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Située à Uccle, non loin de ce lieu aux allures de peinture naïve qu'est la place Saint-Job, une Mêzon (anagramme de Mehul et Sonell, les deux associés) de coin est aussi un restaurant de quartier, à l'angle de la chaussée qui part de ce bout d'Uccle vers Drogenbos. Dans un décor épuré de blanc et bois blond, scandinave, d'une simplicité de bon aloi certes mais empreinte d'une certaine froideur, deux salles: l'une autour d'un bar tout en longueur, l'autre un peu étagée, flanquée d'un jardin qui prolonge le restaurant aux beaux jours. Originalité supplémentaire, une pièce réservée aux enfants, ce qui fait le bonheur des parents lors du brunch dominical, dès lors très couru. De façon étonnante, autant l'ambiance paraît d'un réformé nordique, ce qui n'empêche un accueil chaleureux, autant l'assiette est du Sud, goûtue, française et d'un haut niveau de gastronomie, dans un lieu qui ne joue pas de l'apparat que ce genre de cuisine requiert souvent. Les produits sont d'une fraîcheur absolue, la viande parfois de Rungis, le poisson toujours de Normandie, et les légumes immanquablement de chez nous. Le nouveau chef Michel Wahaltere, qui travaille sous l'égide des recettes concoctées par Olivier Destribois (actif notamment chez Maxime Colin) parti ouvrir une deuxième Mêzon à Gembloux, est un Liégeois qui a bourlingué notamment longtemps aux États-Unis, au Belga Queen et au Métropole. Il propose, dans une carte française avec des touches internationales, une variété de plats au tableau, en prenant soin de proposer à chaque moment un plat vegan. Commençons par le dessert pour une fois, avec un très original couscous à l'orange miel ou un millefeuille ananas coulis de mangue absolument délicieux. En entrée, la revisitation toujours vegan du minestrone de champignons façon soupe miso est une grande réussite (qu'il intitule "Thé aux champignons"), tout comme l'oeuf parfait cerclé de tranche de boeuf Holstein aux champignons et bordé de mousseline aux herbes. Les plats maintiennent ce niveau d'exigence, dans un tableau de possibilités variées d'une juste proportion, ni trop modeste ni trop vantarde, avec, par exemple en viande, une canette aux légumes oubliés (notamment, le panais), sertie d'un nem aux champignons ou, en poisson, un délicieux bar sur lit de poireaux. La carte des vins affiche également ce côté raisonnable du décor avec, en blanc, un Territoire Littoral, Fortant de France sauvignon Pays d'Oc 2019 (6 euros le verre, 29 euros la bouteille) que l'on aurait espéré moins... épuré, et en rouge un Côtes du Rhône bio, Domaine du Trapadis, Rasteau "Les Cras" 2018 beaucoup plus charnu - un rappel du contraste entre décor et assiette du restaurant? Vu la qualité proposée, les prix affichés sont des plus raisonnables (en entrée, le "saumon mariné à la Rodenbach, blinis, crème raifort et gwackiwi" est à 20 euros), cet établissement, ouvert voici deux ans, proposant un menu cinq services à 65 euros, et un business lunch à choix plus que variés (il possède son propre tableau) incluant une option vegan également à 29 euros en trois services (24 euros en deux). Plus qu'une bonne adresse, c'est une bonne... Mêzon.