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Ce n'est pas un roman. Ou plutôt si, c'est le roman d'une vie: celui d'un inventeur qui a découvert au 19e siècle les propriétés infinies de cette énergie solaire qui semble enfin poindre et commencer à illuminer nos sociétés. Augustin Mouchot, fils de serrurier bourguignon, va en effet concevoir une machine capable de capter les rayons du soleil et la transformer en énergie lumineuse, ceci dans un siècle où la révolution industrielle se couvre de l'ombre noire du charbon. Décoré par Napoléon III, célébré à l'Exposition universelle de Paris de 1878, cet inventeur tenace, monomaniaque, à la personnalité terne malgré son obsession solaire, va connaître la gloire, l'infortune, la solitude, la reconnaissance et l'escroquerie. Mais jamais, dans la misère ou l'opulence, de l'aurore au crépuscule, il n'aura de cesse de dompter l'énergie de l'astre du jour. Miguel Bonnefoy, dans un style vif et imagé qui évoque Les arpenteurs du monde de Daniel Khelmann, biographies romancées et croisées de Gauss et von Humboldt et Le Parfum de Süskind, se révèle un excellent conteur de la vie et l'oeuvre, les deux se confondant, d'un inventeur, d'un savant totalement oublié qu'il réhabilite. Mieux, de par sa plume alerte, il le fait non seulement revivre - en même temps qu'une époque, mais il le... ressuscite.