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On peut à nouveau mettre le cap sur les obligations, conseillent ces derniers mois les banquiers et gestionnaires de patrimoine. Non seulement les taux d'intérêt à long terme ont-ils enfin cessé de grimper, mais ils refluent même sérieusement ces dernières semaines: de plus de 3,6% encore au début octobre, le rendement de l'obligation à dix ans de l'État belge a glissé en-dessous de 3% au début décembre. Il ne faudrait donc pas trop traîner... Les obligations ne sont pas seules concernées: le conseil vise en pratique tous les placements offrant un rendement plus ou moins assuré, dont les bons d'État. Ceux à cinq et huit ans que l'État belge vient d'émettre ont pourtant été accueillis très froidement en raison d'un rendement jugé misérable. Cela procède toutefois d'un malentendu: en offrant un rendement brut de 2,9% à huit ans (soit 2,03% net) quand l'obligation à dix ans affiche 3%, l'émission était parfaitement conforme au marché. Mais le public a gardé le souvenir du bon d'État à un an lancé en septembre, dont le rendement net de 2,81% était exceptionnellement élevé. D'où la récolte record! On n'a pas tort, pour autant, de juger le rendement de ces bons d'État faible, car on peut trouver mieux ailleurs. Outre les valeurs immobilières évoquées ci-dessous, il faut tourner son regard vers les fonds axés sur le rendement. Toutes les banques en proposent, qu'il s'agisse de produits maison ou de ceux de quelques grands gestionnaires internationaux. Exemple: le fameux Global Income Fund de la banque JP Morgan. Beaucoup offrent toujours 3, voire 4% net. Comment? En investissant non seulement en obligations, mais également en actions payant un dividende élevé (et historiquement très fiable). Du côté obligataire, ils font une large place aux émissions en dollar, qui offrent des rendements plus élevés qu'en euro, ainsi qu'aux obligations de qualité correcte mais inférieure à celle des États de la zone euro, par exemple. La différence en vaut la peine, mais suppose une bonne connaissance et un suivi attentif du marché: c'est la valeur ajoutée de ces gestionnaires professionnels. Attention: certains fonds de rendement, notamment belges, ont naguère commis l'erreur d'investir dans des titres trop spéculatifs. Résultat: un joli rendement, oui, mais une baisse de valeur du capital. L'investisseur doit donc vérifier l'évolution du cours du fonds avant de souscrire: il n'est pas question qu'il se soit étiolé au fil du temps! Ce n'est pas par hasard si plusieurs de ces fonds axés sur le rendement investissent dans des valeurs immobilières cotées en bourse: en Belgique comme à l'étranger, elles ont subi un véritable krach avec la flambée des taux d'intérêt survenue en 2022. Étrangement, certains banquiers conseillaient encore de les vendre voici quelques semaines, alors que nombre d'analystes les jugent au contraire trop pénalisées et dès lors dignes d'achat. Ceci vaut tant pour une SIR (société immobilière réglementée) belge comme Cofinimmo que pour une valeur internationale comme Unibail-Rodamco-Westfield. La première a pas mal rebondi depuis le plancher de n'a 53,55 euros relevé à la mi-octobre, mais reste très loin des plus de 140 euros du début 2022. Il n'est pas question de viser ce dernier niveau, qui était excessif, mais il y a de la marge. La valeur comptable de l'action est de 103 euros et le dividende pour l'exercice 2023 est attendu inchangé, à 6,20 euros brut, soit 4,34 euros net, ce qui signifie un rendement de l'ordre de 6%. De son côté, le Français Unibail (devenu Unibail-Rodamco-Westfield), numéro 1 mondial des centres commerciaux, a plongé de façon analogue, avant de se redresser de moitié au cours du mois et demi écoulé. Attention: la démonstration est tristement faite que les actions immobilières sont très vulnérables à l'évolution des taux d'intérêt. Pour le pire, mais aussi pour le meilleur espère-t-on en 2024. L'investisseur ne saurait oublier de se diversifier, entre plusieurs SIR et/ou par le biais d'un fonds immobilier international. Les bénéfices des entreprises, qui furent à la peine en 2023, devraient s'améliorer l'an prochain de 8% en Europe et de 12% aux Etats-Unis. Tel est un récent consensus des analystes. À prendre avec des pincettes bien sûr, aussi vrai