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Les Conseils médicaux (CM) se déclarent majoritairement favorables (11 voix sur 11 à Saint-Pierre et 15 voix sur 16 à Brugmann) à la mise sur pied de deux réseaux, l'un public et l'autre privé, à côté des deux réseaux bruxellois déjà constitués autour des Cliniques universitaires Saint-Luc et de l'UZ Brussel. Les présidents des deux CM, Vincent Ninane et Jacques Jani, s'étonnent de ne pas avoir été consultés plus tôt sur ce projet politique de grand réseau proposé fin novembre. "Il est regrettable que les médecins de Saint-Pierre n'aient jamais été impliqués dans aucune discussion autour de la constitution des réseaux médicaux", peut-on lire dans le PV de la séance du 17 décembre. Idem au CHU Brugmann où les membres du CM constatent qu'ils "ont été introduits tardivement dans les discussions et n'ont jamais été inclus dans l'élaboration du concept, des discussions et de l'élaboration des textes."Les deux CM sont sur la même longueur d'onde dans ce dossier . "Les deux présidents des Conseils médicaux sont d'ailleurs invités permanents au CM de leur institution "soeur" pour pouvoir faciliter la construction d'un projet médical commun", précise le Pr Vincent Ninane. Le CM du CHU Saint-Pierre souhaite à l'unanimité le maintien "d'un réseau public fort, avec son identité, son statut public, la perspective du maintien d'agréments en son sein et d'activités médico-chirurgicales lourdes". Il s'étonne du manque de soutien et de défense des hôpitaux publics par les autorités de la ville et s'interroge sur leur motivation réelle . Idem du côté de Brugmann. "Il est étonnant de voir que la Ville de Bruxelles ne soutienne pas plus ses hôpitaux publics", remarque le Pr Jani. Pour le CM de l'hôpital de la rue Haute, " le sauvetage financier de l'hôpital Erasme ne peut se faire au détriment des hôpitaux publics dont la situation financière est plus saine. Il a également rappelé au cours de la discussion (avec Etienne Wéry, administrateur du réseau Iris, ndlr) le projet du Ghub, rejeté par le Conseil médical, et qui prévoyait déjà avec le consentement étonnant de la ville, le passage des hôpitaux publics vers une ASBL de droit privé". Les deux Conseils médicaux pointent la sous-représentation des CHU Brugmann et Saint Pierre dans le conseil d'administration et le conseil médical du réseau XXL. Dans le projet actuel, le CA du grand réseau compterait 16 membres dont un de Brugmann, un de Saint-Pierre, un de l'Huderf, un de Bordet, deux de HIS, trois d'Erasme, trois du Chirec, deux administrateurs indépendants (dont un médecin généraliste) et deux membres du CM. "Pourquoi, par exemple, trois pour le Chirec qui n'est pas trois fois plus grand que le CHU Brugmann?", s'étonne le Pr Jacques Jani. Les CM contestent également la règle de calcul qui suggère que chacun contribue financièrement de manière équivalente au fonctionnement du grand réseau alors que la participation aux décisions n'est pas équilibrée et que cette clé de répartition ne tient pas compte du résultat d'exploitation des différentes entités. Les représentants des médecins des deux institutions publiques estiment que sur le plan stratégique il ne serait pas opportun de laisser le quatrième réseau locorégional bruxellois prévu par la loi "libre". "Cela augmenterait le risque de concurrence, d'attractivité et d'un mono-agrément. Le caractère public de cette nouvelle entité resterait peu développé."Quid de la gestion d'un réseau XXL? Pour le CM du CHU Saint-Pierre, la lourdeur de gestion du grand réseau constitue un handicap augmenté encore par l'ADN différent de ses membres. "Au sein des hôpitaux publics, la création politique de structures gestionnaires comme Iris ou le Chub se sont révélées être des échecs par la lourdeur et le coût et n'ont dégagé aucune synergie entre les hôpitaux", soulignent les membres du CM. Le CM du CHU Saint-Pierre estime qu'il serait beaucoup plus logique de s'orienter "vers deux réseaux centrés sur leur mode spécifique de fonctionnement et de passer du temps et de l'imagination à créer ensemble une coupole qui les relie dans l'intérêt de nos patients."En décembre, les professeurs Jani et Ninane ont rencontré le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, pour lui présenter leurs arguments en faveur de la création de deux nouveaux réseaux, entre autres afin de pouvoir disposer d'un nombre plus élevé d'agréments pour les hôpitaux de la sphère ULB. Le bourgmestre avait promis d'organiser avant la fin de l'année une réunion entre les deux présidents des CM, lui, le président du réseau Iris (Renaud Witmeur) et la présidente du CHU Brugmann (Laurette Onkelinx). Les professeurs Ninane et Jani attendent toujours l'invitation. Pour Jacques Jani, il serait inconcevable que le pouvoir politique passe en force sans tenir compte de l'avis des médecins. " On peut espérer qu'en 2021, on puisse avoir plus de démocratie participative", commente le Pr Jani. "Ce serait très particulier de forcer ce mariage alors que l'avis des médecins est diamétralement opposé à celui des promoteurs du projet, que les CM de Saint-Pierre et Brugmann sont sur la même longueur d'onde et que le texte du projet est nauséabond dans sa version actuelle. Il faudrait fortement modifier ce projet XXL pour que les médecins y souscrivent. Personnellement, comme pour le Ghub, je ne suis pas opposé à ce projet pour peu que les partisans du grand réseau fassent des efforts pour revoir leur copie. Dans le cas contraire, la réponse est claire: ce sera non. Les politiciens ont eu le temps pour pouvoir nous rencontrer et nous présenter leur projet. Ils ne l'ont pas fait et ils prétendent ensuite dans la presse que ce grand réseau verra le jour au 1er trimestre 2021. Nos Conseils médicaux sont contre."