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L'Institut flamand pour la qualité des soins (VIKZ) trouve son origine dans la déclaration de politique générale flamande de 2014-2019. Il a été officiellement créé en novembre 2017, par et pour le secteur de la santé, et est subventionné par le gouvernement flamand. Il poursuit deux objectifs principaux. Le premier: mesurer et suivre la qualité des soins et la sécurité des patients dans différents secteurs des soins de santé flamands. Le second: faciliter la transparence et l'amélioration de la qualité. "Si, au début, nous nous focalisions surtout sur les problématiques de sécurité du patient et d'expérience patient, depuis le covid, les choses ont évolué", explique Svin Deneckere, qui a abordé le sujet le 16 février dernier lors du Cycle de perfectionnement en sciences hospitalières organisé par l'UCLouvain. "Désormais, nous couvrons d'autres sujets, comme les AVC, les soins palliatifs, l'oncologie, la prévention du suicide ou l'usage de benzodiazépines. Notre objectif est désormais beaucoup plus basé sur l'outcome et le process. Le but est de voir où nous pouvons nous améliorer et quels sont les résultats. Cela est utile pour les soignants, pour la mise en place de politiques et pour le bien-être des patients."Le VIKZ est actif dans quatre secteurs: les soins de santé primaires, les soins résidentiels aux personnes âgées, les soins de santé mentale et les hôpitaux aigus et centres de réadaptation. La participation des institutions au VIKZ est pour l'instant volontaire et doit répondre, par le biais d'un accord de coopération, aux principes fondamentaux de l'institut. "Trois points sont réellement importants pour développer des indicateurs, les évaluer et éventuellement publier publiquement des résultats. Premièrement, il faut développer un ensemble d'indicateurs de qualité, avec le secteur, selon une méthodologie uniforme fondée sur des données probantes et une prise de décision approfondie", explique le directeur du VIKZ, qui cite le contre-exemple des Pays-Bas où des centaines d'indicateurs sont développés. "Il faut des indicateurs qui soient des standards internationaux, qui soient basés sur des preuves. C'est ce qui a le plus d'impact sur la qualité. Évidemment, la méthodologie par les preuves doit être accompagnée par une méthodologie basée sur l'humain, ce qui est très important pour prendre en compte le processus de décision, l'implication d'experts, de patients, et du secteur hospitalier au sens large."Deuxième point important: il faut mesurer et faire un bilan des résultats tirés des indicateurs mis en place. L'objectif principal étant l'amélioration de la qualité. Soutenir la transparence publique constitue le troisième point, tant pour informer le citoyen que pour améliorer la collaboration avec le secteurs des soins de santé. Définir et développer des indicateurs de qualité "requiert une méthodologie sérieuse et une importante réflexion sur le processus de décision", explique en préambule Svin Deneckere, qui ajoute que le secteur doit être impliqué à chaque étape du développement. L'objectif est de développer des indicateurs de qualité qui soient, entre autres, valides, fiables, mesurables. Il faut qu'ils soient suffisamment pertinents, démontrent un impact sur la qualité de soins et un potentiel d'amélioration. La première étape pour y arriver: élaborer les indicateurs et un protocole de mesure. "Chaque secteur a, pour y arriver, un conseil consultatif, un forum, un groupe d'experts, l'équipe du VIKZ et un comité de suivi, qui est très important. Chaque étape du développement doit être informée à ce comité de suivi qui doit donner son aval pour pouvoir entamer l'étape suivante."L'étape suivante, justement, consiste à valider les indicateurs par une phase pilote. "Cette étape peut prendre du temps. Durant cette étape, les institutions de soins qui le souhaitent peuvent participer au projet. Notre objectif est de convaincre un tiers des hôpitaux de participer."La dernière étape consiste, après validation des indicateurs, à mesurer et suivre ces indicateurs pour au final publier des résultats. "Durant cette étape, les hôpitaux ont la possibilité de confirmer ou recalculer leurs résultats, et de donner leur aval pour communiquer les résultats au secteur. Ce n'est seulement qu'après validation des résultats et confirmation de l'hôpital que l'institution reçoit un rapport d'évaluation."Au total, ce travail implique entre 100 et 200 personnes. Grâce à cette méthodologie rigoureuse, le VIKZ espère apporter une réponse fondée sur des données probantes aux classements douteux des hôpitaux. "Nous ne classons pas les hôpitaux. Nous montrons des résultats que nous évaluons par la suite. Évaluer les résultats signifie établir une moyenne statistique des résultats des hôpitaux, et situer chaque institution en-dessous ou au-dessus de cette moyenne. Nous ne faisons pas de classement des institutions de 1 à 20."Pour aider à la communication des résultats, le VIKZ a fourni de gros efforts pour développer un nouveau site web: zorgkwality.be. "Cela fait deux ans que nous travaillons pour mettre en place les meilleures technologies, les meilleures fonctionnalités, pour pouvoir présenter les résultats de manière conviviale et compréhensible. Le nouveau site devrait voir le jour en avril."Le site, actuellement déployé en phase test auprès d'une vingtaine d'utilisateurs, proposera un moteur de recherche qui permettra de trouver des informations sur divers hôpitaux et thématiques. "Le patient peut, par exemple, chercher 'cancer du sein' et regarder si des résultats sont publiés, afin de lui-même comparer", détaille Svin Deneckere. "Si le patient désire avoir plus d'informations sur le cancer du sein, sur un indicateur particulier comme la sécurité du patient et comment cet indicateur est développé, mesuré: il peut le faire. Des informations sont également disponibles pour aider à interpréter des résultats. De même, s'il recherche des informations sur un hôpital, il peut les obtenir. Chaque hôpital gère par ailleurs sa propre page, une manière de les impliquer dans tout le processus."Cette approche permet, pour le patient, d'avoir une information claire qui lui permettra de faire un choix éclairé quant à l'endroit où il suivra son traitement. Dans le cas du cancer du sein, par exemple, cela lui permettra de savoir si tel hôpital dispose d'une équipe dédiée au cancer du sein ou non, le volume de patients traités, un pourcentage du nombre de réadmissions, les expériences patients, etc. "Le patient peut sélectionner autant d'hôpitaux qu'il veut pour comparer ces différents items", spécifie le directeur du VIKZ. "S'il fallait retenir les messages clés de l'expérience flamande sur la publication des résultats, le premier serait de développer un ensemble d'indicateurs de base fondés sur les normes internationales. Et de former des patients experts, des experts cliniques, et des experts 'data' pour aider à la prise de décision. Le deuxième serait d'utiliser une méthodologie uniforme, qui peut bien entendu être optimisée: c'est ce que nous faisons depuis dix ans maintenant. Troisième message clé: utiliser un processus décisionnel approfondi et impliquer les secteurs - en l'occurrence les hôpitaux - dans un processus de confirmation avant publication des résultats. La publication des résultats est une étape qui peut s'avérer difficile pour les hôpitaux", conclut le directeur du VIKZ.