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"En révélant les différences génétiques qui distinguent tous les humains vivants des hominidés disparus, ses découvertes ont donné la base à l'exploration de ce qui fait de nous, humains, des êtres aussi uniques", a salué le jury. "Les différences génétiques entre Homo Sapiens et nos plus proches parents aujourd'hui éteints étaient inconnues jusqu'à ce qu'ils soient identifiés grâce aux travaux de Pääbo", a ajouté le comité Nobel dans sa décision. Svante Pääbo a découvert qu'un transfert de gènes avait eu lieu entre ces hominidés aujourd'hui disparus et l'Homo sapiens. Ce flux ancien de gènes vers l'homme d'aujourd'hui a un impact physiologique, par exemple en affectant la façon dont notre système immunitaire réagit aux infections. Son père, Sune Bergström, avait également reçu le Nobel de médecine en 1982. Le prix s'accompagne d'une récompense de 10 millions de couronnes (environ 920.000 euros). L'année dernière, le prix Nobel de médecine avait été décerné aux Américains Ardem Patapoutian et David Julius pour leur découverte sur la façon dont le système nerveux transmet la température et le toucher. D'aucuns pourraient s'interroger sur l'intérêt en terme de Nobel d'analyses génomiques sur une race d'hominidés depuis longtemps éteinte. Mais le jury Nobel a, comme il l'a dit, récompensé des chercheurs qui cherchent à savoir ce qui nous rend unique, sachant que Néandertal était sans doute aussi intelligent que Homo Sapiens et que certains se sont vraisemblablement accouplés avec Sapiens à un moment de la préhistoire. Le jury a peut-être aussi été motivé par la curiosité dans le sens où ces deux races humaines ont pu cohabiter un moment puis l'une a pris le pas sur l'autre dans des circonstances encore peu expliquées. Un confrère journaliste-médecin nous a toutefois soufflé que "c'est une finalité assez maigre pour un lauréat du prix Nobel de Médecine lorsqu'on examine la liste des nominés qui comprenait des chercheurs concernés par le développement des vaccins à ARNm ou par la recherche sur le repliement anormal de protéines impliquées dans la pathogenèse du Parkinson, de l'Alzheimer et de la démence fronto-temporale"... Les choix des jurés Nobel étant impénétrables, le millésime se poursuivait, à l'heure d'écrire ses lignes mardi, avec la physique, puis mercredi la chimie, avant le très attendu prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, seule récompense décernée à Oslo. Le plus récent prix d'économie clôt le millésime lundi prochain.