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En bon techno-optimiste, Bertalan Meskó, médecin de formation et fondateur du Medical Futurist Institute, conseille de garder à l'oeil toutes les possibilités futures de formation - qui sait, peut-être deviendrez-vous bientôt un pionner. Les robots de compagnie. Nous n'y sommes pas encore habitués, mais ils seront monnaie courante dans une dizaine d'années, prédit Meskó. En conséquence, il faudra toujours plus de professionnels pour réparer ces gentils toutous quand ils se mettront à soudainement dérailler. Bertalan Meskó brosse le portrait d'une famille qui a commandé un robot à l'apparence humaine, fabriqué sur mesure pour accompagner le grand-père habitant seul dans ses tâches quotidiennes, veiller à ce qu'il prenne sa médication, appeler une ambulance en cas d'urgence ou encore, tout simplement, lui tenir compagnie. Un jour, le robot ne réagit plus et l'entreprise envoie un technicien spécialisé, qui n'a en charge que quelques-uns de ces assistants robotisés. Autrement dit, la demande de robots de compagnie taillés sur mesure ira de pair avec une spécialisation extrême... Nous sommes au beau milieu des années 2020. Christophe souffre de migraine. Il enclenche l'assistance médicale à intelligence artificielle et, après avoir répondu à quelques questions simples, se voit expliquer la cause la plus plausible de ses symptômes. Il sait maintenant où se rendre pour un traitement et une médication. Les chatbots à intelligence artificielle seront présents dans tous les domaines, tout comme leurs concepteurs professionnels. Pour appuyer cette thèse, Bertalan Meskó prend exemple sur DoNotPay, le n°1 de l'assistance juridique robotisée. Celui-ci aide les utilisateurs à rédiger des courriers de réclamation d'assurance, à introduire des demandes de visa de touriste, à poursuivre juridiquement une entreprise ou des autorités locales, à récupérer une somme pour des vacances annulées, ou encore à mettre un terme à une affiliation à un club de fitness. Le futurologue médical imagine très bien ce genre d'assistant dans les soins de santé: pour contester des factures d'hôpital injustifiée, attaquer un médecin, etc. Les coachs de vie existent déjà, certains plus diplômés que d'autres d'ailleurs... La tâche du stratège du mode de vie serait toutefois, selon Bertalan Meskó, bien différente. Selon Deloitte Global, on compterait en 2022 quelque 320 millions de dispositifs portables dédiés à la santé et au bien-être à travers le monde. Un chiffre qui pourrait même atteindre les 440 millions d'ici 2024. Le stratège du mode de vie, si nous avons bien compris le principe, aiderait donc à choisir les dispositifs portables les plus à même d'apporter un changement dans nos vies. Cette personne serait spécialement formée pour garder les gens en bonne santé au moyen d'une technologie digitale adaptée. Nous sommes dans les années 2040. À l'issue d'un grave accident de voiture, un hôpital souhaite lancer d'urgence la création et l'implantation d'un foie. La patiente, Leslie, a marqué son accord et le jour suivant, des cellules souches prélevées dans sa moelle épinière sont transmises au concepteur d'organes. Celui-ci aura quelques jours pour (bio)imprimer en 3D un tout nouveau foie. En 2014 déjà, la compagnie américaine Organovo annonçait avoir procédé avec succès à la bio-impression de tissu hépatique. En mars 2022, elle déclarait être parée à utiliser un tel tissu 3D pour des transplantations. Il existe tellement de patients en attente d'une transplantation d'organe que la demande de bio-impression, et donc de concepteur d'organes, est criante selon Bertalan Meskó. Ce dernier estime que ce choix de carrière serait idéal pour les personnes ayant un background de biologie moléculaire, d'impression 3D et de médecine. Dans sa vision d'avenir, le futurologue de la santé s'adresse aussi aux médecins qui ne doivent et ne veulent pas avoir un contact avec leurs patients. Une vision inspirée par ses propres choix? Bertalan Meskó est en effet un médecin de formation qui n'a jamais pratiqué. Un navigateur de soins est un diagnosticien spécialisé qui n'a justement pas de contact avec le patient, ce dont rêvait déjà Dr House dans la légendaire série TV du même nom. Cette personne collabore avec les prestataires de soins, qui eux donnent l'attention nécessaire et les soins au patient, utilise éventuellement des algorithmes basés sur l'IA, scanne des documents afin de trouver une solution à un trouble rare... La tâche du navigateur de soins consiste à collecter des informations pertinentes et à les envoyer aux prestataires de soins avec les recommandations thérapeutique qui s'imposent. Nous sommes toujours dans les années 2040. Peter a eu un AVC. Son médecin se concerte avec un spécialiste de la gamification sur la marche à suivre. Le médecin souhaite qu'il développe, à l'aide de la RV/RA, un traitement qui permette à Peter de réapprendre à utiliser sa main gauche grâce à un jeu vidéo, dans lequel il doit par exemple grimper au mur, ramasser des pièces... Au cours des jours suivants, le spécialiste de la gamification travaillera donc à l'adaptation d'un jeu existant aux besoins de Peter. La gamification dans les soins de santé existe déjà aussi. Bertalan Meskó cite ainsi Fitbit, qui incite à rester en forme, en se mesurant à ses pairs. Mais l'avenir offre encore des possibilités bien plus complexes de gamification, assure le futurologue. La réalité virtuelle ou augmentée permettra aux spécialistes susmentionnés de développer des jeux sur mesure, dans le cadre d'un plan de traitement. Certaines interventions chirurgicales complexes demandent au chirurgien une préparation poussée. Des organes imprimés en 3D ou la RV/RA pourrait bien leur être d'une grande aide. Dans 20 ou 30 ans, des planificateur RV/RA pourraient ainsi aider les chirurgiens à mieux préparer des opérations périlleuses. Alors que le professionnel de soins expliquera le déroulement de l'opération, le planificateur visualisera les organes et l'ensemble du processus via la RV/RA. Un emploi idéal pour les geeks de la médecine, estime Meskó. Revenons dix ans en arrière, dans les années 2030 cette fois, Emma éprouve des difficultés à se concentrer à l'école, fait preuve d'une hypersensibilité envers son entourage. Sa mère ne sait plus quoi faire: elle ne connaît aucun professionnel de soins, n'a aucune expérience dans le domaine de la psychiatrie ou de la psychologie. Alors qu'elle se met en quête de solutions médicales adaptées ou de thérapies, une publicité Google apparaît sur son écran: "faites appel à un assistant de patient!". L'assistant de patient propose différents trajets de soins. Il dispose d'un background médical poussé, d'une bonne connaissance du système de soins de santé, ainsi que d'un grand réseau. La mère d'Emma est rassurée d'avoir trouvé une personne qui puisse l'accompagner. Meskó se demande pourquoi un tel service n'existe pas encore: où sont les assistants de patients?