charge actuelle, déclare Wouter De Corte de AZ Groeninge. "Le projet MICA, auquel participent 16 hôpitaux belges, constitue une base parfaite pour une surveillance centrale de la capacité des unités de soins intensifs, si celle-ci devait être soutenue et développée."La principale pierre d'achoppement dans l'extension de la capacité des unités de soins intensifs pour faire face aux pics de patients Covid est la disponibilité du personnel. "Il faut disposer d'une réserve d'infirmières qui connaissent bien les soins intensifs", explique M. De Corte. Marcel Van der Auwera est également convaincu que les infirmières devraient être placées dans des pools de compétences: "Elles devraient être affectées à des équipes ayant certains domaines d'expertise et pouvant être déployées de manière multiple, plutôt qu'à un service spécifique." Mais plusieurs médecins dans l'auditoire soulignent qu'un tel système a aussi des limites. "La flexibilité est une chose à laquelle il faut se préparer", estime le Dr Jan Stroobants. "Le personnel du bloc opératoire qui a été déployé dans notre service d'urgence s'est senti tout à fait déplacé là-bas." De l'avis de plusieurs intervenants, le travail des infirmières doit encore être considérablement revalorisé. Stroobants souligne qu'il faut faire appel à la propre créativité des soignants pour éviter l'épuisement. Le Dr De Corte souligne que l'utilisation d'un ratio patient/infirmière est dépassée, et qu'un "patient to nurse ratio" de trois pour un dans l'unité de soins intensifs est devenu intenable. Le ministre Frank Vandenbroucke, au grand regret des intervenants, n'a pas pu assister à cette discussion finale. Il a cependant suivi une grande partie du symposium consacré aux soins de santé en crise organisé par le GBS et le jdM (lire N°2707). Il a laissé tomber le discours qu'il avait préparé et a commenté ce que les orateurs avaient dit avant lui. Il a été impressionné par la présentation du Pr Marc Peeters sur la manière dont le service d'oncologie de l'UZA s'était en quelque sorte réinventé pendant la pandémie, entre autres pour organiser les soins de manière plus ambulante - avec la télémédecine, les soins transmuraux et les hospitalisations de jour. "Ces deux dernières années, des choses qui n'étaient pas possibles auparavant sont devenues possibles grâce à la coopération entre les hôpitaux et entre les acteurs des soins de santé", déclare Frank Vandenbroucke. "Cela s'est fait de bas en haut. La réforme prévue du financement des hôpitaux - liée à la pathologie, plus ouverte - devrait rendre ce type de coopération beaucoup plus facile. Mais nous n'attendons pas qu'elle se mette en place. D'ici la fin de l'année, je veux dresser une carte de tous les partenariats que les hôpitaux ont établis de manière transmurale: avec les soins primaires, les centres de soins résidentiels, les réseaux de santé mentale, etc."Lors de son analyse du retard accumulé en matière de soins durant la pandémie, le Dr Johan Pauwels, responsable de l'Audit Hôpitaux de l'Inami, a indiqué que, en se basant sur l'analyse des données de facturation, il semblait qu'à la fin du mois de mai 2021, le retard accumulé en pédopsychiatrie avait été comblé (il s'agissait plus précisément des frais de surveillance dans les services de pédopsychiatrie). Cela ne correspond pas du tout à l'expérience du pédopsychiatre Benjamin Wolff: à Bruxelles, par exemple, pour admettre un enfant en situation de crise, il y a actuellement une liste d'attente de un à trois mois. Pour un enfant suicidaire qui risque de devenir actif, la liste d'attente est maintenant de trois à quatre mois. Ailleurs, les listes d'attente peuvent atteindre un an. La crise a révélé à quel point la pédopsychiatrie était déjà surchargée et sous-financée, alors que les problèmes sociaux et psychologiques des enfants ont en fait augmenté de façon spectaculaire au cours des deux dernières années. Frank Vandenbroucke a pris note de ces résultats contradictoires. Il a souligné que la pédopsychiatrie recevra 35 millions d'euros supplémentaires. "Cet argent est attribuée non seulement pour augmenter la capacité hospitalière mais aussi aux soins ambulatoires. Les discussions à ce sujet se poursuivent au sein du groupe de travail inter-cabinet sur les soins de santé mentale. L'argent sera récupéré partiellement grâce à l'"intensification" temporaire de la pédopsychiatrie - mais cet investissement sera pérennisé. "