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Dans les années 1970 et 1980, quelques discours politiques ont pointé le statut très particulier du notaire: une personne menant une activité à l'instar d'un titulaire de profession libérale, tout en assumant en réalité une charge très officielle: n'est-ce pas anormal? Certains ont même proposé que ces tâches soient dorénavant assumées par une administration publique, au même titre que le cadastre, par exemple. La vérité oblige à rappeler que le monde notarial était alors éclaboussé par quelques scandales, et pas seulement financiers, de sorte qu'il était en position de faiblesse face aux critiques. Ces contrariétés contribuèrent sans nul doute au vent de modernisation qui souffla alors sur la profession, attisé par une jeune garde comprenant que l'heure était obligatoirement venue à davantage d'ouverture et d'information. Ce furent les journées portes ouvertes, les communiqués de presse et autres documents explicatifs destinés au public. Ces dernières années virent l'avènement d'outils informatiques tels que Biddit, qui permet des enchères immobilières en temps réel sur Internet, ainsi qu'Izimi, coffre-fort virtuel permettant de conserver gratuitement des documents personnels. Se faciliter la vie: c'est clairement dans ce but qu'a été lancé Izimi, aussi vrai qu'il faut comprendre son nom comme étant easy me, sous une forme plus ludique. "Avec le lancement d'Izimi, (...), les notaires belges franchissent une nouvelle étape dans leur digitalisation et dans l'optimisation de leurs services aux citoyens", proclamait la profession lors du lancement à la fin de l'an dernier. Plusieurs arguments forts à l'appui. La gratuité notamment, et ceci pour tout citoyen. Mais aussi la confidentialité absolue: " Comme le notaire a une obligation d'impartialité et de neutralité, vous avez la garantie que vos données ne seront pas transmises à des tiers et que vous ne serez pas sollicités à des fins commerciales." Traduction, si besoin en était: Izimi, ce n'est pas Facebook! Que placer dans ce coffre virtuel? Contrairement à certaines banques (lire ci-contre), Fednot conçoit son coffre-fort numérique de manière très large. Quelques exemples, au travers des huit catégories de documents prévues: - Données personnelles: acte de naissance, diplômes, testament et volontés de fin de vie, groupe sanguin, permis de conduire, mais également mots de passe et codes d'accès, des données devenues essentielles, (trop) nombreuses et (trop) facilement égarées! - Famille: cartes d'identité (et autres documents) des enfants, livret de famille, mandat extrajudiciaire, contrat de mariage, etc. - Activité professionnelle: acte de constitution de sa société et comptes annuels, préavis, communications importantes avec l'employeur, etc. - Biens immobiliers: acte d'achat et de vente, de location, plans de maison et photos du chantier de construction, etc. - Possessions: titres de propriété, factures importantes, etc. - Mon logement: compromis d'achat, certificats de garantie, documents relatifs au prêt hypothécaire et au précompte immobilier, assurances incendie ou de solde restant dû., etc. - Santé: carte de vaccination, analyse de sang, informations sur la fin de vie, etc. - Finance: documents de sécurité sociale, fiches de paie, etc. Ce ne sont là que des exemples et suggestions, qui illustrent l'ampleur donnée au rôle d'Izimi. Libre à chacun d'organiser ses documents à sa façon, d'autant qu'on peut douter de l'intérêt d'avoir à la fois des catégories "possessions" et "finance". Sur le plan technique, l'accès à Izimi se fait au moyen de la carte d'identité électronique, ou via l'application itsme. On compte plusieurs dizaines de types de fichiers autorisés à entrer dans le coffre, de .ai à. xml, en passant par .doc, .jpg, .mpeg ou encore. zip. Par contre, ce n'est pas possible pour des documents excel protégés par des mots de passe, ce qui mettrait hors course le logiciel antivirus utilisé au moment du stockage des documents. La capacité du coffre était au départ de 200 mégabytes (MB). Très suffisante en principe, puisqu'il s'agit d'y conserver des documents et non d'y transférer Netflix! Il est vrai que certains plans, par exemple, sont fort gourmands quand il faut les scanner. Cette capacité a de toute manière été portée à un gigabyte (GB) et plusieurs gigas supplémentaires sont possibles moyennant paiement. Personne n'y a encore fait appel, nous signale-t-on... Les documents placés dans Izimi sont conservés sans limite de temps. Ou plus exactement: durant toute la vie du titulaire. Après le décès, ils restent disponibles durant 24 mois. Et après? C'est sans nul doute à ce moment-là qu'Izimi trouve une large part de sa justification. Car s'il est important de retrouver ses documents de son vivant, que dire du désarroi des héritiers quand il s'agit de préparer la succession d'une personne plutôt désordonnée? Tous les notaires se souviennent de situations cauchemardesques! Attention cependant: présenté comme parfaitement sécurisé, c'est-à-dire secret pour tout le monde sauf le titulaire, le coffre-fort virtuel ne sera pas accessible aux héritiers, ni même au notaire! Du moins pas sans autorisation explicite du titulaire. Ouvrir ce coffre suppose donc, et cela fait partie des formalités à remplir, d'identifier les autres personnes pouvant y avoir accès: conjoint, héritier, notaire... En sachant que cet accès est global et ne peut être limité à une catégorie de documents, a fortiori à l'une ou l'autre donnée spécifique. Outre l'augmentation de la capacité, un autre développement est récemment intervenu: disponible au départ sur Internet, Izimi l'est aujourd'hui aussi au travers d'une appli. "Si vous le souhaitez, vous pourrez aussi être informé automatiquement des changements législatifs importants qui vous concernent", avait-il été affirmé au lancement d'Izimi. Ce n'est pas encore le cas et aucune date n'est avancée. D'autres développements sont en tout cas attendus.