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La Plateforme pour l'amélioration continue de la qualité des soins et de la sécurité des patients (PAQS asbl) s'est donné pour objectif de réduire les dommages associés aux soins. Pour mesurer la qualité de ceux-ci, l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) préconise un plan en trois approches: la déclaration d'événements indésirables (EI) par les professionnels de santé, les données structurées collectées en routine et l'expérience des patients. Pour ce projet mené en collaboration avec l'OCDE, la PAQS et trois mutualités (Solidaris, Mutualité chrétienne et Mutualités libres) ont testé l'outil PRIM (Patient-reported incident measures) dans le système hospitalier belge francophone. Ce questionnaire d'expérience patient évalue sa perception par rapport aux enjeux de sécurité, les failles de sécurité, la survenance des incidents et leur gestion. Cette méthode revêt deux intérêts majeurs: encourager les patients à déclarer des événements indésirables ou des situations qui ont pu les contrarier et rapporter des événements non documentés par les autres méthodes. Qu'entend-on par "événement indésirable"? La définition adoptée ici est celle donnée par le SPF Santé publique: "un événement survenant d'une manière imprévue durant le processus de soins et qui a provoqué un dommage pour le patient ou pourrait (encore) le provoquer". Au total, 21.902 e-mails ont été envoyés entre septembre 2021 et février 2022 et 1.099 patients ont répondu au questionnaire. Les participants devaient être âgés de plus de 18 ans et de moins de 80 ans au moment de leur dernière admission dans un hôpital général (Bruxelles et Wallonie) et avoir au moins une nuit facturée, à l'exclusion des patients décédés depuis leur hospitalisation et de ceux admis en soins palliatifs ou en MR/MRS après leur hospitalisation. Les résultats montrent que 15,8% des patients estiment avoir subi un événement indésirable, 80% n'en ont pas vécu et 3,8% ne se souviennent pas ou ne savent pas. "Ces résultats ne sont pas en contradiction avec ce que l'on observe dans la littérature et ce, même si le pourcentage rapporté dans l'enquête belge est le plus élevé au sein des différentes enquêtes menées dans d'autres pays de l'OCDE dans le cadre de ce projet (3% en Allemagne à 12,6% en Norvège)", peut-on lire dans le rapport de la PAQS. De plus, 14,7% des patients ont connu un autre type d'événement qui les a contrariés. Au total, un peu plus de 30% des patients ont connu un EI ou un événement contrariant. Un peu plus d'un événement sur 4 (26,2%) concerne le non-respect des processus/procédures cliniques, 19,6% sont liés à des erreurs médicamenteuses, 11,6% à des accidents (chutes...), 11,1% aux infections associées aux soins, 9,8% à l'administration clinique, 6% à des problèmes d'équipements médicaux, 4,4% au comportement et 3,6% à la nutrition. Comment l'événement indésirable a-t-il été constaté et géré? Dans 76% des cas, c'est le patient qui l'a constaté, environ 19% ont été annoncés par un membre du personnel et 4,5% ont été constatés par un proche ou une autre personne. Pour les EI non communiqués par le personnel, 89% des patients affirment avoir signalé par la suite cet événement à une personne travaillant dans l'hôpital. Concernant la gestion de l'événement indésirable par l'hôpital, les réponses sont partagées entre expérience positive (43,7%) et négative (42,5%). Les explications données par le personnel (33%), ses excuses (15%) et la proposition d'un soutien (5%) sont considérées comme une bonne gestion. À l'inverse, un manque d'explication de la part du personnel (23,8%), l'absence d'excuses (15%) et ne pas avoir été invité à participer à l'analyse de l'EI (12,5%) sont jugés négativement. Qu'en est-il de la continuité des soins, du suivi au-delà de l'hospitalisation? Pour l'évaluer, trois questions ont été posées sur les informations utiles (médicaments, poursuite du traitement, signes d'alerte à surveiller) à donner au patient avant de quitter l'hôpital. Entre 85% et 89% des patients estiment que ces informations sont tout à fait ou en partie bien transmises. Néanmoins, 14,6% sont moins satisfaits du transfert d'informations sur les médicaments. "Le premier constat est que ces trois variables sont fortement associées entre elles. Ainsi, les patients qui estiment avoir une bonne information sur les trois sont 12,5% à déclarer un EI contre 30% lorsque deux ou trois informations n'ont pas bien été transmises."