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Robert Gunzburg s'est orienté vers la médecine tout simplement pour suivre l'exemple de son père qui, en tant que rhumatologue, avait des horaires confortables lui permettant de préserver sa vie de famille. De grand-père également médecin, il restait dans la lignée de cette profession de père en fils. En sixième année, séduit par son stage en orthopédie, il trouve son orientation. Revenons sur l'homme qui se cache derrière le médecin, celui qui apprécie tant de cuisiner au point de rêver de devenir chef-coq. Tout commence à l'époque de sa vie estudiantine. Il vit alors avec trois autres jeunes en colocation. Très organisés, ils se partagent les jours de la semaine pour assurer l'intendance. Celui en charge du mardi est un très bon cuisinier, celui du jeudi prépare chaque fois du poulet. Il reste donc le lundi et le mercredi, jours qui lui sont attribués. "Je souhaitais vraiment préparer de bons petits plats et surprendre mes colocataires. Défi relevé, puisque très vite le bouche-à-oreille a fonctionné et le cercle de convives s'est élargi. C'est donc bien à cette période qu'a démarré ma vie de cuistot.C'était très amusant. J'essayais d'être inventif à chaque repas même si les budgets étaient toujours assez limités. Aujourd'hui je croise de temps à autres certains copains de l'époque et on en garde tous un excellent souvenir", se remémore le cordon bleu. Quelques années plus tard, alors qu'il poursuit son cursus en Afrique du Sud, Robert Gunzburg valorise, là aussi, ses talents culinaires. Il habite seul dans un petit studio, mais de nature très sociable, il se fait très vite de nouveaux amis qu'il invite avec enthousiasme à venir dîner chez lui. Au fil du temps, son carnet de recettes s'étoffe. En 1984, de retour en Belgique avec sa jeune fiancée, le passionné de cuisine est mis devant le fait accompli: sa future épouse lui exprime clairement que faire les courses et cuisiner ne l'intéressent pas. Ces nouveaux éléments mettent notre cuistot à contribution et tant qu'à faire, s'il doit préparer les repas, autant organiser de grandes tablées avec des amis. Petit à petit, les rencontres se multiplient autour de ce même centre d'intérêt. Jusqu'au jour où un club de cuisine voit le jour. Il y a désormais près de 25 ans que ce club, nommé 'Peace of Cake', existe. Il est composé d'une petite dizaine de personnes issues de mondes différents, toutes animées par la même passion, et entre lesquelles de profonds liens d'amitié se sont tissés. Il y a près de 20 ans, la fille d'un de ses amis lui demande en toute confiance s'ils sont prêts prêts à assurer le catering de son mariage en Dordogne. Cuisiner pour 180 personnes et tout transporter à des centaines de kilomètres, c'est tout autre chose! Qu'importe, le petit groupe est enthousiaste à l'idée et, sans aucune appréhension, accepte de relever ce nouveau défi. "Ce fut une grande réussite! On a eu un peu de stress, certes, mais aussi beaucoup de moments de grande complicité", précise notre interlocuteur. Cette première réussite entraîne d'autres réalisations avec, pour chaque mariage, de nouveaux défis à relever: l'un est entièrement végétarien, l'autre se déroule au milieu des champs, etc. "C'était toujours une partie de plaisir et l'excellente entente entre nous permettait d'affronter toute situation", ajoute le chef cuistot.Parallèlement à ce type d'événements, le Dr Robert Gunzburg organise depuis 28 ans, en collaboration avec le Dr Marek Spalski, le Brussels International Spine Symposium (BISS). C'est un des événements dédiés au rachis parmi les plus attendus en Europe. Ce congrès se déroule chaque année sur deux jours et près de 40 orateurs issus du monde entier y participent. Ils sont particulièrement bien accueillis. "Le vendredi soir, ils sont invités à un 'cheese and wine'chez Marek Spalski et le samedi soir, ils viennent à la maison où mon club de cuisine est à pied d'oeuvre pour les recevoir en bonne et due forme. L'idée est d'offrir un repas de qualité sous forme de tapas originales. La dernière fois, tout le dîner s'est articulé autour de la colonne. Nous avions préparé des mini hamburgers qui représentaient la hernie discale, deux raviolis un peu glissés l'un sur l'autre qui suggéraient le spondylolisthésis, des petits saucissons attachés l'un à l'autre faisant penser à la sténose lombaire,et enfin des crêpes en forme de vertèbres. Mais la cerise sur le gâteau, c'était le dessert: nous avions reconstitué une vertèbre en chocolat blanc, un bistouri en chocolat noir, un coulis de fraise qui ressemblait à du sang et une ostie avec une ligne bleue qui rappelait la compresse. Cela avait l'air tellement réel que les invités en étaient époustouflés, le challenge fut relevé! Le prochain dîner sera lié à la nationalité de chaque orateur", explique non sans fierté le chef-coq. Au fil du temps, Robert Gunzburg a développé ses compétences de cuisinier, au point de vouloir suivre une formation professionnelle. Durant plus de trois ans, le chirurgien s'est donc rendu tous les mardis et jeudis soir à des cours de cuisine. Aujourd'hui, le chef diplômé a décidé d'ouvrir sa table d'hôtes. Cuisiner pour des amateurs de fine gastronomie dans un cadre familial, tel est son souhait. Faire profiter ses hôtes d'un moment délicieux dans tous les sens du terme. Les accueillir comme s'ils étaient ses propres amis dans une ambiance chaleureuse et festive, voilà ce qui anime le passionné. Ne reste plus qu'à trouver un nom, pourquoi pas tout simplement "Chez Robert"?