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Le ministre a notamment expliqué que les autorités collaborent, pour la vaccination des groupes à risque, avec les douze centres de référence du VIH et quatre centres de soutien aux travailleurs du sexe. En parallèle, la capacité de test (tests remboursés) est élargie en concertation avec l'Inami. Notre pays a également reçu 3.040 doses d'un vaccin de troisième génération en provenance de la Commission européenne, en sus des 200 doses qu'il avait déjà pu se procurer précédemment. Quelque 30.000 doses supplémentaires ont été commandées et devraient être livrées au dernier trimestre de cette année. Le Dr Boudewijn Catry (Sciensano) a exposé l'épidémiologie de la variole du singe dans notre pays. Il s'agit essentiellement de chiffres encore en évolution, mais où l'on remarque tout de même qu'environ la moitié des cas se concentrent en Flandre, contre environ 10% en Wallonie et plus d'un tiers à Bruxelles. À une seule exception près (notifiée le 10 août), tous les cas signalés concernaient des patients masculins. La transmission se fait principalement par voie sexuelle ; jusqu'ici, nonobstant les inquiétudes à ce sujet, aucun soignant n'a encore été contaminé au contact d'un patient. Certains malades ont dû être hospitalisés (pour combattre la douleur ou en raison d'une surinfection des lésions), mais aucune admission aux soins intensifs n'a été nécessaire. Au moment de la conférence de presse, aucun décès n'était encore à déplorer. "À côté des contacts physiques rapprochés, la propagation du virus peut également se faire par le biais de gouttelettes de salive ou de vêtements, serviettes ou draps utilisés par les personnes infectées", a précisé l'infectiologue Isabel Brosius (UZA). On ignore par contre à ce jour si les patients peuvent déjà être contagieux avant l'apparition des symptômes. Un tableau grippal peut se manifester de 5 à 21 jours après contamination - d'après les statistiques de Sciensano, il serait présent chez environ trois quarts des patients infectés. Des lésions cutanées potentiellement douloureuses suivent quelques jours plus tard. Dans le cadre de la flambée épidémique actuelle, elles se concentrent principalement dans la région génitale, et il arrive qu'elles se manifestent en l'absence de tout syndrome grippal. Dans un certain nombre de cas, la symptomatologie se limite à une inflammation de la gorge, de l'urètre ou de l'anus. L'infection guérit le plus souvent spontanément en l'espace de deux à quatre semaines et les décès sont exceptionnels. On a pu démontrer la présence d'ADN viral dans le sperme, mais sans pouvoir établir jusqu'ici si l'infection est aussi susceptible de se transmettre par son intermédiaire. En guise de prévention, on préconise l'usage du préservatif lors de tout contact sexuel en-dehors du cadre d'une relation monogame. "Cette recommandation explicite (même après guérison) pourrait toutefois s'avérer insuffisante pour prévenir la contamination", commente le Dr Brosius. Parmi les autres mesures utiles, on peut citer la communication entre partenaires sexuels et la vigilance vis-à-vis des symptômes susceptibles de trahir l'infection. Après un contact (sexuel) avec une personne potentiellement contaminée par la variole du singe, il est préférable d'éviter les rapports durant 21 jours. Le Dr Stefaan Van der Borght, président du risk management group du SPF Santé publique, souligne que le médecin de famille reste le point de contact privilégié lorsque l'on suspecte une contamination par le virus de la variole du singe. Il est par ailleurs recommandé aux personnes concernées de rester chez elles ou à tout le moins d'éviter les lieux très fréquentés et, le cas échéant, de couvrir le plus possible les lésions cutanées (pantalon et manches longues). Le masque est préconisé même au domicile et les patients s'efforceront autant que possible de s'isoler dans une pièce séparée. Les vêtements, draps de lits, serviettes et articles de toilette ne seront en aucun cas partagés avec les cohabitants. Ces mesures d'isolement ne pourront être levées que lorsque toutes les lésions auront desséché (ou après un test diagnostique négatif). Sur ordre de l'Inami, les laboratoires sont tenus de fournir les résultats des tests PCR endéans 36 heures. En cas de contamination avérée, le patient est tenu d'avertir toute personne avec qui il a eu des contacts physiques rapprochés au cours des trois semaines écoulées (une période qui correspond à la période d'incubation maximale - voir plus haut), ce qui doit permettre aux individus potentiellement contaminés d'être attentifs aux éventuels symptômes et de se faire eux-mêmes tester sans délai en présence de symptômes suspects. Au vu de nos stocks de vaccins limités, les autorités ont défini des groupes à immuniser de façon prioritaire. La vaccination des personnes ayant eu des rapports sexuels avec des patients avérés (vaccination post-exposition) a débuté au cours de la première moitié du mois de juillet. Idéalement, le vaccin devrait dans ce cas être administré dans les quatre jours suivant l'exposition, mais ce délai peut être élargi à quatorze jours. Le vaccin permet alors de prévenir les manifestations de l'infection ou d'en limiter la gravité. Fin juillet, le risk management group a ajouté à la liste un certain nombre d'autres groupes à risque en vue, cette fois, d'une vaccination préventive ou pré-exposition. Le premier est celui des travailleurs du sexe masculins ou transgenres. La vaccination cible par ailleurs aussi les HSH VIH+ ainsi que ceux qui reçoivent une PrEP contre le VIH, à condition qu'ils aient souffert d'au moins deux IST au cours de l'année écoulée (indicateur de comportements sexuels à risque). Enfin, un certain nombre de doses sont aussi destinées aux personnes qui présentent de graves troubles immunitaires et au petit groupe des laborantins qui travaillent au contact des cultures virales. Provisoirement, tous ces groupes reçoivent une dose unique ; la seconde dose préconisée sera administrée lorsque la commande du quatrième trimestre aura été livrée. Seuls les patients atteints de graves troubles de l'immunité recevront leur deuxième dose selon le schéma recommandé (soit 28 jours après la première). Les personnes qui ont été vaccinées contre la variole humaine dans leur enfance sont considérées comme suffisamment protégées contre la variole du singe et ne seront pas revaccinées.