qu'il n'y a, à l'inverse, pas encore de consensus sur la survenance, ou pas, d'une récession en 2024. Ce qui ferait une fameuse différence! On en retient en tout cas que les entreprises, et donc les actions cotées, ne devraient pas connaître une mauvaise année 2024, de sorte que les investissements en bourse restent à l'ordre du jour. Par le biais de fonds bien diversifiés, y compris à l'international. Aussi vrai que la bourse belge est, hélas, fort à la traîne depuis de nombreuses années, en particulier à l'égard de sa consoeur américaine, et qu'on imagine mal que la situation s'inverse, ou simplement se rétablisse, dans les prochaines années. Un segment est, ces derniers mois, particulièrement mis en lumière par plusieurs professionnels: les small & mid caps, c'est-à-dire les petites et moyennes entreprises. Il s'agit en réalité des entreprises qui ne se classent pas parmi les toute grandes, appelées blue chips. Et c'est l'Europe qui est ici visée. Historiquement et globalement, ces "PME" performent beaucoup mieux en bourse que les grandes entreprises. Depuis la crise financière de 2008-2009, les "grandes" ont progressé d'un peu moins de 200%, tandis que les "petites" se sont appréciées de quelque 330%, illustrait récemment Nelly Davies, gérante chez Tocqueville Finance, à Paris. Pourtant, les PME cotées sont un peu délaissées depuis trois ans, observe-t-elle. Alors qu'elles affichent traditionnellement une prime de 20% par rapport aux grandes entreprises, en raison d'un potentiel de croissance supérieur, elles se retrouvent à présent évaluées de la même manière. La gérante juge en conséquence que le moment est venu de s'y intéresser de près. Elle n'est pas seule. Le gestionnaire allemand DWS vient d'émettre une opinion semblable. Les petites capitalisations européennes sont à la traîne des grandes depuis deux ans, observe-t-il, malgré de bons bénéfices et des valorisations très faibles. "Cela pourrait changer en 2024", estime-t-il. Attention : l'univers de ces PME est très disparate et nombre d'entre elles peuvent évoluer très différemment de la tendance générale. Les choix individuels sont donc fort hasardeux et l'investisseur fera bien de faire appel à un fonds spécialisé. Les placements en actions, obligations ou encore consoeur, ce n'est pas tout. Comment ne pas songer aussi à son logement? Dont une bonne isolation représente à n'en pas douter un investissement judicieux, même si le prix du gaz ne s'est heureusement pas maintenu durablement aux sommets historiques de l'automne 2022. Certes, l'investissement est souvent lourd, mais il est deux arguments financiers qui plaident en sa faveur. Le premier est la relative faiblesse des rendements de l'épargne. Il est vrai que ce n'est plus zéro, ou presque, comme récemment encore. Par ailleurs, l'inflation reflue, de sorte que ces rendements redeviennent positifs. N'empêche: ils ne sont pas mirobolants, loin s'en faut. Le "manque à gagner" que l'on subit en dépensant de l'argent en laine de roche et autres matériaux est donc faible, tandis que les économies réalisées avec une bonne isolation sont conséquentes. La grille élaborée au début de cette année par la CREG et Fortis avançait une différence de près de 3.000 euros par an pour une maison passant de E à B. Et de quelque 5.300 euros pour une maison passant de F à A. Actualisée à 3,2% par an, l'économie se monte, en 20 ans, à respectivement 44.400 et 81.000 euros. En moyenne bien entendu. L'autre argument, c'est évidemment l'émergence de ce fameux certificat PEB, aujourd'hui obligatoire quand on vend un bien. La même grille renseigne une différence de valeur de 48.000 euros entre une maison E et une maison B. L'écart grimpe à 84.000 euros entre une F et une A. Le jeu en vaut-il dès lors la chandelle? Il est impossible d'émettre un jugement péremptoire et général, chaque immeuble étant un cas particulier. Une indication toutefois: nombre d'agents immobiliers signalent que la décote sensible des biens ayant un mauvais PEB attire finalement les acheteurs, car ils jugent rentable d'effectuer les travaux de rénovation. Attention : plusieurs enquêtes ont montré que le niveau de PEB pouvait varier fortement d'un certificateur à l'autre. Il faut y être très attentif et ne pas hésiter, en cas de doute, à confronter deux opinions!