...

La start-up namuroise Sunrise, qui a lancé récemment un dispositif médical facilitant le diagnostic rapide et à la maison de l'apnée du sommeil, tire son nom du lever du soleil, lequel est porteur d'espoirs. Espoirs renforcés par trois événements qui ont eu lieu depuis environ un an. Le plus récent, début janvier 2021, est l'obtention d'un prix dans la catégorie "santé & bien-être" lors du Consumer Electronics Show (CES) 2021 de Las Vegas, le plus gros salon des nouvelles technologies. Un an auparavant, le dispositif avait fait l'objet d'une publication dans le célèbre Jama 1. Entre les deux, le 17 décembre dernier, en France le collège de la Haute autorité de santé (HAS) s'est prononcé en faveur d'une prise en charge dérogatoire et pour une durée limitée du dispositif dans le cadre d'une étude comparative randomisée multicentrique visant à valider le dispositif par rapport à la polysomnographie en centre et en ambulatoire. Cette étude clinique débutera au deuxième trimestre 2021, et va concerner jusqu'à 6.500 patients. "Le fait qu'un salon grand public remette un prix à une medtech et qu'il nous reconnaisse, c'est super encourageant. Cela valide notre approche et le sérieux du travail fourni, nous offre une visibilité mondiale et la confiance pour continuer à proposer des outils de qualité médicale avec l'ambition de les rendre accessibles à tous", commente Laurent Martinot, patron et co-fondateur de Sunrise. "L'article dans Jama, c'était aussi très important, d'autant qu'il a été co-rédigé par des auteurs considérés comme des sommités mondiales dans le domaine de l'apnée du sommeil. Ils ont validé les performances en termes de sensibilité et de spécificité de notre capteur par rapport au Polisomnography, le gold standard, dans une large population de 376 patients suspectés d'apnée du sommeil obstructive.""L'autre avancée majeure, c'est effectivement l'obtention de l'avis favorable de la HAS. Nous sommes en train de finaliser la discussion avec le ministère de la santé française en vue d'une prise en charge de notre dispositif dans 14 centres du sommeil. Le but est d'aboutir à terme à un remboursement pérenne de notre dispositif par la sécurité sociale."Ces événements, ainsi que la levée de 1,1 million d'euros en 2019 pour le développement de sa technologie et un deuxième tour de table prévu pour la deuxième moitié de 2021, visant entre quatre et cinq millions d'euros pour accélérer son déploiement, sont annonciateurs d'une forte croissance future de la jeune entreprise belge créée en 2015 par les Namurois Laurent et Pierre Martinot qui ont déjà parcouru un fameux chemin. "J'ai étudié le droit, mais après avoir exercé le métier d'avocat pendant deux années, j'ai intégré une medtech dont j'étais administrateur, avec des fonctions variées et la responsabilité du réseau de ventes", raconte Laurent Martinot. "Cela a duré huit ans. En 2015, avec mon frère Pierre, qui lui est ingénieur de formation, nous avons décidé de nous tourner vers l'entreprenariat tout en étant rattrapés par notre contexte familial. Notre père est en effet pneumologue et spécialiste du sommeil. Il nous a toujours sensibilisés aux enjeux du bien dormir, notamment à l'apnée du sommeil, et il avait déjà énormément avancé sur la partie scientifique, en publiant plusieurs études sur le sujet." "Avant la création de Sunrise, ayant constaté que de nombreux patients refusaient d'aller passer une nuit à l'hôpital dans un laboratoire du sommeil, il avait aussi développé une nouvelle manière de mesurer le sommeil. Elle se base sur l'étude des mouvements au niveau du menton."C'est donc tout naturellement que les frère Martinot ont repris la méthodologie de leur paternel et qu'ils ont construit une technologie autour de ses recherches, travaillant sur les aspects liés à l'intelligence artificielle et au software. "Nous nous sommes installés à côté d'un centre d'études du sommeil à Erpent, ce qui nous a permis de rencontrer beaucoup de patients, de comparer les données entre la manière dont nous faisons les choses et la polysomnographie et de valider le fait que le nouveau biosignal est plus précis et plus riches en informations."C'est ainsi que les frères Martinot ont développé un mini capteur intelligent de trois grammes, assez souple, qui se fixe sur le menton. S'appuyant sur des algorithmes d'IA et l'analyse des micro-mouvements mandibulaires produits au cours de nos nuits par la contraction des muscles respiratoires qui sont attachés sur cet os mobile qu'est la mandibule, ce capteur peut identifier facilement les éventuels troubles respiratoires durant le sommeil. "Certifié médical, notre capteur se connecte en bluetooth à un portable", précise Laurent Martinot. "Une fois l'application mobile Sunrise installée, il suffit de scanner le QR code présent sur l'enveloppe du kit et puis de répondre à un questionnaire du laboratoire du sommeil. Avant de s'endormir, depuis le confort de son propre lit, l'utilisateur n'a plus qu'à coller le capteur sur son menton et à lancer l'analyse des données dans le cloud depuis l'application, en poussant sur start.""Le lendemain matin, quelques minutes après son réveil, un diagnostic détaillé et fiable du sommeil est disponible et le patient peut bénéficier des conseils de nos experts. Il a également la possibilité de transmettre un rapport complet à son médecin, qui se connecte à une plateforme sécurisée et obtient ainsi les informations cliniques nécessaires pour, si besoin, engager un traitement sans plus tarder.""L'idée est d'accélérer le traditionnel trajet du patient dans un domaine de la médecine qui en a grandement besoin", assure Laurent Martinot. "C'est même devenu un enjeu majeur de santé publique.""Parmi les troubles du sommeil, l'insomnie est en effet l'un des problèmes médicaux les plus pressants et répandus dans la société moderne. Juste derrière, l'apnée du sommeil est aussi une énorme problématique mondiale, non résolue à ce jour. On estime qu'après 40 ans, 49% des hommes et 23% des femmes souffrent de cette maladie qui reste dans 80% des cas non diagnostiquée, malgré les risques accrus de diabète, de maladie cérébrovasculaire, d'arythmie cardiaque, d'hypertension artérielle ou encore d'obésité qui y sont associés et malgré un risque triplé de décès. De plus, on évalue qu'un patient non diagnostiqué coûte en moyenne 6.000 euros par an à la société, contre 2.000 euros dans le cas contraire."C'est dire à quel point effectivement, le dispositif de Sunrise peut être salvateur. Déjà vendu en Belgique au prix de 89 euros, bénéficiant d'un remboursement de 20 euros chez Partena, on peut le trouver sur la plateforme mHealth Belgium développée par le ministère de la santé qui certifie les applications de santé (voir jdM n°2657) 2. Enfin, dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, sachant que les patients souffrant d'apnée du sommeil semblent être plus à risque s'ils sont infectés par la Covid-19, cette technologie "made in Belgium" est plus que la bienvenue...