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Avec ces quatre musées situés en centre-ville (Daily Bul, Centre de la gravure, Kéramis et Le Mill), La Louvière qui s'enorgueillit du titre de Ville culturelle décernée par l'Europe en 2018 (le prix Eden destination européenne d'excellence pour le tourisme culturel), ne pouvait pas passer à côté du centenaire du presque local (originaire de Haine-Saint-Pierre) Pol Bury. Créateur du Daily Bul - mouvement surréaliste espiègle -, en compagnie d'André Balthasar et le concours poétique et bibitif d'Achille Chavée (il s'agissait de buller tous les jours?), celui qui garnit de ses fameuses sculptures hydrauliques deux ronds-points de la ville, se voit aujourd'hui honoré par les institutions muséales et autre de la capitale de la région du Centre. Tissant des liens entre la cité louviéroise et l'artiste, les manifestations du centenaire se répartissent dans les divers lieux de la ville, sous forme de parcours, balade à vélo, voire randonnée en 2CV, et de diverses expositions. Lesquelles se veulent abordables concernant celui qui aurait été centenaire, et accessibles notamment aux habitants d'une commune que Bury décrivait comme la "ville la plus laide après Pittsburgh". Cela tombe bien, c'est la ville d'Andy Warhol, avec qui Bury n'a rien à voir, se montrant bien plus éclectique et moins attiré par le brillant et l'or... Où l'on découvre un Bury marqué par son passage à l'usine Boël et de marteau-piqueurs dans sa jeunesse, durant laquelle il rencontre Achille Chavée et le surréalisme. Un mouvement auquel le jeune Pol adhère dans ses peintures et dessins, bien que le sien se ramollisse peu à peu pour virer à l'abstraction. Celui qui, de manière perpétuelle, était fasciné par le mouvement et dont la remise en question a gardé de son passage chez Cobra son côté enfantin ludique, espiègle, lui qui s'attaquera aussi à la déconstruction de la forme pour aboutir à des plans mobiles abstraits certes, mais pivotants. C'est alors que son art acquiert une troisième dimension, vire à la cinétique, même s'il s'intéresse étalement à la gravure (comme le montrera l'expo du centre du même nom) et ne cessera jamais d'écrire comme le démontre un essai qui parait à l'occasion de cet anniversaire. Pol Bury s'intéressera ensuite au travers de ces sculptures au mouvement en tant que tel, pas celui rapide des futuristes, mais celui lent et aléatoire, visionnaire en fait d'une "slow" attitude à laquelle désormais nous sommes nombreux à aspirer à nouveau aujourd'hui. Mouvement imperceptible, parfois sonore qui devient hydraulique dans l'art urbain ce qui nous ramène aux deux fontaines louviéroises. À l'image de ce plasticien de génie et pas encore suffisamment connu et reconnu en son pays comme ailleurs, la ville de La Louvière rend hommage de la meilleure façon qui soit, en proposent un programme long, qui prend le temps dans un mouvement ralenti, et qui se veut d'abord et avant tout à l'image de Pol Bury... éclectique.