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De par sa prévalence en rapide augmentation, l'obésité est devenue depuis quelques années le point focal de réflexions et travaux de recherche de plus en plus nombreux. Couplée à l'avènement de la chirurgie bariatrique et d'une série de nouvelles options pharmacologiques, la masse de connaissances qui en découle a eu pour effet que la prise en charge a évolué dans le sens d'une multidisciplinarité croissante... et dans la foulée, le besoin de données scientifiques et de directives s'est fait sentir pour organiser au mieux ce travail en équipe. Au départ de la mission scientifique qui est la sienne, la Baso ( Belgian Association for the Study of Obesity) (1) a rédigé un texte de consensus qui s'arrête sur la tâche et la contribution de toutes les disciplines concernées. (2) " Nous avons toutefois constaté que ce - volumineux - document est assez peu consulté dans la pratique", explique le Pr Van der Schueren. " Cet état de fait tient probablement à son format, puisqu'il s'agit plutôt d'un travail de revue scientifique que d'un guide susceptible d'être immédiatement transposé à la pratique clinique." " Il était donc urgent de nous atteler à cette "traduction" vers le terrain et à la diffusion des connaissances en rapide évolution dans le domaine de l'obésité à l'ensemble des soignants. C'est pour cette raison que nous avons mis sur pied une plateforme où siègent non seulement des chercheurs mais aussi toute une série d'autres stakeholders tels que des cliniciens ou des associations de patients, puisque nous voulons évidemment nous faire une idée des obstacles auxquels les premiers concernés se heurtent dans la prise en charge de leur poids corporel." La plateforme obésité belge est une initiative nationale où sont impliquées les différentes régions du pays. L'objectif n'est pas uniquement d'apporter un soutien à la pratique de terrain: la plateforme se veut aussi une structure clairement identifiable susceptible d'entrer en concertation avec des instances comme l'Inami ou le cabinet de la santé publique afin de contribuer à définir les orientations politiques. Le projet sera lancé avec un comité de concertation restreint qui pourra facilement définir des priorités, mais il a l'ambition de devenir dans le futur un pôle d'attraction pour toutes les instances et associations qui estiment pouvoir y apporter leur pierre. Un site internet sera mis sur pied et fera notamment office de point de contact. " Nous avons voulu lancer une plateforme clairement distincte de la Baso, ce qui permet de préserver le caractère scientifique de cette dernière", souligne encore Bart Van der Schueren . "La collaboration entre plusieurs stakeholders est indispensable pour dispenser des soins de qualité, mais nous voulons aussi éviter que certaines visions ou expériences propagées plutôt à titre individuel ne soient automatiquement associées à la Baso. Le travail scientifique que nous réalisons au sein de la Baso est indépendant de cette initiative, et cela doit rester parfaitement clair." La plateforme obésité belge sera lancée le 20 mai prochain à l'occasion de l' Obesity Academy for GPs qui se tiendra à l'Hôtel Van der Valk (Brussels Airport). " C'est un événement qui rassemble des médecins de famille et d'autres prestataires de soins, mais où seront également représentés le cabinet Vandenbroucke et le conseil technique médical de l'Inami", précise le Pr Van der Schueren . "Nous sentons que les autorités sont prêtes à avancer dans la prise en charge de l'obésité, et l'Obesity Academy est l'occasion rêvée de communiquer et de veiller à ce que les décisions prises d'en haut correspondent à notre vision de soignants." La plateforme veut soutenir le concept des soins par paliers ( stepped care), qui suppose que le généraliste procède à la stadification du problème et décide ensuite, sur cette base, quels patients il va traiter lui-même ou au contraire référer à un spécialiste. " L'obésité pourrait être traitée dans des cliniques dédiées où seraient organisées des consultations avec des acteurs de première, deuxième et troisième ligne. La vision que nous défendons au départ de la plateforme est toutefois que la prise en charge de l'obésité doit rester solidement ancrée dans le paysage de soins environnant", commente Bart Van der Schueren . "Un patient confronté à un problème pulmonaire ou oncologique peut par exemple aussi être en surpoids et devrait donc pouvoir être référé dans l'hôpital en droite ligne aux soins de l'obésité, de la même manière que le médecin de famille traite le malade dans sa globalité, pas sélectivement pour son problème de poids. C'est en tout cas ainsi que nous voyons les choses au départ de la mentalité et de l'organisation des soins dans notre pays, sur la base d'un premier projet réalisé dans le cadre de la plateforme." " Les prestataires de soins doivent être suffisamment conscients que l'obésité est une maladie qui fait l'objet d'une approche structurelle", souligne le président de la Baso en guise de conclusion. " Les connaissances, les soins et les médicaments sont là, les autorités sont prêtes à dégager des budgets... et il n'en est que plus regrettable que trop de patients obèses ne trouvent toujours pas la voie d'une prise en charge adéquate."