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La surcharge administrative, pour le corps médical, c'est une ritournelle, un problème qui revient sans cesse sur la table. "Effectivement, c'est un vieux problème", confirme le Dr Paul De Munck, président du GBO. "Déjà en 2013, j'ai moi-même participé, avec le GBO et d'autres, à une étude réalisée par la Fondation Roi Baudouin sur la problématique. Quand on interroge les médecins, l'immense majorité confirme que ces "certificats parapluie" - appelés comme tels car tout le monde veut se mettre à l'abri - constituent une surcharge inutile. Il y a un large consensus au niveau de la profession pour dire qu'une série de certificats sont inutiles. Ce n'est pas l'histoire de quelques médecins isolés, mais bien un problème constaté par l'ensemble de la profession."Le président du GBO rappelle que son syndicat avait déjà soutenu l'initiative qui a démarré en Flandre, par le biais du Cartel, en 2022, sous l'impulsion du groupe de pilotage Kafka (Jong Domus, Kartel, BVAS et AADM). "Nous avions tout de suite dit qu'il fallait faire la même chose au niveau francophone. Mais il nous a semblé utile de le faire collectivement. Le GBO a proposé au Collège de médecine générale (CMG) et à la SSMJ de s'emparer de l'affaire côté francophone. Cela explique le décalage de plusieurs mois entre l'action néerlandophone et francophone que je regrette."Le CMG et la SSMJ ont donc remis l'ouvrage sur le métier et ont proposé la campagne actuelle du crocodile bleu. "Tant du côté flamand que du côté francophone, l'initiative a été prise par la plus jeune génération des médecins", souligne Paul De Munck pour qui cela est très important. "Ce sont vraiment eux qui portent le projet, soutenus bien sûr par les différentes organisations et les différents bancs du CMG." Les plus observateurs auront par ailleurs remarqué que l'Absym est le seul absent de l'initiative côté francophone, alors que BVAS a participé au projet flamand. L'intérêt de cette action est double. Elle est dirigée aussi bien vers les autorités sanitaires, institutionnelles, organisationnelles, que vers les patients eux-mêmes. "Ce qui est attendu avec ce cachet est une réaction chez le patient. Ce sera l'occasion d'expliquer au patient que si le médecin fait le certificat demandé - le patient en a besoin en fin de compte -, ce dernier doit prendre conscience que c'est une surcharge administrative inutile. Tous les citoyens doivent en prendre conscience."L'objectif est, in fine, de relancer le débat sur la simplification administrative, de supprimer la paperasse inutile et de pousser les autorités à conscientiser les employeurs, les directeurs d'écoles, les présidents de clubs de sport et autres à demander moins de certificats inutiles. Un exemple vient de l'actualité récente. Le 12 juin 2021, lors du match Danemark-Finlande en phase de poules de l'Euro de football, Christian Eriksen s'écroule sur la pelouse après un malaise cardiaque. S'ensuit une mobilisation pour conscientiser la population des risques de mort subite lors de l'exercice d'un sport. Et une avalanche de demandes de certificats d'aptitude de la part de directeurs sportifs qui veulent s'assurer que leurs affiliés sont exempts de tout risque. "On ne peut pas faire, pour chaque personne qui pratique un sport, un examen poussé d'aptitude sportive au niveau cardiaque, musculo-squelettique et que sais-je", rétorque Paul De Munck. "Exemple caricatural mais vrai: la demande d'un certificat pour un affilié à un club de pétanque. Quelle est la plus-value du médecin généraliste pour attester qu'une personne peut pratiquer ou non la pétanque? Quand bien même la demande concernerait des sports potentiellement plus à risque, ce n'est pas par le biais d'un certificat d'aptitude délivré au niveau de la médecine générale que l'on va se mettre à l'abri de quoi que ce soit. Cela n'a aucun sens sur le plan scientifique, ni sur le plan épidémiologique."