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Bien qu'il soit plus connu pour sa carrière de cinéaste indépendant, la musique n'est jamais très loin lorsqu'on évoque la figure de Jim Jarmusch. Lui qui a fait tourner John Lurie, Tom Waits, Joe Strummer ou Iggy Pop, a fait appel à la musique de Screamin Jay Hawkins pour son premier succès "Stanger than paradise". Jeune, il fit notamment partie d'un groupe de no wave à la fin des années 70 ("Dark Days"), a formé le groupe de rock Bad Rabbit en 2009. Et, surtout, le réalisateur indépendant a sorti deux albums d'impro avec le joueur de luth expérimental néerlandais Jozef Van Wissem, lequel s'associe à nouveau à lui. Issu de la musique minimaliste, Van Wissem se prend parfois pour un Hollandais volant, utilisant des drones pour obtenir un effet planant, notamment sur "Cleveland", sorte de diptyque dans lequel le luth prend progressivement le relais dans cette longue pièce de 11 minutes, tandis que Jarmusch vient scalper le brouillard électronique originel de sa guitare. "Akron", deuxième pièce tout aussi instrumentale et plus courte - elle ne fait "que" six minutes -, du nom de la ville natale de Jarmusch, voit, sur une sorte de ligne à haute tension électrique générée par sa six cordes, se déployer une variation sur un même thème de Van Wissem à l'aide de son instrument ancien, comme si l'arc électrifié qu la sous-tend servait de portée. Même impression sur "American Landscapes", longue et dernière plage éponyme de plus de 20 minutes, à la fois belle et menaçante, évoquant le "Tubular Bells" de Mike Oldfield et la musique de Neil Young pour "Dead Man", un film de... Jim Jarmusch.