...

Le journal du Médecin: Pascal Mertens, vous êtes devenu directeur général de Vivalia l'an dernier. Quels ont été vos principaux objectifs dans cette mission? Pascal Mertens: Le premier objectif de mon mandat, lorsque je suis arrivé, était d'adapter la structure. Vivalia a été constituée en 2009, et avait gardé une structure assez...historique sur son mode de management et son organisation. En février 2023, nous avons proposé un nouvel organigramme. Vivalia est désormais organisée en quatre pôles (hospitalier, extrahospitalier, opérationnel et corporate services). C'est une structure plus cohérente où les responsables de pôles se retrouvent au sein d'un comité exécutif, une sorte de quartier des officiers, où l'on prend les grandes décisions opérationnelles. Cela a permis de professionnaliser la structure, en dotant par exemple Vivalia d'un système d'information hospitalière (SIH). Pour accomplir nos objectifs d'ici 2028, nous avons mis sur pied un plan stratégique baptisé PILOTE (pour patient, innovation, lien, organisation, talent et environnement). C'est une fierté car c'est du home made par le comité exécutif. Derrière ces six mots clés, il y a six thématiques qui vont être déclinées dans les départements des quatre pôles. Cela permet de mettre la maison Vivalia en ordre de marche. Car 3.750 salariés, et plus de 400 médecins indépendants, c'est un fameux paquebot à faire bouger. Alexandre Hebert, directeur général aux affaires médicales: Cela fixe les axes stratégiques, des objectifs sur plusieurs années et, in fine, un cadre, une culture d'entreprise. Cela va permettre de souder l'ensemble des équipes sur un mode participatif. C'est une vision multidisciplinaire qui doit percoler partout au sein de l'institution. Ce sont des termes forts. Si je prends l'innovation, par exemple, c'est une nécessité pour Vivalia qui est située dans un bassin de soins particulier. Nous avons besoin de développer la télémédecine, l'IA, l'HAD pour faciliter le travail de nos soignants et soulager le pan administratif. C'est un plan d'attractivité également que vous mettez en place. Quelle est l'évolution de la pénurie chez Vivalia? P.M.: Au niveau des soignants, la situation évolue positivement. En 2022, nous avons recruté 169 soignants. Au 15 novembre 2023, nous en étions à 195. Nous allons dépasser les 200 engagements en 2023. L'essentiel du recrutement se fait au sud de la province car la problématique de la pénurie y est plus sensible. Le nord de la province, grâce à la proximité de Liège et Namur, a moins souffert. On bénéficie de l'arrivée de soignants français car ils gagnent un bon salaire brut en Belgique et ils sont (moins) taxés en résidant en France. La situation des hôpitaux publics étant catastrophique en France, nous récupérons certains soignants. La situation reste délicate, mais l'année 2023 est positive. A.H.: Du côté médical, on est à l'équilibre. Il y a une petite variabilité entre les sites hospitaliers mais globalement, au niveau du corps médical, on compte autant de départs que d'arrivées sur 2023. Par contre, il y a des points d'attention sur certains secteurs. En termes de dimensionnement d'équipes, le fait d'être sur plusieurs sites hospitaliers nous pose certaines difficultés, notamment pour assurer la continuité avec un nombre restreint de médecins au sein d'un même service. Sur certaines spécialités comme la médecine d'urgence, c'est vraiment critique. Sur d'autres, on est plus à l'aise. En chirurgie par exemple, nous conservons une certaine attractivité. On ne reste pas sans rien faire, on structure, par le biais d'un règlement général médical commun par exemple, on organise des spécialités en associations, ce qui permet de mettre des procédures en place et de favoriser le travail en commun, de se rapprocher. Les urologues vont par exemple s'organiser au niveau de la province pour la garde. Ils montrent l'exemple, d'autres suivront. La transversalité se met en place sur le terrain. C'est très positif, il faut entretenir cela et garder cet enthousiasme.