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Le mois dernier, des médecins de l'UZ Leuven ont procédé pour la première fois en Europe à une reconstruction mammaire par prélèvement des tissus du corps assistée par robot. Des reconstructions utilisant des tissus du bas de l'abdomen, une technique alternative à la prothèse en silicone, ont lieu depuis longtemps. Mais cela implique des dommages minimes aux muscles abdominaux sur le site de prélèvement. Pour ses promoteurs, cette nouvelle technique assistée par robot réduirait ces dommages au minimum absolu. Après une mastectomie, les chirurgiens plasticiens reconstruisent souvent le sein en utilisant des tissus corporels du bas de l'abdomen. Le tissu est retiré de la zone située entre le nombril et l'os pubien. La peau et le tissu adipeux sous-jacent sont transplantés avec une revascularisation micro-chirurgicale. Traditionnellement, une partie du muscle abdominal droit était sacrifiée afin de pouvoir déplacer le tissu et ses vaisseaux sanguins. Plus tard, la technique a été améliorée et l'arborisation utile des vaisseaux sanguins a été finement disséquée du muscle grand droit pour préserver sa fonction. Pour retirer un vaisseau sanguin du muscle, les chirurgiens doivent faire une incision d'environ six pouces dans la gaine qui entoure et protège le muscle. Cela entraîne un certain inconfort pour le patient, car des dommages à la gaine peuvent entraîner une gêne. "Depuis plusieurs années, nous utilisons une nouvelle technique qui limite les dommages. Deux petites incisions sont pratiquées, une à côté du nombril et une au-dessus de l'os pubien. Les médecins recherchent les vaisseaux sanguins nécessaires au niveau du nombril", explique le Dr Marc Vandevoort, chirurgien plasticien à l'UZ Leuven. " Des recherches récentes ont montré que cet inconfort pouvait être encore plus réduit si une seule incision était pratiquée au niveau du nombril, ce qui est rendu possible avec la chirurgie robotique". Aux États-Unis, un certain nombre de patients ont déjà été opérés avec cette technique et l'UZ Leuven est devenu le premier hôpital en Europe à la pratiquer. "La nouvelle technique assure une rééducation plus rapide et moins de désagréments, comme des spasmes musculaires ou des difficultés à se lever d'une position assise. Avec la nouvelle technique, la quantité de tissu cicatriciel est limitée, de sorte que la rééducation est plus courte et que les patients peuvent reprendre plus rapidement leurs activités quotidiennes." Jusqu'à présent, trois patients ont été opérés selon cette nouvelle technique. Pour le Dr Gaëtan Willemart, chirurgien plastique à l'hôpital Delta (Chirec) à Bruxelles, cette nouvelle technique fait écho au progrès technique de la spécialité. " L'équipe de chirurgie plastique du MD Anderson Cancer Center à Houston au Texas vient de présenter une série de 16 patientes au congrès de l'American Society of Plastic Surgeons il y a deux semaines. Avec l'UZ Leuven, ces équipes font avancer les progrès dans notre spécialité." Mais le spécialiste nuance: " Il faut toutefois pondérer les avantages du robot Da Vinci dans ces prélèvements. Les principaux bénéfices de la coelioscopie robotique sont de réduire les cicatrices de la peau et des aponévroses (feuillet de tissu fibreux qui relie un muscle à son point d'attache) tout en permettant l'accès à un endroit difficile." Dans le cas d'une reconstruction par DIEP, c'est-à-dire l'utilisation de l'excès de peau et de graisse sur l'abdomen pour reconstruire le sein, " l'excision du fuseau cutanéo-graisseux abdominal laisse de toute façon une longue cicatrice au niveau du site prélevé. Reste l'aponévrose musculaire. Avec un robot, il faut au moins trois ou quatre trocarts pour la caméra et les instruments, on ne limite donc pas l'incision aponévrotique à un seul trou." Conclusion du docteur Willemart: " Le robot ne s'indique qu'à des cas bien sélectionnés, avec une anatomie très favorable: une seule arborisation vasculaire qui traverse l'aponévrose et des vaisseaux principaux qui ont un trajet très court dans le muscle. C'est-à-dire que ce sont aussi des patientes pour lesquels le prélèvement du DIEP peut se faire par deux très courtes incisions dans la gaine, de trois ou quatre centimètres chacune: une autour de la perforante, la seconde au-dessus du pubis pour sectionner l'origine des vaisseaux, ce que nous faisons tous depuis plusieurs années." Il faut en outre tenir compte du surcoût lié à la coelioscopie robotique, de l'ordre de 1.200 euros par opération. Sans compter l'amortissement du robot... Pour le spécialiste de chirurgie plastique, les avantages ne sont pas si évidents: " Réduire la douleur et permettre un lever rapide ? Dans cette opération, la douleur principale est généralement au niveau de l'épigastre car on réalise le plus souvent une plicature de ces mêmes muscles pour éviter une convexité disgracieuse qui sinon contrasterait avec un hypogastre rendu plus plat. Éviter la relaxation du muscle qui provoquerait un bombement ? Dans les deux cas, le muscle doit être disséqué pour accéder aux vaisseaux. La dissection classique préserve aussi bien l'innervation et la fonction motrice. Éviter une éventration ultérieure ? Elle reste exceptionnelle lorsque la gaine est refermée soigneusement par un chirurgien expérimenté et non par le junior de l'équipe."