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Début juin, Yves Coppieters, professeur à l'École de santé publique de l'ULB, expliquait que les outils de suivi de contacts ne fonctionnaient pas de manière optimale. En cause, notamment, les personnes malades du Covid ne décrochent pas, ou peu, leur téléphone. Emmanuel André, alors responsable du suivi de contacts au niveau fédéral, estimait qu' " en moyenne, chaque malade affirme ou dit avoir eu moins d'un contact rapproché ". Une chiffre jugé trop faible pour un suivi efficace. Christie Morreale, sans commenter directement les propos, a donné les derniers chiffres disponibles : 64% des cas index ont pu être contactés et ont permis d'identifier en moyenne 1,6 personne contact par cas index. " Les différents indicateurs montrent que la qualité du processus mis en place s'améliore de jour en jour, même si une marge de progression est encore possible ", admet la ministre régionale. Des briefings quotidiens et des formations font partie de l'arsenal pour l'amélioration continue du processus. " Ces mesures visent à optimiser le dispositif et à instaurer aussi une relation de confiance. " Une notion primordiale, selon la ministre. D'autres outils sont également en cours d'élaboration, dont une nouvelle stratégie de dépistage. Celle-ci " permettra d'augmenter l'efficacité et la complémentarité du suivi de contact et du dépistage ". En vue, l'élargissement du dépistage. La situation a évolué, admet la ministre. Dont acte. Dès le lendemain, l'application pour le suivi de contacts est sur la table des discussions à la Conférence interministérielle Santé publique, non pas en remplacement du call center, mais en soutien. Les ministres ont notamment discuté d'un projet d'accord de coopération portant sur l'organisation du suivi des contacts. Cet accord, qui doit encore être soumis pour validation finale au Comité de concertation avant de recevoir l'approbation des entités fédérées, concerne à la fois le suivi manuel des contacts et la possibilité de développer une application digitale de repérage des contacts. Concernant cette dernière, " les ministres s'engagent à coopérer le plus possible dans ce dossier, entre autres pour éviter la coexistence de différentes applications sur le territoire belge. Il va sans dire que, si une application est développée, elle devra également être compatible avec celles déployées dans d'autres pays. "" Le suivi de contact via un call center et via une éventuelle application devront obligatoirement être complémentaires ", ajoute Christie Morreale. " Les possibilités de cohérence entre les deux méthodes sont à l'étude. "Quel que soit la méthode employée, la ministre insiste sur l'importance du lien avec les médecins généralistes. " C'est un élément important. Nous avons demandé à ce que ce lien soit renforcé, voire systématisé : le médecin généraliste peut également renseigner des informations au suivi de contacts, car il connaît son patient. On ne peut pas l'imposer, mais on continue d'expliquer que la première ligne est importante et que le médecin généraliste joue dans ce cadre, un rôle fondamental. "La ministre revient sur la notion de confiance pour justifier le choix de ne pas avoir fait appel à la technologie dès le départ. " Sachant que c'est vraiment une question de confiance et qu'on allait peut-être essuyer les plâtres, car on savait qu'il y avait une levée de boucliers d'une partie de la population qui avait des craintes par rapport à l'application numérique, on ne souhaitait pas brouiller les pistes. On ne souhaitait pas non plus commettre des erreurs parce que l'on avait l'impression que l'application numérique en était à ses prémices et que, peut-être, la lancer en pleine période de crise avait moins de sens qu'aujourd'hui. "La ministre avance que la situation est actuellement plus propice. D'une part car il y a une décrue du nombre de cas Covid-19. D'autre part car le pays a pu prendre du recul par rapport à ce qui a été essayé ailleurs dans le monde. " Certaines applications donnent de meilleurs résultats que d'autres. Les académies ont pu produire des analyses. Les institutions qui sont soucieuses du respect de la vie privée ont pu s'exprimer ", explique Christie Morreale. Une situation plus sereine qui amène au débat. " Une discussion sur une application numérique en vue notamment d'un éventuel rebond, qui pourrait s'appliquer d'ailleurs à d'autres types d'épidémies, peut faire sens. "Les Wallons sont-ils prêts pour application ? " Aucune enquête n'a été menée spécifiquement en Wallonie à ce jour ", rétorque la ministre. " Cependant, Test-Achats a interrogé entre le 24 et le 27avril, un échantillon représentatif de plus de 1.000 Belges entre 18 et 74 ans. 58% ont déclaré se sentir à l'aise avec l'idée d'une application qui envoie des alertes en cas de contact, mais ce chiffre tombe à 40% si les données ne sont pas anonymisées. 82% d'entre eux pensent que les données ne pourront pas être totalement anonymisées d'où l'importance d'un cadre juridique strict et qui respecte le RGPD. C'est là l'objet de la réflexion qui a cours aujourd'hui du respect de la vie privée et des impératifs de santé publique. "