...

Le Dr Veerle Ringoet fait référence au dauphin qui orne son épaule droite. "Une fois que j'ai décidé de me faire tatouer, je savais aussi qu'il devait s'agir d'un animal. En effet, j'adore les animaux. Nous avons un chien enthousiaste, comme vous l'avez remarqué, mais je trouvais qu'un tatouage de notre chien était injuste pour tous ses prédécesseurs que nous avions eus à la maison. C'est ainsi que je me suis retrouvée avec un dauphin. Les dauphins sont des animaux magnifiques, je trouve. J'en ai vu plusieurs fois en voyage, ils symbolisent pour moi la liberté et l'agilité, mais ils sont aussi extrêmement intelligents. Saviez-vous que lorsque les dauphins se reposent, ils peuvent endormir la moitié de leur cerveau? Je trouve cela très intriguant."Et n'y avait-il pas d'autres animaux que vous auriez pu choisir comme sujets de tatouage? Le Dr Ringoet acquiesce: "Je suis très heureuse de mon cadeau en forme de dauphin, mais c'est vrai: mon père m'avait promis, quand j'étais gamine, que je pourrais monter à cheval. Malheureusement, cela ne s'est jamais produit, et certainement plus maintenant: après ces opérations neurochirurgicales, je n'ose plus monter à cheval. Le risque serait trop grand si je tombais."Ceci nécessite quelques explications. En 2008, la pneumologue s'est vue diagnostiquer une tumeur dans l'hémisphère cérébral frontal droit suite à un 'problème neurologique aigu', récapitule-t-elle. "J'ai subi une ablation de cette tumeur en 2011, mais j'ai eu des embolies pulmonaires dans la foulée. Le neurochirurgien aurait pu enlever complètement la tumeur. Malheureusement, elle est réapparue trois ans plus tard et en 2015, j'ai à nouveau été opérée. J'ai fait faire mon tatouage pendant ma convalescence.""Bien que j'aie une tumeur bénigne 'au comportement atypique', j'avais l'impression d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Mon grand-père est mort à cause d'un cancer du cerveau agressif, c'est le genre de chose qui vous hante l'esprit", poursuit la pneumologue. Et cela a été particulièrement vrai lorsque le neurochirurgien a constaté une autre récidive locale en septembre 2021: "La chirurgie n'était plus une option cette fois. Ce fut une radiothérapie. Lorsque, quelques mois plus tard, la tumeur a semblé avoir grossi, j'ai vécu un moment difficile: vous pensez vraiment que votre dernière année de vie a commencé, que continuer à travailler n'a plus de sens. Mais heureusement, hier (en décembre 2022 NdlR), on m'a dit que la tumeur avait encore diminué", dit-elle avec un profond soupir de soulagement. Comment votre entourage a-t-il finalement réagi au tatouage? "Mon conjoint et mon fils n'étaient pas particulièrement enthousiastes. Ils pensaient que c'était quelque chose de marginal. Mon conjoint n'en est toujours pas partisan, mais je trouve assez drôle de voir que mon fils a maintenant lui-même deux tatouages. D'ailleurs, il a récemment été approché par des camarades norvégiens au sujet de l'un de ses tatouages. Il a fait tatouer le nom de notre chien Thor en écriture runique, et ces étudiants ont pu le lire, c'est fou."Le choix d'immortaliser le dauphin sur son épaule a été très conscient. "Je voulais un tatouage sobre de toute façon, rien d'accrocheur, certainement pas un tatouage multicolore. Un confrère dermatologue, très amateur d'art corporel, m'avait fait remarquer que les tatouages de couleur sont quand même risqués, qu'il valait mieux opter pour un tatouage uniquement noir", relate Veerle Ringoet. "De plus, les tatouages semblent être un peu un phénomène de mode aujourd'hui. Dans la culture maorie, les tatouages sont tout à fait normaux, mais les footballeurs remplis de tatouages ou avec des tatouages multicolores, je trouve cela kitsch."Le dauphin surgit fièrement de son épaule: "Je ne voulais pas de tatouage sur le bras ou l'avant-bras, je ne veux pas qu'on m'interpelle constamment à ce sujet, d'où le choix de l'épaule. Lorsque je porte une robe en été, mon tatouage n'est pas discret à 100%, mais on ne se promène pas vraiment non plus avec un tatouage comme si on avait quelque chose à vendre. C'est aussi de cette façon que ma mère l'a découvert par hasard. 'Dis, qu'est-ce que c'est? ', a-t-elle dit à l'époque.""À l'hôpital, mes collègues pneumologues savent maintenant que j'ai un tatouage. Ils ont été surpris, mais n'ont pas réagi de manière dédaigneuse. Les autres membres du personnel de l'hôpital réagissent également avec surprise et étonnement lorsque, quand on parle de tatouages, je dis que j'en ai un moi-même. Mais voilà, cela donne donc matière à débat."